Hotel Mira surprend son audience avec son nouveau single à paraître le 25 avril, Waste Away. Nous pouvons que nous en réjouir suivant l’engouement qu’a suscité le LP I Am Not Myself à l’automne dernier. Originaire de Vancouver, la formation s’inscrit dans une sonorité indie rock, pop et post-punk. Les accords sont texturés et les mélodies accrocheuses. L’atmosphère musicale qui se dégage de l’album évoque un disco emo où ça groove par la rythmique du clavier, de la batterie, la basse et la guitare.
La plupart du temps, les paroles sont chantées en juxtaposition aux riffs par le chanteur de tête et compositeur, Charlie Kerr. La prouesse de sa gymnastique vocale se traduit par la modulation de sa voix, qui comme une fenêtre ouverte sur sa psyché, transmet l’émotion suivant les paroles qui s’y rapportent. Sa plume imagée, sa fibre artistique et sa théâtralité est d’autant plus spectaculaire en raison de son expérience cinématographique. Dans le titre Dancing With the Moonlight, l’antithèse filée est remarquable. La composition festive se mêle à des textes qui à l’inverse, témoignent d’une détresse évidente. Le procédé surprend par l’insistance que cela apporte au thème: la perte de contrôle. On y développe l’idée que le déni, le lâcher prise et l’acceptation sont des concepts étroitement liés, renforçant le paradoxe. Aussi, vécut en de même proportion, cela accentue le désespoir et l’urgence de se retrouver.
C’est d’ailleurs avec beaucoup d’humilité que Kerr fait part de ses doutes. Il observe un désengagement autour de lui. Il a bien connaissance de ne pas être le seul à avoir du mal à s’y trouver et c’est plus déroutant qu’encourageant. Ainsi, il décrit, avec cynisme, notre proportion à faire abstraction de nos ressentis. Cela se manifeste au détriment de gains de courte durée, qui deviennent insignifiants dans la mesure où l’artifice brille pour aussitôt regagner l’obscurité. En suggérant que nos schémas de comportements peuvent parfois être à l’origine même de ces facteurs d’entretien, l’artiste démontre une belle capacité d’introspection.
Pour conclure, cet album m’apparaît excellent par son caractère universel, sa cohérence et sa poésie. On ne peut que soulever, si ça se trouve, l’achèvement de l’album comme la réponse symbolique à la quête initiale, soit celle de se retrouver suivant une stratégie d’adaptation constructive qui correspond à nos forces et nos intérêts.
4.5/5