Découvrir un nouvel album de Rammstein c’est à la hauteur d’une première expérience intense, comme un premier cuni réussi dont la sensation saurait se renouveler à chaque fois, comme le frisson des mains sur le guidon de la première moto, comme la première vraie taffe sur une clope avec cette sensation de brûlure légère et libératrice. En entrant dans la dimension de la liberté de tes sentiments, de tes pensées et enfin de tes actions, cette impression de grandeur naissante dans ton corps qui t’appartient enfin, alors que cela n’est sans doute qu’illusions.

Les 11 titres s’emboîtent parfaitement, même si parfois Till Lindemann semble avoir glissé sur le vocaliser de Cher… Le groupe, à présent mythique, que cela nous plaise ou pas, continue à tenir le gouvernail de la dénonciation des dérives de nos sociétés modernes, de l’apparente maîtrise de nos corps avec ‘Zick Zack’ au temps qui passe trop vite pour tout ce que l’on aurait pu faire. En fin d’album, un air que le public pourra aisément scander dans les stades et les salles de concert. Cela dit, ‘Zeit’ (le morceau, pas l’album) est également en lice pour devenir un hymne connu. Les fans départageront pendant leur temps libre, en plein boulot et même à la place de leur sommeil sensé être réparateur…

Avec une imagerie toujours heureusement provocatrice à bon entendeur et une énergie intacte bien que l’on appréciera une trame de fond de maîtrise de leur art, certainement un cadeau de leur expérience. Aucune crainte à avoir ! Saute sans retenue dans ce gigantesque bourbier qu’est la prose et les douces mélopées de ces représentants de la grande Allemagne. Ce sont toujours de bien meilleurs porte-étendard de leur culture que ne pourront jamais l’être leurs représentants élus. Pour les initiés, tout ce qui fait Rammstein et qui a construit son univers est à nouveau présent sur cette galette aux abords bling-bling parfumée de strass et de paillettes. Je me demandais non sans angoisse si le dernier morceau intitulé ‘Adieu’ est un véritable au revoir ou si c’est juste pour terminer l’album.

Non, ils ne peuvent largement pas tout avoir dit, ils sont bien plus créatifs que ça, faut pas déconner… Ce qui est regrettable, c’est qui leur faudra maintenant plus de 2 heures de show pour rassasier les fans… J’espère que les tourneurs, managers et même Rammstein eux-même y ont pensé. De toute évidence, la qualité de l’art ne peut pas se dissocier facilement d’une envie et d’un amour de la représentation intense et puissante.

J’ai assisté un jour à un concert de Rammstein bien plus court que tous ceux que j’avais eu la chance de partager. La frustration était alors perceptible autant dans le public, bien qu’averti, que sur scène entre les membres de ce fabuleux phénomène. La preuve, s’il en est, que Rammstein est un authentique culte à l’instar de Ozzy, Motörhead, Kiss ou encore Metallica pour ne citer que ceux-là.

Le metal fait partie de ces styles de musique qui transcendent les sens, qui fabriquent une religion et donc un culte avec des adeptes plus que des fans, avec des codes plus que des modes. Bravo à Rammstein qui côtoie maintenant les noms qui ont donnés et qui donnent encore leurs lettres de noblesse à notre chère musique. Oui, certes, certains seront sans doute interpellés par les choix artistiques de cet album par moments, mais n’est-ce pas là le propre de ce groupe ? Sans surprise le public serait honnêtement déçu. Comme si Alice Cooper ou Marilyn Manson s’assagissaient ! Du coup, plonge dans ce nouveau merdier à genoux joints, croque dans cette splendide bratwurst et profite d’un instant de grâce une p’tite mousse à la main. Sinon… Ben, sérieusement pourquoi avoir lu ces élucubrations jusqu’au bout? [CBB]

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Note : 5/5