Le temps est très triste en ce 20 décembre 2019 sur la Zone Industrielle de Sion. Le brouillard est bien bas et la pluie commence à tomber sur la cour aménagée en petite place de concert extérieure. On dirait que le Valais s’est assombri pour mieux ressembler à la Ruhr, berceau allemand des usines d’acier et de métal, lieu d’origine de UDO Dirkschneider.L’ambiance est posée et l’association Rockin’Valais est fine prête pour accueillir le ‘’STEELFACTORY TOUR’’ d’ U.D.O. Tout un programme…métallique à souhait !
Les membres du comité de l’association Rockin’Valais sont concentrés, souriants et plus détendus que lors de leur 1er concert en fin 2018 où le bus de CoreLeoni avait été bloqué à la douane allemande ! Cette année U.D.O. est déjà arrivé en Valais la veille.
On nous permet d’assister au soundcheck, sans photos, sans film (quel dommage…). On se retrouve donc devant la scène, une petite équipe de bénévoles, le comité, les amis de l’association et la presse. Les premiers riffs de guitares claquent pour tester les amplis. On reconnaît tout de suite les fameux riffs d’Accept, lorsque soudain le boss UDO débarque sur la scène, grincheux, en grommelant. L’homme ne semble pas content du son de ses guitaristes et leur demande d’effectuer quelques réglages qu’ils exécutent aussitôt ! Voilà, le band est prêt et attaque un bon vieux morceau d’Accept. Le son est déjà là ! UDO pose tranquillement sa fameuse voix dessus et tout le petit monde, dans cette fosse encore dégarnie, se regarde, les poils dressés sur les bras, les yeux brillants et des sourires qui en disent long. Cette soirée – sold out depuis des semaines – s’annonce d’ores et déjà comme une réussite !
Le soundcheck continue avec les plus grands titres d’Accept : Metal Heart, Balls to the Wall et autre Princess of the Dawn…génial ! Quel privilège d’entendre ces morceaux qu’il ne joue plus que très rarement en public. La session se termine sous les applaudissements nourris de chanceux n’ayant pas osé faire un seul bruit entre ces morceaux mythiques.
Suite à ce moment d’anthologie, tous les amis de l’association Rockin’Valais sont conviés en backstage pour un petit ‘’Meet &Greet’’ en compagnie des musiciens et de la star UDO. Un moment très sympa où il prend un instant avec chacun, signe des autographes, pose pour des photos et reçoit même un cadeau d’un fidèle fan de la région. (De bons produits valaisans)
Le ‘Meet&Greet’ terminé, UDO doit aussi donner une interview exclusive au ‘Daily Rock’. Dans une petite salle du backstage, nous l’attendons fébrilement : on a tout entendu sur lui ! A quelle sauce va-t-on être mangés ? UDO débarque, nous salue chaleureusement et s’installe face à nous. PiDa cause pendant que David et Eric photographient. Et la magie de Noël opère : c’est un entretien très cordial où UDO sourit souvent et rigole même quelques fois.
A 20h précise, les Russes d’Amalgama prennent possession de la scène sédunoise. On a droit à du pur heavy metal des 80’. Tous les codes du genre y passent, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. L’homme derrière le clavier est affublé d’un horrible masque de clown. (Flotter en bas avec lui…non merci !) On ne comprend pas bien le délire. Surtout qu’au show lui-même, cela n’amène strictement rien ! La voix du chanteur n’est pas foncièrement mauvaise et le déficit de justesse est noyé par dame réverbe. Ce frontman est un mix entre Klaus Meine (Scorpions) et Eric Adams (Manowar).
Les titres s’enchaînent plus ou moins bien, mais l’ensemble du concert nous paraît quand même assez poussif. L’indispensable ballade des familles, avec trois accords et son lot d’arpèges est aussi de sortie. Les lumières sont à l’image du concert : un peu ternes ! Cela doit d’ailleurs occasionner quelques gouttes de sueur pour Eric, le photographe du soir. Soudain, regain d’intérêt lors d’une reprise : Highway to Hell ! Le tempo légèrement plus élevé que d’habitude donne un nouveau souffle à ce concert. Cette prestation en demi-teinte d’Amalgama aura eu le mérite de chauffer la foule pour le concert qui s’en vient.
UDO fait son entrée à 21h15 précise. La plage une de Steel Factory, Tongue Reaper nous décoiffe d’entrée de jeu. Tout paraît bien en place, comme si nous étions déjà au trois ou quatrième morceau du concert. Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que le son tutoie l’excellence. Puissant et clair à la fois ! Qualités qui ne sont pas l’apanage de bien des concerts de métal. Petit saut de puce dans le temps de la part de la légende allemande avec Pain (2015) et Wrong Side Of Midnight du très bon double album Mastercutor Alive (2008). Comme on dit dans le jargon « ça déroule » ! Sven, le fils de Udo, est un batteur d’une puissance phénoménale. Il conduit parfaitement les autres musiciens. Gageons que la forme géométrique préférée du bonhomme doit être le carré ! Les deux guitaristes Andrey et Fabian font preuve d’une belle complémentarité. Leurs harmonisations font mouche. Pour les plus curieux d’entre vous, Fabian (27) sortira son premier album solo en 2020.
Le concert se poursuit sans compromis. On est venu pour du métal et rien d’autres (la bière peut-être). UDO tient parfaitement son rôle de leader. Malgré les quelques coups d’œil sur son prompteur, le bientôt septuagénaire échange des regards avec son public qu’il affectionne et respecte tant. L’excellent jeu de lumières nous permet de capter de beaux moments de complicité entre les différents musiciens sur scène. Independance Day (1997), In The Darkness (1987), les titres exécutés ce soir sont de vraies montagnes russes sillonnant les trente dernières années. Pour couronner le tout, le groupe effectuera deux rappels de deux titres chacun, dont le génial Animal House. Ce sont sur les notes de Queen et de son Show Must Go On que le combo prend congé de nous. Il est 23h. Maître-mot envers UDO : reconnaissance. Quel concert, quel voyage !
L’Association Rockin’Valais a offert à son public une soirée de qualité. Après la première édition en 2018, le comité a de nouveau vu juste et fait juste. Relevons ici les nombreuses améliorations apportées à cette édition. Le public est choyé par des bénévoles au petits soins et nous, membres de la presse, sommes accueillis comme des princes. Nos vifs remerciements aux organisateurs et bénévoles.
Et puis, notons aussi l’ambiance bon enfant et convivial de l’événement. Bien loin du gigantisme de certains concerts organisés par des experts financiers pour qui l’argent compte plus que la musique, Rockin’Valais nous offre sur un plateau de l’authenticité, de la proximité, de l’enthousiasme et de la passion. Et tout ça, ça fait fucking du bien !
Texte: PiDa et David Bétrisey
Photos: David Bétrisey