Sur ‘What The Dead Men Say’, les Américains ont trouvé leurs marques. En ligne directe avec ‘The Sin And The Sentence’, ce nouvel opus est sombre, torturé, et plus puissant que jamais. Corey Beaulieu (guitares) se prête au jeu des questions.
Comment se passe ta quarantaine ?
Oh tu sais… Je m’habitue gentiment. Mais soit je suis en tournée, soit je reste à la maison et ne fait rien. C’est une routine qui ne change pas. Mais bon, pas moyen de voir tes potes ni d’aller voir des concerts, il faut trouver de quoi s’occuper, mais j’ai pas mal de trucs à faire à la maison !
Beaucoup de groupes font des livestreams, mais vous le faites depuis un moment. Vous voyez ça sous quel oeil ?
Oui, on est sur Twitch, on a enregistré des lives et streamé en direct, c’est cool de créer une communauté ainsi. Nous avions des grands plans de jouer l’album sur Twitch le jour de sa sortie, mais vu que nous ne vivons pas dans la même région, tout est un peu flingué maintenant. Nous avons changé notre approche pour sortir cet album, mais ouais on a plein de trucs prévus en matière de livestream. C’est génial d’être aussi interactif. Matt va faire un Twitch tout seul. Les gens cherchent quelque chose de différent vu qu’ils ne peuvent pas aller voir de concerts et qu’il n’y a plus d’interaction physique. J’ai l’impression que les gens cherchent cette proximité via le virtuel. C’est intéressant.
Et votre nouvel album est le plus ambitieux que j’aie entendu !
On essaie toujours de faire du mieux que nous pouvons. On veut faire de la musique qu’on aime créer et jouer. Il faut toujours que nous soyons totalement heureux avec ce que nous avons, sinon le public ne répondra pas présent. Il y a cet instinct primitif qui te dit ‘ça va marcher’, et j’ai vraiment ça maintenant, si nous sommes heureux, les fans seront heureux. C’est du pur Trivium et plus encore. Après il y a toujours des gens qui diront mille et un trucs sur quelque chose de nouveau.
Les titres sont sombres, la mort, la maladie, les catastrophes.
Cela se développe assez naturellement. Quand j’écris, j’ai souvent un titre en tête, en rapport avec un état d’esprit. Paulo prend ce titre de démo et pose des paroles dessus, c’est génial comme processus de création. On a passé trois ans sur cet album, trois ans sur beaucoup de choses se sont passé. J’ai répandu les cendres de mes grand-parents , on a euthanasié notre chien, mon ami a eu des jumeaux récemment, tout fait partie de notre vie privée, mais aussi de notre vie de groupe. La vie est un processus créatif.
Vous deux albums sont très similaires en matière de son. Vous avez trouvé votre patte ?
On était tous si jeunes quand on a commencé ! On se cherche beaucoup, individuellement, on a signé chez Roadrunner quand j’étais encore à l’université, et joué dans des pubs où nous n’avions pas le droit d’être car on était sous l’âge légal de boire ! Quand tu es jeune tu veux essayer des trucs, mais on a grandit, vieillit, et on s’est beaucoup remis en question : ce qui marche, ce qu’on chercher à faire, et ce qu’il n’arrive pas bien à faire. On en a tiré l’essence de tout cela afin d’affiner notre travail. Les gens sont plus intéressés par une certaine partie de Trivium, et c’est cool d’expérimenter, mais les fans perdraient trop le fil si l’on s’éparpillait comme à l’époque. C’est la première fois que nous sommes assez linéaire, donc assez réconfortant, et tu crées une relation plus facilement car tu te sens en terrain connu.
‘Catastrophist’ pourrait être un clip issu de Black Mirror !
Je n’y ai jamais pensé ! On a une idée en tête de ce que l’on aimerait faire, et ici on voulait que le réalisateur, Ryan Mcfall, se sente libre de faire ce qu’il veut en ligne avec notre son. Ici, il avait une idée assez claire de ce qu’il voulait faire visuellement. Il nous lance toujours des idées de shows ou films, je t’avoue que je n’ai jamais vu Black Mirror, mais c’est probablement un exemple de ce qu’il cherche à faire. Je trouve ça assez cool d’avoir un univers visuel créé avec juste un son. Nous sommes à Orlando, notre réalisateur est en Angleterre, donc c’est assez réjouissant de ne pas avoir de contact visuel avec ce qui se passe ! C’est une surprise qui rend le tout très frais. Et avec la situation actuelle, il faut penser à des choses à réaliser sans contact humain.
Cela m’a fait penser à ce que les femmes doivent endurer au quotidien.
Oui, confronter des obstacles, ce qui t’arrive dans la gueule. Et tu as le choix, soit t’échapper de cette situation, soit l’accepter. Que ce soit pour les femmes, ou pour n’importe qui dans une situation, financière, amoureuse, il y a beaucoup de choses dans ta vie qui te confronte. C’est ce qui nous rend humain. J’espère que les gens se sentiront touchés par ce message.
Sur ‘What The Dead Men Say’, on voit une femme qui chuchote à l’oreille d’un homme. Elle lui dit quoi ?
Oh ! Je ne l’avais jamais remarqué ! (rires) – Ryan a fait cette vidéo quand la quarantaine commençait, c’est pour ça qu’il y a plein de masques et pourquoi nous ne sommes pas dans le clip : nous ne pouvions pas être présents. Le titre vient d’une histoire de Philip K. Dick, il est très futuriste, et a plein d’idées cool. Ce que disent les morts, c’est que tu ne sait jamais si tu es vivant ou mort, et que tu existe dans cette constante ubiquité.
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