Montréal a eu l’honneur et le plaisir vendredi dernier de recevoir le groupe mythique Tool, qui n’a pas mis les pieds dans notre métropole depuis près de 10 ans. Suite à l’annonce d’un 5e album, le quatuor fait une tournée, 11 ans séparant cet album à venir de leur dernier, 10 000 Daiys. C’est donc pour revisiter leurs vieux matériels et préparer les fans que Tool remonte sur scène.
C’est dans un centre Bell plein à craquer, de gens affichant sourire sur leurs visages, que la formation a débuté. L’ambiance avant le spectacle est électrique. Tool débute sur un fond de premier abord sobre, devenant de plus en plus psychédélique et élaboré au fil des pièces. Maynard James Keenan, reconnu pour sa misanthropie, s’adresse d’abord à la foule avec une excuse à saveur politique: «sorry for our country, we’ll fix it». Et restera dans l’ombre, de façon mystérieuse, sur fond d’un décor changeant aux couleurs bleu et rouge.
Les musiciens sont restés statiques pour l’ensemble de la prestation. Le chanteur restant dans l’ombre pour l’entièreté du spectacle, malgré l’anticipation des fans de le voir s’avancer. Celui-ci arrive sur scène avec un costume d’anti-émeute policière, qu’il changera pour la dernière partie du concert, donnant un ton politique sous-jacent à la soirée. L’aspect politique du groupe sera repris à quelques occasions entre les pièces, notamment le peu de fois où Maynard James Keenan s’adresse à la foule. Par exemple, en invitant la population à s’éduquer, à ne pas suivre et croire aveuglément l’information qui nous est amenée par les médias sociaux. Tool met aisément le ton pour une ambiance sombre et lourde qui demeure cependant changeante au son des différentes pièces, certaines étant plus légères. La formation interprète sans erreur l’entièreté des chansons, avec un seul bémol au niveau du vocal, qui parfois trop faible, avait de la difficulté à se faire entendre.
Malgré l’aspect effacé, le leader attire tout de même l’œil, mouvant telle une créature dans l’ombre en utilisant le fond aux images changeantes pour bouger avec lui, comme s’il en faisait partie. Sont immobilité évoque quelque chose de fascinant, de surréel alors qu’il demeure le seul membre du groupe à ne pas être éclairé. Pour les fans vétérans, cette mise en scène n’est pas surprenante. Tool étant connu pour mettre l’accent sur la musique et les effets spéciaux, plutôt que sur les musiciens eux-mêmes. Il s’agit d’un concert où le spectateur doit s’attendre à s’imprégner de l’ambiance de la foule, des stimulations auditives et visuelles plutôt que de l’énergie du groupe. Les décors changent, représentants parfois des vidéos mettant en scène des personnages humanoïdes, des images étranges voir dérangeantes. Parfois des paysages, des couleurs, des formes qui bougeant en tempo avec les chansons et forment une entité où il est facile de s’y perdre. Sommes toute, le sentiment final est un mélange d’incrédulité devant cette mise en scène impressionnante et le peu de lien établi entre la foule et le groupe. L’énergie de la foule est inégale, tout de même symétrique aux chansons choisies. Celles-ci diffèrent beaucoup en intensité et parfois s’étirent en longueur. On sent à quelques reprises la foule s’impatienter, puis revenir avec ardeur selon les titres interprétés par le groupe. Ceux-ci reprenant les succès des différents albums Aenima, Lateralus et 10 000 Days, en occultant complètement Undertow.
Il faut mentionner que Tool a ses particularités scéniques qui leur sont propres, et ils le rendent bien au public. Parfois créant une incertitude chez les fans sortant du centre Bell, à savoir s’il, Tool répond aux attentes ou non. Ce qui est par contre unanime est que Tool ne laisse personne indifférent. Il suffit de prendre place et se laisser guider par les sons et les images, c’est le groupe qui, décidément, choisit où il veut amener son public.
Texte: Stéphanie Huot
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