THIBAULT CAUVIN – L’amour aux quatre coins du monde

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Le guitariste originaire de Bordeaux n’a pourtant pas gardé les pieds sur sa terre natale ! En voyageant aux quatre coins du monde, il s’est retrouvé l’un des meilleurs guitaristes classiques au monde, avec un palmarès étonnant, dont plus de mille concerts dans 120 pays, et 36 prix prestigieux. Thibault sera l’ambassadeur du MIGS 2022 et nous proposera un programme incroyable !

Tu as commencé ta carrière de guitariste en 2014.
Thibault Cauvin : En fait j’ai commencé la guitare à 4-5 ans, mes premiers concerts à 12-13 ans, et j’ai 37 ans ! Donc oui, ma carrière de  »fou » a plus de quinze ans, mais j’ai toujours baigné dans la musique.

… Et 1000 concerts en 120 pays !
Thibault Cauvin : C’est fou ! Ce que j’aime c’est les contrastes, la diversité. Jouer au théâtre des Champs-Elysées avant de jouer dans une petite ville, c’est grands contrastes. J’ai joué en haut de la Tour Eiffel, dans des ruines Incas, dans le Cité Interdite… Mais j’aime surtout ces petits lieux intimes et ces énormes salles.

Tu as aussi gagné 36 prix !
Thibault Cauvin : Celui qui m’a le plus marqué c’est celui que j’ai gagné à San Francisco. J’avais 19 ans, et j’ai gagné le Guitar Master Competition. Ils ont invité les guitaristes qui avaient gagné le plus de prix ces cinq dernières années, c’était comme une grande finale mondiale. Là, il y avait un Polonais de dix ans de plus que moi, qui m’émerveillait. Je le trouvais imbattable… Et je l’ai battu à San Francisco ! Il a eu le deuxième prix, moi le premier.

Quelles sont tes influences les plus fortes ?
Thibault Cauvin : Je joue de la guitare classique, mais j’aime qu’elle soit coloré de rock, de jazz, de musique du monde. Mon père vient du rock, de la guitare électrique, qui a ensuite bifurqué vers le jazz. À 30 ans, il est tombé amoureux de la guitare classique. Il m’en a tendu une quand j’étais tout petit, mais avec cette philosophie d’amour des guitares de manière universelle. Toutes les guitares nourrissent mon jeu, de la flamboyance du flamenco au son intense des guitares rock. Mais les voyages m’influencent aussi. J’ai joué dans plus de 120 pays, j’ai entendu des guitares au quatre coins du monde… Mais aussi ses dérivés et ses autres techniques. J’essaie que ma guitare soit moderne, ouverte sur les styles et sur le monde.

Que penses-tu des guitaristes français ?
Thibault Cauvin : La France a sûrement certains des meilleurs guitaristes au monde. L’Italie aussi, il y a eu la grande époque espagnole, la grande époque sud-américaine, mais aujourd’hui il y a une grande époque en France, en Italie, la Pologne, je trouve le niveau européen très fort.

Quelle fut ta première guitare ?
Thibault Cauvin : Celle de mon père ! Elle était trop grande pour moi, j’avais l’impression d’avoir un meuble dans les mains ! Les premières notes furent sur celle-ci. Je ne me souviens pas de la marque. J’ai une guitare d’un luthier bordelais, Jean-Luc Joie, dont je suis très proche. J’ai une guitare classique amplifiable, qui me permet de jouer dans de grandes salles. J’ai pu jouer devant 40’000 personnes dans une plage, ou avec M dans des arenas…

Comment c’est de travailler avec la grande star qu’est M ?

Thibault Cauvin : C’est passionnant ! Il a plein d’idées, c’est aussi un excellent guitariste. Ce qui m’impressionne, c’est son talent pour créer des univers qui vont bien au-delà du concert. C’est une expérience, chacun de ses disques est un univers qu’il crée, visuel, expérimental. Il m’inspire beaucoup.

Photo : Louis Lepron


Quels modèles aimes-tu le plus ?

Thibault Cauvin : Je joue avec les guitares de Jean-Luc Joie depuis mon adolescence. C’est un des plus grands luthiers au monde de guitares classiques. Il est très attaché à la tradition, au choix des bois, au côté artisanal. Mais il a un besoin d’expérimenter, de chercher, d’évoluer. Je partage sa philosophie avec mon jeu de guitariste. Il me propose toujours de nombreuses guitares, toujours plus performantes. La dernière guitare, celle amplifiable, a tous ses amplis cachés, elle est HF, l’effet est formidable !

Tu es prof de guitare, tu formes des jeunes ?
Thibault Cauvin : Pendant plus de quinze ans j’ai vécu dans des chambres d’hôtel ! Je n’avais pas de possibilités d’enseigner dans une école, peut-être quand je serai plus âgé. J’adore donner des masterclass par exemple ! Je vais en faire au MIGS. J’aime ce genre d’échange.

Tu aurais un conseil pour un guitariste ?
Le pus beau conseil est de jouer pour les gens. Je suis souvent confronté à des guitaristes qui jouent très bien, mais qui ne donnent pas de concerts. Ils bossent dans des conservatoires, ou font des auditions, c’est très austère, il n’y a pas d’échange ou quelque chose de familier. Enfant, je donnais des concerts tout le temps. Je pense que quand on joue pour deux personnes, même pour ta mère, jouer 4 minutes devant un public c’est déjà un concert. Si tu t’habitues depuis tout jeune à ce rapport avec le public, cet amour de jouer pour les autres, on a le même effet lorsque l’on joue devant un large public que lorsque l’on joue devant sa grand-mère ! C’est naturel, fabuleux. C’est le conseil pour tous les artistes au fond, même les réalisateurs, faire un petit film avec leur téléphone portable, c’est déjà un projet. J’invite tous les artistes à confronter leur art au public.

Je viens du Chili. Toi, tu as parcouru le monde, et tu as même joué dans ma ville natale !
Thibault Cauvin : J’adore le Chili ! Il y a des pays où tu arrives, mais tu te sens presque comme à la maison, où tu n’as pas envie de partir. C’est le pays d’Amérique du Sud où je me suis senti le plus chez moi. La salle était très belle, j’en garde un excellent souvenir.

Et la Suisse ?
Thibault Cauvin : C’est toujours un bonheur de jouer pour le public suisse. Je vais jouer au festival de Cully, puis j’ai l’honneur d’être l’ambassadeur du MIGS où je vais donenr deux concerts, qui invite au voyage, puis un spectacle plus intime, celui de Léo Brouwer, qui sera beaucoup plus expérimental. Cela va être un super moment, j’en suis sûr. J’ai aussi sorti un livre, “A cordes et à coeur” aux éditions du Rosset, qui est mon autobiographie de mes quinze années de nomades, et mon adolescence où je passais dix heures par jour. C’est un livre de confidence et je suis très heureux qu’il sorte maintenant. On s’y retrouve là-bas!

Site : Thibault Cauvin // Concert : Samedi 30 avril -18h00 / Dimanche 1er mai – 16h30 – Salle de concert du MIGS

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