Il y a ce qui parait être une éternité, une époque durant laquelle Therion était devenu, vers a fin du millénaire précédent, le précurseur d’une mouvance qui allait être développée à outrance dans les années suivantes : un mélange grandiose de metal, chœurs et musique classique ; d’abord avec l’extraterrestre ‘Theli’ qui a jeté la vraie première pierre à l’édifice (1996), puis avec le sublime ‘Vovin’ (1998). Christopher Johnsson, accompagné d’une multitude de chanteur-e-s et musicien-ne-s a développé un art de la composition faits de riffs subtiles et inspirés et d’amour pour les mélodies majestueuses pour emmener Therion dans les étoiles. Plus de vingt ans plus tard, que reste-t-il de ce groupe avant-gardiste suédois ? Therion revient ici avec un ‘Leviathan’ d’un niveau musical plutôt correcte, mais le petit truc en plus qui illuminait notre regard s’en est en partie allé. Non que cet album n’a rien d’intéressant. Il possède bien des passages majestueux, mais il manque cette surprise des débuts et surtout il reprend des artifices qu’il avait lui-même créés, ce qui laisse un goût de déjà-vu un peu mitigé. Son amour pour les mélodies pop efficaces se fait toujours entendre ici et là (‘The Leaf on the Oak of Far’ en introduction et son alternance dynamique de vocaux masculins et féminins). Il cherche parfois peut-être trop le hit (‘Tuonela’ avec le toujours très bon Marco Hietala en invité de luxe) avec des recettes déjà utilisées par le passé par lui-même ou d’autres qui sont passés par-là entre-temps et qui ont marqué la scène depuis (Rhaspsody, Within Temptation, Nightwish). Ce qui était avant-gardiste en 1996 l’est moins en 2020. ‘Leviathan’ est pourtant à bien des égards un moment musical agréable.
note 3/5