C’est le festival Suoni Per Il Popolo ou Musique pour le peuple en français. Même après 15 ans, je n’arrive pas à retenir le nom par cœur. Ce soir c’est à la Sala Rossa que ça se passe, en haut du restaurant espagnol, au 4848 Saint-Laurent.
Plus très jeunes, les Kids. Par contre, leur musique a très bien vieillie, piochant plus du côté Ramones-Buzzcock que du côté obscur du punk. Rythmique rapide et saccadée, voix nasillarde et refrains hilares. Ils sont belges, une fois (si un jour quelqu’un peut me l’expliquer celle-là…), et comme les frites, ils sont irrésistibles. Au moment de la formation du trio en 76, le bassiste Danny De Haes était âgé d’à peine 12 ans !
Les Kids sont arrivés dès la 1ère vague punk des années 70, en Belgique, sous le règne du roi Beaudoin. Ils partagent alors la scène avec leurs compatriotes de Raxola et Hubble Bubble, groupe mené par un certain Roger Jouret Junior, qui deviendra plus tard Plastic Bertrand.
À l’époque, le groupe fut supporté et invité en tourné par Iggy Pop et Patti Smith, fans notoires du band. De la formation originale, il ne reste que le chanteur-guitariste Ludo Mariman. Le guitariste Luc Van De Poel a rejoint le groupe seulement à partir du 2ème microsillon, Naughty Kids en 1978. Il fait toujours parti de la formation. À ne pas confondre avec les Real Kids ou les Rich Kids de Glen « foutu dehors des Sex Pistols » Matlock.
Le punk et ses colifichets.
Premier groupe à monter sur scène, Torment de Montréal, trio mené par un chanteur-bassiste avec attitude, coiffé à la Bowie période Aladdin Sane. C’est sauvagement hardcore et virulent, un peu brouillon mais très efficace. Une reprise des 4 Skins, One Law For Them, est jouée. À revoir bientôt.
Viens ensuite Pale Lips, composé exclusivement de filles en petits shorts sexy. Ce qui semble exciter un gros marcassin qui immortalise la prestation à l’aide de son téléphone cellulaire. Pas très discret. Trop propre pour la plèbe avec leur rock sixties, le groupe semble être victime d’une erreur de programmation. Soulevant peu d’enthousiasme, les filles restent malgré tout très professionnelles, jusqu’à la fin, jouant au passage Let Us Play Your Party des Spits.
Pendant que le guitariste format géant fini d’installer la bannière du groupe, les gars de Proxy montent tranquillement sur scène, acclamé par leurs nombreux fans. En ébullition depuis 2011, la bande est fortement influencée par GBH, jusqu’au look du guitariste format géant, étrange mélange entre Colin Abrahall et Luc Plamondon… La Sala Rossa est presque pleine quand le groupe se plogue et envoi la sauce. C’est bien serré, entrecoupé de solos de guitare ciselés. Le technicien semble en avoir plein les bras, mais tranquillement la sono s’adapte et le groupe impose sa rage. Après presque une heure de punk furieux, les montréalais quittent la scène, visiblement fière de leur performance.
Vers les 23h15, c’est au tour des Kids de monter sur scène. Expéditif, le groupe envoi une grêlée de pièces, dont No Work, en apéritif. Yves Van Lommel, le bassiste-somnambule, semble flotter entre le stage et le plafond. Ludo reste près de son micro, une Stratocaster sunburst à l’épaule. La voix est moins nasillarde mais plus puissante, plus assurée qu’autrefois. Luc Van De Poel, l’autre guitariste, semble improviser un numéro de balai aérien frénétique. Difficile de voir le batteur d’où je suis (est-ce Frankie Saenen ?). Par contre, je l’entends et il fait bien son travail… Le trash est à première vue plus festif que violent, mais je suis trop fif pour y aller, je reste en périphérie. De toute façon je dois tenir mon Perrier, ainsi que mon nouveau t-shirt payé pas trop cher à la table des marchandises. Poli, les Belges se présentent et saluent Montréal. Ensuite, sans pause, Ludo et sa bande nous balancent une succession de petites bombes punks sournoisement pops qui frappent comme un kata de Jean-Claude Van-Damme : Baby That’s Alright, This Is Rock N Roll, Bloody Belgium, Facist Cops, Money Is All I Need, No Monarchy….
Au rappel, le groupe termine avec Do You Love The Nazis, et son refrain entêtant, puis quitte pour de bon avec White Riot des Clash.
Le spectacle est fini, ça sent le swing et les marches sont ruisselantes de sueur : le punk, c’est un genre qui transpire beaucoup. C’est comme ça.
Texte: Fred Lareau