Théâtre Corona
Samedi 19 Novembre 2016
The Damn Truth
Sold out Tonite / Complet ce soir.
Autant dire qu’avant même que le show ne débute, le retour dans la ville aux milles clochers des enfants prodigues du rock montréalais est déjà un succès ! Toutes les places du vieux et majestueux Théâtre Corona ont trouvé preneurs, une belle prouesse de la part des Damn Truth qui terminent leur tournée Canadienne en support de leur deuxième album seulement «Devilish Folk » après le succès du premier opus « Dear In The Head lights ».
Pendant que Mangy Pride ouvre la soirée avec sa pop/rock très planante et introspective avec projection vidéos, je note que le profil du public est très varié, à la fois en terme d’âge et de « style », en tout cas, ce public piaffe d’impatience dans l’attente des héros locaux et commence à taper du pied et faire du bruit quand enfin, The Damn Truth embarque sur scène un peu avant 10 heures sous un tonnerre d’applaudissements.
Les premières notes de « Too Late » l’un des singles du premier album retentissent alors et c’est un band rayonnant de sourires, visiblement très heureux d’être sur scène qui enflamme le théâtre Corona avec cette première chanson.
La chanteuse Lee-La Baum arbore un chapeau haut de forme trônant sur sa longue et sauvage crinière, tout de noir et doré vêtue, pantalon de cuir, bracelets et colliers
Le charisme de Lee-La est criant, jouant tantôt de la guitare, tantôt du tambourin ou des maracas qu’elle n’hésite pas à utiliser en guise de baguette de drum sur un gros tom basse en avant de la scène, apportant un élément percussif supplémentaire, Lee-La est clairement la figure la plus emblématique du band. Les musiciens sont de toute façon tous en verve ce soir, les chansons sont parfaitement interprétées, on sent que le spectacle est maîtrisé et bien huilé.
Le band entame ensuite « Kinda Awkward » le gros hit du premier album faisant du coup monter la température encore d’un cran, la salle devient malade !!!! Tout le monde bouge dans tous les sens et tape des mains, la symbiose entre le public et le band est belle à voir, l’ambiance devient électrique.
Quand Tom joue les premières notes de « Broken Blues », les esprits s’apaisent un peu, Tom profite de cette chanson bluesy pour nous montrer ses talents de guitariste en improvisant des solos bien sentis et remplis de finesse, le refrain presque « stoner » est pesant, le couple basse/drums très cohérent n’est pas en reste et révèle alors toute son importance !
« Wouldn’t be Lying », « The Match » et « Hanging On » s’enchaînent avant le superbe et touchant « I’m lonely ». Tandis que le band alterne entre des chansons plus intimistes avec de l’acoustique et des chansons plus rock, la connexion entre Lee-La et Tom (couple dans la vie) saute aux yeux, elle semble profonde quand ils jouent et chantent épaules contre épaules et sensuelle lorsqu’ils s’échangent un baiser au milieu du show, que d’émotions !
Tous les deux rayonnent de charisme d’ailleurs, ils portent avec assurance le band sur leurs épaules, il se dégage également une générosité qui ne demande qu’à être partagée avec le public et celui-ci, très réceptif et démonstratif le leur rend bien en n’hésitant pas à chanter les chansons en coeur et en faisant trembler le vieux théâtre par leurs cris de joie.
Après quelques minutes, les musiciens reviennent sur scène pour un « encore » avec la superbe balade « Alex » sur laquelle Lee-La brille encore une fois avec sa voix puissante et touchante. « I want you » autre temps fort du premier album permet à Tom de nous gratifier d’une intro solo un peu folle avant de jouer les mélodies subtiles des couplets.
Lee-La s’époumone, crie, tape du pied, se tort dans tous les sens comme si la souffrance était intolérable, moment intense, décidemment l’ombre de Janis n’est pas loin. Enfin, après que les musiciens aient quitté la scène une deuxième fois, c’est sous les cris des « encore, encore ! » que Lee-La et Tom reviennent pour une dernière chanson, un vibrant hommage à la ville de Montréal simplement intitulé « Montréal », la guitare de Tom est caressante, Lee-La nous livre encore sur cette chanson une performance incroyable de finesse et de cette sensualité brute qui la caractérise tant, le tout sous les applaudissements d’une foule médusée, la chanteuse finit en larmes, la main sur le coeur, remerciant chaleureusement l’audience, visiblement émue par l’accueil réservé à son band.
Les musiciens reviennent tous sur la scène pour un dernier salut dans un style « théâtre » qui sied bien à l’endroit et tandis que la soirée touche à sa fin, il devient évident que ce retour de The Damn Truth sur la scène de Montréal aura vraiment été un moment triomphal, poignant, chargé d’émotions et qui montre s’il en était besoin que The Damn Truth est un band sur lequel il faudra compter dans les années à venir.
Un band, très attachant qui possède définitivement une forte personnalité et remporte un succès d’autant plus mérité que la vie d’un band de rock est tout sauf un long fleuve tranquille puisque quelques jours auparavant le van de tournée des Damn Truth avait péri dans les flammes, épargnant les musiciens mais pas leurs instruments ni leurs effets personnels.
Ce genre de tragédies est l’apanage des grands groupes de rock dit-on, en espérant alors que ce n’est que le début d’une longue et passionnante aventure pour The Damn Truth…
Texte: Ronan Le Hec’h
Photos The Damn Truth: Susan Moss fournie par le band
Photos de Mangy Pride: Guilhem Gaubert (malheureusement pas de photos de The Damn Truth, Guilhem ayant fait un petit malaise sans gravité.)