La maudite vérité
J’ai un grave problème. Je connais The Damn Truth depuis longtemps. Je leur ai fait leur première radio alors que je n’étais qu’un stagiaire maladroit, et je les ai vus en spectacle un nombre indécent de fois. J’étais plutôt impatient d’avoir leur 1er album et de pouvoir ramener à la maison le groupe et son répertoire, son énergie et son feeling.
C’est raté.
Pourtant, le répertoire est là. Le toucher de Tom est toujours aussi impeccable, le duo Dave et David prouve que 2 décennies à jouer ensemble, ça soude, et la voix de Lee-La ressuscite Janis Joplin, en sobre.
La pièce éponyme Dear In The Headlights qui clôt l’album coule de source et porte toute la puissance mélodique du groupe. Kinda Akward reste irrésistiblement en tête, on veut taper du pied, sauter, crier… mais en silence pour ne pas réveiller les voisins.
La maudite vérité, c’est que le son est faible et lointain.
Le pachydermique I want you (he’s a lightweight) t’effleure à peine la joue. En live, l’assise rythmique évoque pourtant un buffet normand en chêne massif. Le genre d’affaire qu’on n’a pas envie de soulever. Sur la CD, la frappe tellurique de Dave est perdue, comme l’overdrive de la basse de David.
La voix puissante de Lee-La peine à percer le mix, comme si elle avait enregistré dans un appartement de Montréal, avec la peur de gêner les voisins. Janis Joplin, en bien peignée!
La maudite vérité, c’est que le CD tue la musique.
Quand les guitares embarquent sur1964 pour chanter une meilleure époque, ça devrait partir, les haut-parleurs devraient avoir du mal à rester dans leur caisson, on devrait visualiser les boutons de la console qui se lèvent tous pour tout mettre dans le rouge. Mais la dynamique est perdue dans un mix uniforme, plat et plutôt aigüe. Saloperie de disque compact.
Un manque de volume et de folie en désaccord avec toute l’originalité et l’expérimentation des guitares…. L’énergie brute de leur rock’n roll paraît tellement lointaine, c’est comme entendre The Damn Truth depuis l’extérieur de la salle. On sait que la puissance est là mais on ne peut pas la toucher.
La maudite vérité, c’est qu’il faut pousser le groupe dans ses derniers retranchements au Il Motore le 20 novembre. C’est là que The Damn Truth pourra remettre les pendules à l’heure et le volume sur 11. Toute manière, je les préfère un peu saouls…
La bonne nouvelle, c’est que The Damn Truth est un groupe de rock à l’ancienne. On pourra les écouter sur vinyle très bientôt, ce qui règlera ce problème de mix et rendra justice à leur talent indéniable.
Marien Joly