Démarrage sur les chapeaux de roue pour ce quatrième album : martèlement de caisse claire débouchant sur un bref blastbeat, introduction de la mélodie par les claviers – inédit dans le parcours du groupe. Enfin, chants clairs en voix de tête. le tout sur des riffs arythmiques annonçant la couleur progressive qui dominera les huit plats. C’est définitif, il ne reste du thrash old-school de leurs débuts que de légères réminiscences groovy ci et là, noyées dans un post-metal neuf. Optant avec ambition pour le suisse-allemand dans leurs textes, ils affirment des choix artistiques qui en rebuteront plus d’un, comme la présence iconoclaste de claviers, une voix raréfiée et souvent en chant de tête, ou des cloches occasionnelles. Mais l’auditeur verra son ouverture récompensée par des moments de tension tels que les genres traditionnels de metal ne sont pas capables de monter ; on se surprend avec délice à sentir ses muscles se crisper en attendant le dénouement des progressions les plus efficaces. De l’autre côté, on les aura jamais trouvés aussi touchants dans leurs élans plus intimes. Tout semble plus abouti : le batteur a gagné en technicité et l’exploite dans une créativité augmentée sans ostentation, les guitares parcourent de plus larges horizons, s’écrasant dans des murs grésillants évoquant le lointain spectre du drone, pour revenir zigzaguer entre des arpèges acoustiques mélancoliques, et même la basse risque un lead sur ‘Am Ufer vo mim Wäse’. Prévu pour être apprécié avec un film d’une petite heure tourné pour l’occasion, ce ‘fluid’ est tellement convaincant qu’il se suffit à l’aveugle. Les malvoyants qui nous lisent s’en réjouiront.
Note : 4.5/5