Le musicien derrière Ravendust passe pour une figure assez mobile de la scène black metal helvète, si l’on croit internet, puisque, alors qu’il serait basé à Genève, on le retrouve à Lausanne avec Malphas, à on-ne-sait-z-où avec Temple et à Berne avec Chotzä (de ses différents projets, c’est probablement ce dernier d’ailleurs qui affiche la plus belle sale gueule). Parce qu’il est difficile de payer les factures en faisant du black old school, le bonhomme est contraint, comme un Norvégien de la première heure, de multiplier les collaborations, gardant Ravendust comme projet solo. On déplorera qu’il utilise cette liberté pour s’aligner sagement sur les codes venus du nord. Passée une ouverture aguicheuse aux relents black n’roll (pensez Blodhemn – d’ailleurs les logos des deux groupes se ressemblent mais ma rédactrice en chef me souffle que c’est le cas de tous les logos de black metal), on tombe dans un son dont on cherchera vainement l’audace dans les compositions ou l’instrumentation. A l’exception d’une bourrasque de blastbeats que n’aurait pas reniée Anaal Nathrakh sur le titre, jusque là mid-tempo, ‘‘The Mermaid’’, hélas immédiatement désavouée par des synthés et des vocalises féminines (comme la sirène, m’voyez?), on navigue à travers cet album comme sur des mers familières trop tranquilles. Le vent se lève peu avant la clôture sur le titre éponyme, à qui une durée dédoublée, une construction progressive, des chœurs théâtraux et des grattes acoustiques confèrent ostensiblement le rôle de titre-phare de l’album, réjouissant le cœur noirci des marins restés à bord – probablement des irréductibles vétérans du genre qui apprécieront l’absence de faux pas tonaux.

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Note : 3 / 5