Après deux ans d’absence, le public et le soleil sont bien présents sur le site de Crans-près-Céligny, de quoi augurer d’une belle soirée placée sous le signe des guitares et des décibels. Cela commence fort, très fort même, avec les genevois de Promethee sur la grande scène, en plein cagnard, à 18h30. Cela fait longtemps que je vois régulièrement Promethee en concert, mais d’habitude c’est dans des salles plutôt obscures (Amalgame, Fri-Son ou encore Les Docks) et là c’est le contraste total. D’ailleurs pour l’occasion, certains ont mis des chemises à fleurs. Le groupe démarre son set à fond et bénéficie d’un son juste énorme. Le public, qui hésitait à rester encore un peu dans les rares zones ombragées, se rapproche à l’invitation de Sven, le nouveau chanteur de la formation genevoise. Pas facile de remplacer Joshua, mais il fait un super job et communique plus avec les spectateurs bien qu’il le fasse en anglais. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir quelques circle pits, ce qui au vu de la chaleur est un bel exploit. Lumière du jour oblige, on peut enfin apprécier le jeu monumental du batteur (chose impossible jusque-là dans les clubs, les plus chanceux ayant au mieux parfois vu sa silhouette entre deux strobes). Quelle frappe ! Entre le soleil et ce premier concert, il y a déjà de quoi être assommé. Le show le plus heavy de la soirée.
Mais l’avantage du Caribana, c’est qu’à peine un concert se termine, un autre commence avec Ad Infinitum et son metal symphonique. Le groupe présenté comme venant d’Allemagne compte toutefois une suissesse avec sa chanteuse Melissa Bonny (ex- Evenmore). Il joue pour la première fois à Caribana et présente son deuxième album Chapter II, sorti en pleine pandémie. Une belle voix sur des compositions efficaces, même si au final il est difficile de rivaliser avec les références du genre, comme Epica par exemple, quand on n’est que 4 sur scène. S’il y a encore du chemin à parcourir, la direction est toutefois la bonne, donc assurément, on devrait les revoir bientôt sur une scène plus grande, pourquoi pas celle de Caribana.
Pas de doute à voir les t-shirts dédiés aux loups allemands, une grande partie du public s’est déplacée pour Powerwolf. Véritables stars en Allemagne, ils sont en train de s’imposer un peu partout en Europe depuis plusieurs années. Je les avais vu à Thônex Live, puis aux Docks de Lausanne avant le Covid et désormais ils sont une des têtes d’affiche de cette soirée au Caribana. Et quelques jours plus tôt, ils étaient au Greenfield, sur la scène principale également, preuve en est de leur succès grandissant. Les décors comme les costumes sont splendides et les musiciens sont très communicatifs. C’est à chaque fois impressionnant de les voir sur scène. J’avoue que leur powermetal n’est pas ma tasse de thé, mais je me suis surpris à fredonner les refrains de certains titres. Attila est un super frontman qui a bien joué avec le public pour son plus grand plaisir. Et je ne parle pas de l’attirail pyrotechnique aussi beau pour les spectateurs que flippant pour les photographes dans la fosse.
Pas le temps de manger assis, car il faut vite retourner sur la seconde scène pour Holding Absence. Un groupe dont je ne connais absolument rien (c’est assez rare), que je découvre donc en live. Le chanteur ne tient pas en place, c’est du rock anglais assez pêchu (bon cela reste gentil par rapport aux groupes présents ce soir) et moderne. J’aime bien, mais faudra que je réécoute tranquillement à la maison pour me faire un véritable avis. Cela partait un peu dans tous les sens à mon goût. Cela dit, le public agglutiné devant la scène semblait bien accrocher, certains avaient même l’air d’être là ce soir uniquement pour eux.
Enfin, la tête d’affiche principale, The Offspring, qui nous fait pogoter depuis 1994 (et un peu avant pour les fans de la première heure), a débuté son show comme prévu à 22.25 heures en enchaînant les tubes. Cela commence par Staring At The Sun et direct derrière, on prend l’énorme Come Out And Play dans les dents. Pas besoin d’attendre pour se défouler, cela bouscule dans tous les sens, je sens de la bière (tiède forcément) sur ma nuque, les premiers rangs sont en pleine folie avec déjà des mecs qui font du slam. Un vrai concert punkrock avec que de la bonne humeur et beaucoup d’énergie. Le milieu de set est consacré à des chansons plus récentes, notamment des extraits de Let The Bad Times Roll sorti l’an passé, mais cela reprend vite dans les classiques avec Gotta Get Away, Why Dont You Get A Job et The Kids Arent Alright pour clôturer le set. Le rappel se conclura sur Self Esteem, l’autre énorme chanson de 1994. Toujours un plaisir de participer à un concert d’Offspring.
Sans vouloir rivaliser avec le Hellfest ou le Greenfield qui ont lieu à quelques jours d’intervalle, le Caribana démontre qu’il est possible d’organiser une soirée musclée en mélangeant les genres, soit un truc qui tabasse comme Promethee, du metal symphonique à la Ad Infinitum, du powermetal théâtral allemand, du punk rock vintage des Offspring et que tout le monde y trouve son compte. Le pari me semblait un peu osé sur le papier, mais au final mission accomplie haut la main. Vivement que cette tradition du mercredi heavy à Caribana se perpétue encore et encore.