De l’audace (beaucoup), du travail (un bon paquet) et de la chance (au moins autant), voilà la recette de la réussite du Nox Orae Festival, dont la 11ème édition s’est tenue les 27 et 28 août 2021 à la Tour-de-Peilz.
Alors que de nombreux festivals avaient renoncé à nouveau à la tenue de leur manifestation annuelle ou au mieux s’étaient accommodés tant bien que mal d’une édition réduite et/ou d’une programmation locale, du côté de Nox Orae, il avait été choisi de faire comme d’habitude, avec une programmation internationale pointue. Un pari forcément osé entre le Covid qui s’installe durablement et le Brexit qui complique les tournées des groupes anglais.
Un pari gagnant, qui aura sûrement donné quelques nuits blanches aux programmateurs, avec des inévitables annulations après l’annonce de l’affiche, mais qui grâce à un solide réseau ont pu être remplacées.
J’étais donc de retour dans le Jardin Roussy le vendredi pour la soirée d’ouverture, afin surtout d’assister au concert d’And Also The Trees. Leur premier depuis 2019 qui était annoncé comme un set spécial de 90 minutes pour célébrer les quarante ans du groupe.
Quelques jours avant le début du festival, première bonne nouvelle, les deux soirées sont annoncées complètes, soit 1’500 personnes par jour. Arrivé sur place sous le soleil, l’entrée se fait dans la bonne humeur et sans difficulté, ni retard. Il suffit de montrer son certificat covid ou un résultat de test négatif pour accéder au site. Ensuite, pas besoin de masque. Autant dire qu’une fois à l’intérieur, on a l’impression de revivre une vraie soirée de festival, c’est-à-dire les files d’attente pour les bars et les toilettes, des gens qui te marchent sur le pied sans faire exprès, etc., bref le bonheur total d’enfin retrouver ses repères de festivalier.
Le premier groupe sur scène, ce sont les Fomies, cinq jeunes gens du coin bien décidés à jouer fort pour lancer la soirée. Le début du set est très instrumental, le chanteur se concentrant principalement sur sa guitare. Musicalement, le programme parle de « Lakeside garage fuzz ». Autant je ne voyais pas trop quoi ce à quoi cela pouvait correspondre avant le concert, qu’après, je suis totalement d’accord avec cette définition. La fin du concert est plus rythmée et l’ambiance décolle pour le dernier quart d’heure. Mission réussie.
20.30 heures, la nuit s’installe. Le vent aussi et la température descend. C’est l’heure du concert tant attendu d’And Also The Trees. Les deux frères Jones prennent possession de la scène sous les applaudissements. Ils sont assis dans la pénombre, éclairés seulement de dos. Ils jouent ainsi en duo, pratiquement sans bouger, les yeux fermés, durant un bon quart d’heure avant d’être rejoints par le groupe au complet. Ouf, ils sont tous là. Nox 1, Brexit 0, Covid 0.
Le son est vraiment bon, ce qui n’est jamais évident en extérieur qui plus est avec le vent, du coup on profite pleinement de ce concert. Pratiquement tous les festivaliers sont devant la scène. Le groupe avait l’air d’avoir pas mal répété pour sa venue en Suisse. La guitare de Justin est affutée comme jamais. Ses arpèges ciselés sont précis et la voix de son frère est au rendez-vous. C’est l’avantage de ne pas assister à la 32ème date d’une tournée marathon, les musiciens sont en pleine forme.
La setlist est un beau mélange de toutes les périodes du groupe, avec évidemment la part belle aux premiers disques sortis dans les années 80s, notamment en milieu de set du monumental « Virus Meadow ». Un morceau incroyablement beau et dont le titre est, on l’espère, sans lien avec un possible cluster local. La musique d’And Also The Trees est terriblement belle, souvent plus proche de la poésie que d’un morceau classique verset refrain verset. Il est aisé de comprendre pourquoi ils sont catégorisés gothiques et ont longtemps été associé à The Cure à leurs débuts.
Si Simon Huw Jones vit depuis longtemps à Genève, son français reste terriblement limité. Il aura quelques mots en anglais pour remercier Joel et Chloé, pour leur dire « thanks for having faith in the trees, we made it !», comme quoi le groupe aussi était content et soulagé d’avoir réussi à répondre présent. Le morceau « Winter Sea » leur sera ensuite dédié.
Pour le final, le tempo s’accélère avec le mal nommé « So This Is Silence » tiré du premier album, puis un « Slow Pulse Boy » amené par Justin seul sur le devant de la scène avec sa guitare à jouer le rythme pendant plusieurs minutes avant d’être suivi par tout le groupe pour un dernier morceau étincelant. Il est passé 23 heures de plusieurs minutes et cette édition 2021 a déjà dépassé largement toutes mes attentes.
Ce sera ensuite le tour du Erik Truffaz Quartet, qui a eu la gentillesse de s’ajouter last minute à l’affiche suite à des annulations. Depuis le temps que je vois le nom de ce Monsieur dans les programmations des festivals et salles de concert, j’étais bien content d’enfin voir ce que cela donnait en live. Autant, je dois reconnaître que ce n’est pas mon style de musique, que je dois admettre que c’est bien fait. Tout le groupe a l’air de s’éclater et la foule est bien réceptive.
Vivement l’année prochaine puisque la prochaine édition aura lieu les 26 et 27 août 2022.