Nightwish était de passage au MTelus le 20 mars dernier dans le cadre de la tournée Decades qui souligne les vingt ans de musique de la formation finlandaise. Il était connu que le spectacle focaliserait sur l’ensemble de leur œuvre, et par conséquent, on pouvait s’attendre à la revisite de vieux morceaux de l’époque très aimée où Tarja Turunen était au chant. Comme pour nous indiquer l’ordre du jour, dès notre arrivée au MTelus on nous remet l’album double Decades – An Archives of Song, qui compile 22 chansons charnières du groupe. Les pièces y sont listées de façon chronologique, commençant par celles provenant de Endless Forms Most Beautiful, sortie en 2015, et reculant progressivement dans le temps jusqu’à la parution de leur premier démo Nightwish, qui date de 1996. À quelques exceptions près, tous les morceaux joués durant le spectacle figurent sur l’album.
Des problèmes de son gênent le début du spectacle
Le spectacle commence doucement sous le ton de la nostalgie alors que Troy Donockley arrive sur scène et joue un extrait de Swanheart à la flûte. À l’avant de la scène, on aperçoit un écran géant qui projettera tantôt une animation d’ambiance, tantôt l’album d’origine de la chanson jouée. Au moment où Troy termine son intro, il est rejoint par le reste du groupe qui entament énergiquement End of All Hope, ce qui a pour effet d’immédiatement vitaliser la foule! Mais, si nous sommes heureux de voir Nightwish arriver sur scène, on constate rapidement un problème avec le son. Floor Jansen est une chanteuse qui se démarque par son coffre, pourtant malgré la puissance de sa voix, durant les premières chansons nous avons du mal à distinguer ses paroles des instruments. Alors que le groupe poursuit avec I Wish I Had an Angel, on entend très bien le bassiste Marco Hietala chanter le refrain, mais on ne peut pas en dire autant pour Floor, qui semble de plus éprouver un problème avec ses oreillettes. Si techniquement parlant la soirée commence de façon un peu décevante, ni le groupe ni le public ne se laissent démonter. Nightwish continue avec la pièce 10th Man Down et avec Come Cover Me, que la foule chante en cœur. La qualité du son s’améliore considérablement (sans devenir extraordinaire) au moment où la formation finlandaise entame Gethsemane, un classique de l’album Oceanborn qu’ils n’avaient pas performé en spectacle depuis plus de 15 ans! Le claviériste Tuomas Holopainen brille sur scène durant cette chanson qui met son jeu particulièrement en valeur.
Les vieilles chansons forcent la comparaison
Floor continue avec Élan et offre régulièrement le microphone à l’auditoire qui chante le refrain avec enthousiasme. L’animation de la foule rend les membres du groupe vraiment tout sourire, c’est beau à voir! S’en suit Sacrament of Wilderness, Deep Silence Complete, Dead Boy’s Poem et Elvenpath, un ensemble de chansons datant de l’époque de Tarja Turunen et qui n’avaient pas été joués en concert depuis belle lurette. S’il est parfois impossible de ne pas établir de comparaison entre la voix de Tarja et celle de la chanteuse actuelle, à d’autres moments, force est de constater que Nightwish a su trouver une remplaçante incroyablement talentueuse et digne d’interpréter les vieux classiques de son répertoire.
Nightwish alterne des pièces plus énergiques avec des balades tout le long de la soirée. Un des meilleurs moments du spectacle est sans aucun doute la performance du succès I Want my Tears Back, provenant de l’album Imaginaerum. Le duo composé de Marco et Floor est simplement fantastique au chant, et le solo du guitariste Emppu Vuorinen s’équilibre parfaitement avec le dynamisme déployé par Troy Donockley durant son jeu de cornemuse irlandaise. Étonnement, c’est ce dernier qui poursuit au chant pour la chanson The Carpenter, qui était originellement interprété par Tuomas. Tout comme Floor, Troy est devenu membre de Nightwish en 2013, et on constate qu’il a su se forger une place bien à lui dans les pièces plus anciennes du groupe. En ce qui a trait à The Carpenter, vous qui avez eu la chance de l’entendre en spectacle, chérissez ce moment; il est probable qu’il faille attendre une autre décennie avant qu’elle soit performée à nouveau.
Le groupe termine sa programmation avec une série de titres un peu plus pesants, soit The Kinslayer, Devil & the Deep Dark Ocean, Nemo, et Slaying the Dreamer. À l’exception de Nemo, ces chansons ont contribué à un léger brassage de foule avant de poursuive avec The Greatest Show on Earth. Nightwish conclu sa performance au MTelus avec Ghost Love Score, une de leurs plus belles balades.
The greatest show on Earth?
Voici maintenant venue la question à 100 $ (excusez… la question à 85 $ + frais de service): est-ce que le spectacle en valait le coût? Nous avons eu droit à un seul groupe pour exactement deux heures de concert, sans rappel, mais nous avons reçu un CD compilation… Difficile d’ignorer ici que le prix a été gonflé en fonction de l’album. J’imagine que c’est une façon comme une autre de les vendre, particulièrement à l’heure où le téléchargement est devenu une norme, mais je trouve le montant demandé tout de même difficile à justifier. De plus, j’ai été un peu déçu au niveau du son. Pour réellement apprécier un groupe comme Nightwish, on est tenu d’avoir une excellente qualité sonore afin de discerner les subtilités du chant, et malheureusement, ça n’était pas tout à fait au rendez-vous. Et enfin, considérant le prix du billet et l’absence de première partie, j’aurais personnellement souhaité au moins un trente minutes de spectacle supplémentaire.
En ce qui concerne la programmation, cependant, j’ai trouvé la sélection de chansons vraiment excellente. Nightwish a interprété des morceaux provenant de l’ensemble de leur répertoire, à l’exception près de l’album Dark Passion Play, qu’ils ont laissé de côté pour la soirée, mais qui se trouve toutefois sur la compilation. Les plus nostalgiques d’entre nous étaient très heureux d’avoir la chance d’assister à la revisite des premiers albums; certains des morceaux n’avaient pas été performés live depuis parfois plus de vingt ans! Malgré une soirée plutôt courte et assez dispendieuse, Nightwish a tout de même su offrir au public montréalais un très bon spectacle.
Texte: Isabelle Sullivan
Photos: Helene Dickey
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