Leur album The Weird and Wonderful Marmozets sorti en 2014 les a propulsés sur les routes avec un rythme rarement vu pour un groupe sorti de nulle part. Du Van’s Warped Tour à la première partie de la tournée anglaise de Muse en mars dernier, Marmozets sont d’ores et déjà un indéboulonnable des couvertures de presse. Véritable phénomène ou coup marketing ? Réponse en live aux Foufounes Électriques.
En mouvement constant depuis 1 grosse année et plus de 150 shows, le quintet débarque à peine d’une tournée des stades avec Muse que les voilà dans un tout autre décorum : une tournée conjointe avec Every Time I Die dans des salles d’un tout autre format.
Le math-rock à tendance brit-pop –et réciproquement- propre à Marmozets leur permet de ratisser plutôt large. La station Audiotree à Chicago s’y est même risqué en leur offrant 30 minutes de live au milieu d’une programmation généralement tout de même plus… indie.
La réputation live du groupe aurait fait tomber un mur de préjugés ? La présence de Becca, vocaliste, et l’énergie de son petit frère aux fûts on fait beaucoup parler, tout comme le fait qu’on ait affaire ici à deux fratries à peine sorties de l’école. Le bassiste, cadet de la bande, a eu 19 ans ce mois-ci…!
En vrai ?
Aux Foufounes Électriques, la foule est plutôt éparse et la température ambiante est restée basse malgré trois premières parties. On peut confortablement observer le manège des techniciens qui montent et démontent le matériel, tout comme les enfants qui courent sur la sc… MON DIEU. Les enfants en question sont bel et bien Marmozets.
Outre le jeune âge flagrant, leurs gabarits font contraste avec la taille du matériel : le drum énorme et la Jaguar Baryton particulièrement grande ajoutent au côté cartoon de la scène. On se croirait presque à un show de finissants dans une bande-dessinée.
Pourtant, dès les premières notes de Move, Shake and Hide, un certain professionnalisme prend le dessus. Leur expérience est peut-être encore juvénile mais il y a des kilomètres au compteur et l’invitation à se mouvoir lancée par l’anglaise un peu folle au milieu ne reste pas longtemps sans réponse. La foule se met tranquillement en mosh et on se bouscule bien gentiment.
Becca embarque instantanément comme si c’était la chose la plus normale du monde que d’être à sa place et le petit gars derrière les fûts fait du petit bois avec un regard de fou-furieux. Sans être statiques, les trois autres semblent moins dedans – ou franchement crevés. Le bassiste semble même un peu ailleurs. Clairement, le show se passe au milieu entre le micro et les baguettes.
La prestation est tight, même si les problèmes de son ne facilitent la tâche de personne. Les guitares –plutôt subtiles- se perdent dans le mix le temps des trois premières pièces puis finissent par se placer. La sono des Foufs est de toute façon plus adaptée à un Meshuggah. Tranquillement et sans forcer, comme à la maison, ils incitent le public à se rapprocher sans forcer personne. En 30 petites minutes, le thermostat grimpe tranquillement et le public s’agite, souriant.
Verdict ?
Entre pop et math-rock, mélodies accrocheuses et riffs tordus, crises de folie et pauses nonchalantes, le set de Marmozets est plein de contradictions, de spontanéités, d’automatismes, de coups de génie et de maladresses. Ils proposent à la fois des expérimentations de guitare qui font coin-coin et de solides harmoniques sifflées-harmonisées, des steps simplistes ultra-efficaces et des breaks presque grossiers.
La fatigue d’une tournée si longue et une expérience toute fraîche arrivée peut-être un peu vite ont dû chambouler cette troupe joyeuse au demeurant. La baraque est un peu bancale mais tient franchement debout, et les petits Anglais n’ont pas à rougir de nombreux groupes plus usés.
Sans être encore le phénomène annoncé, Marmozets vaut le détour, pour leur énergie et pour la promesse qu’ils entretiennent : un croisement des genres qui ne demandent qu’à s’affiner pour ne garder que le meilleur et apporter quelques litres d’oxygène à leurs pairs poussifs qui auraient oublié d’où ils viennent et où ils vont. S’ils gardent les pieds sur terre, Marmozets se préparent un bel avenir, entre song-writing audacieux et énergie punk.
Texte: Marien Joly