Les carillons de minuit qui nous convient à écouter le groupe norvégien sonnent pour annoncer une renaissance longtemps pensée impossible. Voici près de quinze ans, le décès du guitariste Robert S. Burås avait laissé sur le flan cette formation dont la voix grave du chanteur et les riffs poussiéreux vous embarquaient dans des voyages mélancoliques et intenses. Il aura fallu que Sivert Høyem passe par la case reconstruction et se glisse sous l’aile libératrice de Rob McVey (guitariste de Marianne Faithfull) pour que la formation ose se relancer. Une tournée anniversaire plus tard, et accompagné de deux side-guitaristes et claviéristes, le trio original prenait enfin les chemins des studios à l’hiver 2020. Et là, même une pandémie, une fuite en catastrophe de L.A. et un mixage à distance via messages n’ont pas eu raison de la flamme qui avait décidé de renaître. Avec ses treize titres aux mélodies finement dessinées, ses rythmes lents, sa basse ronde, le résultat dévoile une formation osant porter le regard vers l’avant. Le son Madrugada est bien là, mais il ne passe pas par la case pastiche, offrant aux claviers un espace jusque-là encore très peu exploré, découvrant une forme nouvelle de sensibilité. Et le ciment est toujours cette voix si envoûtante, qui passe encore mieux que par le passé les octaves avec délice, se love dans les mélodies. Si l’électricité n’est pas le principal atout de cet album, elle est toujours là pour dessiner des reliefs et forger d’un bout à l’autre la densité de l’ensemble. [Yves Peyrollaz]
Note: 4/5