Le LUFF dévoile son programme

La 17ème édition du Lausanne Underground Film & Music Festival se tiendra du 17 au 21 octobre 2018 au Casino de Montbenon et divers lieux lausannois. Encore dans l’adolescence, le LUFF défie l’autorité et le politiquement correct en cassant les codes avec toute l’autodérision qui lui est propre. Tandis que le volet cinéma exhume des objets oubliés par l’histoire ou met en exergue l’expérimental contemporain, la programmation musicale, elle, s’interroge sur la conception même de musique en invitant des artistes qui la malmènent, dissolvent ou la brisent.

Au programme de cette prometteuse édition :  5 compétitions internationales, 7 cinéramas, 106 longs et courts métrages, 29 performances sonores et quantité d’à-côtés, entre tables rondes, émissions de radio, interventions artistiques et autres réjouissances

FILM

Le LUFF ouvrira son antre avec le ciné-concert Une page folle, film muet sulfureux de 1926 réalisé par le japonais Teinosuke Kinugasa et mis en musique par Le Berceau des volontés sauvages. L’édition se finira en beauté avec le récit fantasmagorique à la robe rouge sanguine In Fabric de l’anglais Peter Strickland. Un long métrage qui a eu, il y a peu, sa première mondiale au TIFF.

Comme chaque année, la compétition internationale aura son lot de premières suisses et sera composée de six longs métrages. À souligner le huis-clos satirique et nostalgique des ‘90s Relaxer de Joel Potrykus, l’hallucinogène Braid de Mitzi Peirone ou encore le glaçant mais néanmoins très plastique Frig d’Antony Hickling.

Certains cinéramas feront la part belle à l’expérimental avec entre autres M. Woods et Billy Roisz. Hybridité complémentaire oblige, les deux artistes aux filmographies opposées ont pourtant une approche similaire : transformer l’image projetée de ce qu’elle signifie (Woods) ou les signaux électriques qui la génèrent (Roisz). Billy Roisz sera également présente côté musique pour une performance où le sonore affecte le visuel et vice versa…comme un LUFF condensé.

Le punk ultra prolifique Khavn De La Cruz tournant ses films dans l’urgence des bidonvilles de Manille sera présent à Lausanne avec une multitude de projets à l’image de son excentrique personnalité : une rétrospective sélective, une sélection de classiques philippins ainsi qu’un workshop sur la réalisation de films en mode guérilla.

Le scénariste et réalisateur britannique Michael Armstrong incarnant une frange du cinéma britannique de la marge devenue culte, fera l’objet d’une sélection entre horreur réaliste et fantastique sordide. Tandis que l’imperturbable Professeur Thibaut, directeur de l’Extrême Festival, ressortira des caves de la cinémathèque de Toulouse quatre films aussi déroutants que fascinants.

Et, séance d’exception, sera projeté en première suisse le triptyque Ultra Rêve regroupant trois courts métrages à l’esthétique insolite du duo Poggi/Vinel, de Yann Gonzalez et du multi-primé au LUFF Bertrand Mandico.

MUSIC

Parmi les performances sonores très attendues de cette édition, on pourra noter l’avant-garde intermédiale Phill Niblock (17.10) qui viendra fêter ses cinquante ans de carrière et ouvrira ainsi les festivités avec une drone microtonale monolithique. S’en suivra de Kassel Jaeger (17.10) aka François Bonnet, directeur artistique du Groupe de recherches musicales basé à Paris, qui prendra le public dans un cercle de haut-parleurs entre musique concrète et noise ambiante.

Martin Rev (19.10) – moitié du duo Suicide – fera une démonstration de la suite logique de ses expérimentations, qui ont amené le punk dans la sphère de l’art contemporain. L’avant-garde faisant écho aux nouvelles générations, les terribles Scorpion Violente (19.10) incarneront les enfants illégitimes du demi Suicide, Joachim Nordwall (19.10), quant à lui, donnera corps à l’épitaphe « pense par toi-même et questionne l’autorité », tandis que Bonnie Jones (17.10) déconstruira des pédales d’effet pour mettre sur table tensions et contradictions.

No wave queer avec Guttersnipe (18.10) en ping pong avec Cuntroaches (18.10) qui fracasseront la Salle des Fêtes pour un jeudi soir mouvementé et très DIY pour le coup.

Ritorna (20.10) révélera quatre formations italiennes manœuvrant des magnétophones à bandes tandis que l’obscure KILL (19.10) poussera tout à l’extrême. La Belgique sera aussi à l’honneur avec le groupe Lemones (20.10) qui enlève la dimension phallique des instruments. Le Festival de l’Amour (20.10), mystérieuse organisation lausannoise, clôturera cette édition de manière luxuriante et passionnée.

WORKSHOPS / L’OFF

Cette année encore, le public lausannois – petits et grands – aura l’occasion de se rapprocher de certains artistes invité-e-s par l’intermédiaire de différents workshops ; initiation à la harsh noise pour enfants hyperactifs, fabrication DIY de synthés minima avec Ewa Justka ou mise en son d’un espace public avec l’aide d’Arnaud Rivière; les rencontres seront multiples.

Section devenue phare au fil des ans, L’OFF – volet entièrement gratuit du festival – se concentrera sur la question “des économies underground“. Entre tables rondes et performances, des artistes, militant-e-s et collectifs actifs dans les marges de l’art et de la politique institutionnelle viendront développer leurs réflexions.

Toujours à la recherche de la perle rare, l’équipe Rip on/off a traduit et publié pour cette édition la pièce-manifeste La beauté d’une musique qui ne compte pas de l’artiste sonore Kenneth Gaburo. Pour ponctuer ce travail de longue haleine, le vernissage de cet ouvrage sera marqué par une performance titanesque du projet Collaboration X, affaire à suivre !

Le programme complet sur le site www.luff.ch

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N° 152 - Mai 2023
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