Cette date était aussi attendue que le 13ème salaire de fin d’année. L’Association Rockin’Valais, peut-être avec un brin de malice, nous fait toujours patienter jusqu’en fin d’année avant de nous proposer sa traditionnelle soirée électrique. Et ce soir, du côté de la Capitale valaisanne, ce sont Dymytry, Almanac et Lordi qui posent leurs valises pour ce concert qui se veut sold out. Sion Capitale Suisse des Alpes ? Non, pour ce soir, Sion Capitale Suisse du Heavy metal, et n’en déplaise aux autorités communales.
Commençons par le jeune (2005) groupe Tchèque Dymytry. Rien de tel qu’une bonne tournée européenne pour promouvoir leur dernier album en date ‘Revolt’. On ne peut que constater, après quelques notes seulement, que la principale inspiration du groupe demeure Slipknot (ère We are not your Kind ou The end so far) ainsi que Stone Sour. Protheus (chanteur du combo), a mangé du Corey Taylor avec un appétit certain. Mais les musiciens de Prague ne tombent pas dans le piège du plagiat et nous offrent un concert avec leurs sons, leurs refrains accrocheurs, le tout enrobé d’une belle énergie. On se délecte des riffs groovy et du merveilleux sens de la mélodie du groupe. Rajoutons un solo de batterie qu’un Mikkey Dee aurait apprécié, et hop les 30 minutes allouées au groupe sont déjà évaporées. Peu connu sous nos latitudes, Dymytry a fait mouche auprès d’un public conquis par leur prestation ultra efficace.
Victor Smolski fait son entrée sur scène, ou plutôt revient sur scène, car il partagea l’espace de quelques titres les planches avec Dymytry. Almanac, deuxième groupe de ce soir, fut fondé en 2015 par Victor Smolski. Pour la faire courte (car le CV du coco est très étoffé), Victor était le guitariste du groupe allemand Rage (1999-2015). C’est d’ailleurs par une reprise de ce dernier qu’il entame son set, ‘Innocent’ de l’album ‘Speak of the dead’ (2006). On entre dans un univers beaucoup plus technique et progressif. On sent par contre l’audience un peu plus circonspecte et sur la retenue. Le guitariste de Minsk nous offre même en primeur des titres de son quatrième album solo à venir. Et puis son solo de guitare, avec un clin d’œil à feu Eddie et son ‘Eruption’ a ravi les guitaristes présents. La bonhommie du quatuor, leur plaisir d’être là et cette bonne humeur communicative font passer un bon moment à la majorité du public. En revanche, soyons honnête, Almanac fait un peu office d’OVNI sur l’affiche du jour.
Place aux stars de la soirée : LORDI. Les Finlandais ont fait un sacré bout de chemin depuis qu’ils gagnèrent l’EuroVision en 2006. Outre le fait d’avoir failli provoquer chez Michel Drucker une rupture d’anévrisme, cette victoire offrit au groupe une visibilité énorme et des tournées à rallonge. Ce soir, c’est la promotion de leurs 7 nouveaux albums !! On entre de pleins pieds dans l’univers horrifique des Finlandais. Les influences de Kiss (il suffit de regarder HIISI le bassiste) et d’Alice Cooper transpirent par tous les pores. Musicalement, ce sont des riffs plus ou moins accrocheurs. En revanche, les prestations des Finlandais sont des univers, des spectacles à part entière. Canon de fumée, scie circulaire projetant du faux sang ou encore dans le titre ‘Devil is a loser’, des ailes se déployant dans le dos du leader masqué, comme pour faire décoller encore un peu plus l’ambiance. Petit bémol cependant, Mr Lordi est très (trop) bavard. Ces diverses interventions, fussent-elles drôles pour la plupart, ont été trop nombreuses à mon goût. La fluidité du set s’en est vue largement péjorée. A contrario, au vu des rires et des sourires de l’assemblée, l’interaction fonctionnait, elle, à merveille.
Le comité de l’Association Rockin’Valais, mené par son président Cédric Forclaz a une nouvelle fois réussi le pari de monter une soirée mêlant qualité et convivialité. Ces personnes à la dévotion sans faille sont des passionnés d’une passion née il y a fort longtemps, soit celle des guitares saturées et des rythmiques de plomb. Ce qui ressort au gré des discussions d’après concert, c’est le sens de l’accueil des organisateurs, tant au niveau des artistes, des bénévoles que du public présent. Se rendre au concert désormais traditionnel de Rockin’Valais, c’est comme se rendre à une fête de famille, mais une famille que l’on a eu le loisir de choisir.
Voilà, la page Rockin‘Valais est tournée pour cette année. Je peux donc achever cette chronique et refermer LORDI.
Texte : Pierric Dayer
Photos : Eric Frachon / Showmedia live