Grande prêtresse de la Dévotion, Kristin Hayter, plus connue sous le nom de Lingua Ignota, sort en l’étouffant mois d’août »SINNER GET READY ». Signé sous le label Sargent House, l’artiste n’a rien a envier à ses collègues qui se trouvent sous le même label: Chelsea Wolfe, Ioanna Gika, Brutus, et j’en passe. Bien que connue pour ses utilisations dronesques d’electro et de morceaux classiques mélangés parmi, Hayter délaisse quelque peu ces samples pour se plonger dans un style plus folklorique. Effectivement, depuis quelque temps nous pouvons assister à un retour vers des valeurs folks de certainexs artistes, plutôt inspiréexs par les zones rurales américaines, comme les Appalaches.
Loin des basses extrêmes utilisées dans ses premiers morceaux, l’artiste s’attache aux instruments de la région, et donne sa voix aux chants locaux, comme les polyphonies. Ses textes, également inspirés par la région où elle habite, touchent à des sujets profonds, comme la dévotion et la trahison, le jugement et les conséquences, sous le fil rouge de la religion dans laquelle elle a grandi. Bien que ses précédentes sorties faisaient déjà la part belle aux textes entachés de religion et de spiritualité, »SINNER GET READY » s’inspire tout particulièrement de sa région, lourde en histoire religieuse et légendes urbaines que Kristin Hayter met en parole. »PENNSYLVANIA FURNACE » relate une légende locale selon laquelle un forgeron, enragé par une perte financière, jeta ses chien dans sa fournaise. Les chiens sont revenus des enfers pour l’y trainer à son tour. Dans »MAN IS LIKE A SPRING FLOWER », elle reprend les traités des Ménonites. Elle s’inspire aussi d’écrits enluminés du cloître monastique d’Ephrata (ancien monastère d’immigrés néerlandais en Pennsylvanie) dans »THE ORDER OF SPIRITUAL VIRGINS » et »THE SOLITARY BRETHREN OF EPHRATA ». Le premier single de l’album, »PERPETUAL FLAME OF CENTRALIA » nous plonge dans un état méditatif sur le pardon. Morceau qui est émotionnellement lié par l’utilisation d’un sample d’un enregistrement d’une figure déchue de l’Évangélisme américain (Jimmy Swaggart), sample larmoyant, que l’on trouve sur le morceau précédent, »THE SACRED LINAMENT OF JUDGMENT ». Jimmy Swaggart doit sa chute à une prostituée qui révéla au grand jour les « travers » de l’homme pieu. On peut d’ailleurs entendre une partie de l’interview de la travailleuse du sexe au début de »PERPETUAL FLAME OF CENTRALIA », qui peut être interprété comme un avertissement sur la beauté et ses déceptions.
Le mélange de faits concrets, d’écrits religieux et de légendes fait de »SINNER GET READY » un album haut en émotions et en complexité par son contenu, tant pour les arrangements musicaux que pour les textes. Une fois de plus, bien que nous n’en doutions plus, LINGUA IGNOTA nous met une claque musicale que, personnellement, je n’avais pas ressenti depuis longtemps.
En attendant le retour des lives, cet album, étouffant d’émotions, ne fera rien pour rafraîchir cette fin d’été, mais qui sommes-nous pour ne pas vouloir subir avec délectation cette ardeur.
Note : 5/5