Par un samedi ensoleillé à en faire exploser les bourgeons, je me rends au Café Campus avec mon pote Steve, photographe et dernier fan de l’Impact. Équipé d’un nouveau calepin de note, je me sens comme un plus ou moins jeune Nick Kent, insouciance et attitude rock n’roll grave.
King Khan& BBQ Show c’est le projet des prolifiques vétérans Mark Sultan (BBQ) et Arish Amhad Khan (King Khan), 2 ex-Spaceshits, formation garage montréalaise des années 90. Doo-wop-garage-punk ou plus simplement musique de tordus, King Khan & BBQ Show c’est l’art du mauvais goût bien fait. Le duo s’inspire librement du rock originel des compilations Back From The Grave, du côté malsain des Cramps et de l’humour charnel du cinéaste John Waters. Le groupe compte trois albums depuis 2005, le 4ième est attendu pour 2015. Ils assurent une présence scénique délirante toujours vêtus de costumes loufoques, création de la douce Mme King Khan, qui fait aussi une très bonne sauce piquante selon son tendre époux.
King Khan (guitare-chant-grossièretés) c’est la voix de braise puissante, qui rappelle Chris Bailey des Saints et même la trompette de Miles Davis, là peut-être que je délire. BBQ (guitare-chant-batterie) réincarne l’esprit de Buddy Holly en version totalement déjantée.
Presque impossible de les interviewer sérieusement il faut donc y aller et accepter les réponses les plus farfelues. Comme les circonstances de leur rencontre suite à une annonce placée par King Khan dans le journal Allo-Police sous la rubrique « recherche sexe énorme »….
Bien avant 22h, le Café Campus affiche complet avec une foule bigarrée pour le duo le plus dérangé depuis Suicide.
Vers 23h, les demi-dieux du rock sauvage montent sur scène vêtu de nouveaux costumes : perruques blondes, masques et cols roulés découpés au niveau des mamelons… C’est parti! Sur scène King Khan & BBQ Show, c’est le sentiment d’urgence des Stooges d’Iggy : décadent, subversif, viscéral et communicatif comme un speech d’Augusto Pinochet. Les spectateurs reçoivent une véritable décharge électrique avec Fish Fight en pièce d’ouverture, hit du 1er album. King Khan, toujours le plus volubile, nous parle brièvement de sa sœur avant d’annoncer le titre d’une nouvelle pièce : Kiss My Sister Tits, tube potentiel. Ensuite les classiques : I’ll Be Loving You, Treat Me Like A Dog, Waddin Around, Invisible Girl, Zombie, que des bombes qui cassent la baraque. Les instruments seront torturés bruyamment avec dextérité pendant 1 h 30 sans véritable pause. Un spectacle sans fautes à part la configuration de la salle qui ne permet pas une grande visibilité à moins d’être collé sur la scène ou de mesurer neuf pieds.
Au rappel, nouvelles dégaines, superbes chandails du Canadien de Montréal tricotés par la grand-maman de King Khan. Généreux en temps supplémentaire après d’autres pêches dans la poire, la soirée se termine par Why Don’t You Lie, une rare ballade. Ce qui est dommage, c’est qu’un groupe de ce calibre ne soit pas plus connu ici chez eux. C’est carrément un des meilleurs groupes de scène du moment.
Rencontré avant le spectacle, le groupe mentionnait la probabilité d’une tournée en septembre avec les Black Lips sous la déclinaison des Almighty Defenders. À suivre…
Texte: Fred Lareau
Photos : Steve Cabana