Les incontournables de la chanson québécoise

En cette semaine de la St-Jean, le Daily-Rock présente un dossier spécial sur la musique francophone québécoise. Tous mélomanes devraient être en possession de ces albums.

Tous nouveaux arrivants voulant également découvrir un tant soit peu la culture québécoise devraient tendre l’oreille.

Le Québec est une terre fertile, et toute jeune, avec une culture artistique moderne qui n’a — il faut se le rappeler — qu’à peine 50 ans. De grandes œuvres se sont créées ici, et qui, à l’exception de la langue, sont des albums de calibre international d’aussi bonne qualité que ce qui se fait à l’étranger. Les artistes d’ici n’ont rien à envier à quiconque.

Soyons fiers.

#1 Dehors Novembre///Les Colocs

Sans aucun doute l’album le plus important de sa génération. Dédé Fortin, clown nostalgique de l’état naturel, perdu dans les méandres urbains de la postmodernité. Artiste sensible au cœur triste, et décadent, les textes laissent présager la suite des choses… La tragédie a l’état pur. Les mythes se sont créés sur la rue Rachel.

#2 Rêver Mieux///Daniel Bélanger

La perfection dans la poésie francophone, atmosphérique et onirique. Un album revendicateur où l’individu tente de se déprendre des chaînes de sa société. Un album où l’on se questionne sur le monde et où l’auteur ne nous donne aucune réponse autre que «ce mieux est juste parfait». Le bonheur réside dans la simplicité.

#3 La forêt des mal-aimés///Pierre Lapointe

Le deuxième album de Pierre Lapointe, le plus français des auteurs-compositeurs québécois, est influencé de la Grande chanson francophone de Brel et Aznavour, mais avec une proposition très contemporaine. Les textes sont d’une beauté inégalable, le tout porté avec aisance et assurance dans une orchestration complexe et vivante. La pièce «Tel un seul homme» est l’une des plus grandes pièces jamais écrites sur le territoire du Québec.

#4 Le Dôme///Jean Leloup

Tout le contraire de Pierre Lapointe, ici avec Leloup on a droit à un album dépouillé, sans flafla,

5 ans après l’album précédent. Un retour tant attendu auquel on ne s’attendait plus.Un retour qui a fait de l’homme une légende vivante qui continue à écrire et composer des bijoux artistiques à jamais éternels.

#5 La cinquième saison///Harmonium

Tous les albums d’Harmonium auraient pu se retrouver dans ce palmarès. Leur deuxième album démontre à mon avis une plus grande maturité que leur premier, et plus accessible que leur troisième. Premier groupe québécois francophone à s’être rendu aux États-Unis. Il faut d’ailleurs voir le documentaire de l’ONF sur leur tournée en Californie durant le flower-power. Un très beau document, tout aussi important que les albums.

#6 Le volume du vent///Karkwa

Un album auquel on a souvent reproché le lien de parenté trop fort avec Radiohead. Mais, honnêtement, on s’en fout. Ça sonne comme de l’indie-rock planant, juste assez progressif et agressif. L’orchestration est sublime. Trop souvent considéré comme le groupe de Louis-Jean Cormier (le chanteur), c’est probablement François Lafontaine (le claviériste) qui est le vrai génie derrière le succès de Karkwa.

#7 Amour Oral///Loco Locass

L’album rap le plus vendu au Québec, ayant servi de trame sonore à l’ébauche d’une révolte sociale en 2005 et ensuite en 2008, et ensuite en 2013, les textes sont fins, précis, justes et en général très intellectuel avec des références aux philosophes et à l’Histoire. Le flow et la couleur de peau d’Eminem, mais avec un patriote dans l’âme. L’intro de Falardeau explique leur position. La collaboration avec les Charbonniers de l’enfer explique leur provenance. Les Zapartistes les aident à démontrer leur côté loco et loufoque. Et des pièces comme Bonzaion nous donnent juste envie d’aller s’effouarer s

ur le Mont-Royal ou sur les Plaines d’Abraham pour consommer l’une de nos fiertés nationales — on produit quand même le meilleur pot au monde, ce n’est pas rien.

#8 La Grande-Messe///Cowboys Fringants

La carrière des Cowboys est une suite de hauts et de bas. Depuis leur maigre début à Repentigny jusqu’au spectacle devant 250 000 personnes sur une (petite!?!) scène des Francofolies lorsque la chanson En berne était partout. L’album Break syndical les a fait découvrir de tous les Québécois, c’est quand même La Grande Messe qui pour moi représente le summum de leur carrière artistique. Les textes sont revendicateurs et ne tombent jamais dans le kitsch, comme on pourrait si facilement les blâmer. Tout au contraire les visions sont précises, les rimes sont extrêmement bien travaillées et touchantes (Plus rien, La Reine) et humaines (Ti-cul, Les étoiles filantes). Une pièce d’anthologie aux accents folkloriques qui est toujours d’actualité. Malheureusement, les albums suivants n’ont pas eu autant de succès. La suite de leur carrière les a replacé comme un groupe dépassé. Je prédis toutefois que cet album sera un jour redécouvert et servira de marque temporelle pour expliquer un pan de notre histoire.

#9 Jaune///Jean-Pierre Ferland

Cet album fait tous les palmarès du Devoir et du Voir lorsque vient le temps de parler de musique québécoise. Sorti en 1973, Jean-Pierre Ferland ne fait pas partie des mœurs de la nouvelle génération. On le connait plutôt comme le mononcle fatigant et un peu pervers qui donne des entrevues, disons spéciales dans les talk-shows. Mais, il faut écouter. Un grand album qui aurait dû recevoir la même diffusion que d’autres sortit à la même période parmi les Pink Floyd, Led Zep, Stones et Beatles.

#10??? ///Richard Desjardins

Tout comme Harmonium, tous les albums de Desjardins auraient pu se retrouver dans ce palmarès — fait sans prétention, soit dit en passant. Découvert par le public québécois comme le chanteur avec la face tatouée du film Le Party de Falardeau et sortie droit du frette Abitibien, la sensibilité de l’auteur-compositeur a touchée droit au cœur tous ceux qui ont entendu sa musique. Une légende vivante dont on saisira toute l’importance après son décès. Notre Bruce Springsteen ou Neil Young québécois. À voir ses documentaires qui sont tout aussi importants que sa musique et qui ont façonné le Québec du début du 21e siècle.

Mention honorable à :

Live à l’Oratoire///Offenbach.

Deux autres bières, ben des filles et du rock à l’Otaroire. Innoubliable.

Live à Paris///Robert Charlebois

Un hippie à Paris qui chante en joual dans les années 60. Quand même. Faut le faire.

Caféine///Caféine

Le premier album du chanteur punk-glam, album méconnu, car précédant son succès. Grande qualité. À quand la réédition?

Trompe l’œil///Malajube.

— Maman, on n’entend pas ce que le chanteur dit? Pas grave mon fils, écoute les mélodies, tu liras les textes plus tard.

Mon voyage au Canada///Mononc Serge

Yvon Deschamps et les Cyniques étaient bien drôles. Mais Serge Robert est inégalable.

Gros Mammouth album///Trois Accords

Coudonc, ya juste des hits là-dessus??

Marie-Pierre Arthur///Marie-Pierre Arthur

Le premier album de Marie-Pierre Arthur est bourré de grandes pièces qui n’ont pas reçu l’accueil qu’elles méritaient. Rien à voir avec sa nouvelle direction artistique, et pourtant, son meilleur album.

Allo Toulmond///Raoul Duguay

Expérimental et poétique à souhait. Du progressif de fucké comme Genesis ou King Crimson pouvait en faire.

Anthologie///Aut’Chose

Ne se retrouve pas dans le palmarès, car c’est une anthologie, mais il faut connaître le beatnik de Montréal Lucien Francoeur.

Anthologie///Les Chiens

Encore une fois, une compilation. Peu connu du public en général. Pourtant certaines pièces sont très radiophoniques. Pour les fans de Radiohead, Coldplay, REM. Une belle pop-alternative nostalgique et sombre.

Texte: David Atman

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