Je ré-explore pour Daily Rock à l’approche des fêtes – qui ne nous verront pas voyager de sitôt, ou revoir notre famille – le classique américain de 1939 qui reste très rock et a mieux vieilli que certains films de Tim Burton (avis controversé !).
Avant de commencer, quelques anecdotes (parfois gores) sur le film culte qui fascine tous genres de publics, des grands-parents aux excentriques, en passant par les enfants, les fumeurs invétérés ou ceux qui aiment se marrer et se bourrer la gueule au porto en regardant des films le dimanche soir (coucou). Je vous promets d’évoquer le (non-)lien avec le magnifique album de Pink Floyd à la fin.
Le film est aussi une histoire de nanas qui se disputent pour des chaussures. Dans l’ouvrage d’origine, le roman de Frank L. Baum, les fameux souliers de Dorothy sont en argent, mais la production a préféré le rouge éclatant du rubis… Courtney Love aime ça, elle qui aime jeter ses pompes sur Madonna et des journalistes autant qu’écrire des plans MS paint sur twitter pour retrouver le vol Malaysian airlines MH370. Ne change jamais, meuf.
Tout le film, mis à part le générique du début, a été entièrement filmé en studio. Une atmosphère colorisée mais claustro, comme ce passage inédit alors, du noir et blanc à la couleur, aussi magique qu’inquiétant.
Le Magicien d’Oz marque une étape dans les campagnes promotionnelles au cinéma en imprimant, pour la première fois de l’histoire, un T-Shirt à l’effigie d’un film. Ses répliques sont devenues elles aussi cultes, et sa thématique a inspiré à son tour d’autres films dont le déjanté « Sailor et Lula » de David Lynch, et donné vie à de nombreuses répliques de répliques par exemple dans « Reservoir Dogs » ou « Qui veut la peau de Roger Rabbit ».
Judy Garland y interprète Over the Rainbow, chanson devenue un classique, repris par des dizaines d’artistes, de Frank Sinatra à Juliette Gréco en passant par Harry Nilsson et Phil Collins.
Toutes les personnes de petite taille de Los Angeles ont été enrôlées pour incarner les 350 Munchkins de Munchkinland.
En 1939, âgée de 17 ans, Judy Garland reçoit lors de la cérémonie des Oscars un Prix spécial récompensant la prestation remarquable d’un jeune talent. Ceci ne l’empêchera pas d’être critiquée et manipulée à l’extrême par les producteurs. Garland mènera un âpre combat contre l’alcoolisme et l’addiction aux barbituriques, maux hollywoodiens, qu’elle perdra à 47 ans, emportée par une overdose.
Le maquillage de l’homme en fer blanc contenait de la poussière d’aluminium qui a fini par enrober les poumons de son premier interprète Buddy Ebsen. Un jour il ne pouvait plus du tout respirer et il fut emmené aux urgences. L’interprète du lion, Bert Lahr, transpirait tellement sous sa peau de 40 kilos qu’il a fallu engager deux personnes pour s’occuper exclusivement de sécher et nettoyer le costume durant la nuit. Lynx africa où es-tu ? Quant à l’épouvantail, dont le maquillage était en majeure partie constitué d’une prothèse en caoutchouc, elle a fini par laisser nombreuses marques sur le visage de l’acteur Ray Bolger.
Ce n’est pas fini… L’actrice jouant la sorcière et sa doublure ont été grièvement brûlées aux second et troisièmes degrés.
Plusieurs acteurs incarnant les singes volants (scène de l’attaque dans la forêt) ont été blessés ; les câbles auxquels ils étaient suspendus ayant subitement lâché, les faisant ainsi chuter de plusieurs mètres de haut.
Pire, dans la célèbre scène du champ de coquelicots – symboliques du sommeil et de l’opium – la neige utilisée était faite à partir d’amiante au chrysotile (asbestos) malgré la dangerosité du produit. Ah Hollywood de la pré-guerre, ne veillant aucunement à la sécurité et/ou bien être de ses employés… Mais tiens c’est pareil en 2020, Mr Weinstein confirme.
Quel super article sur un film cramé des années trente, dis donc… que vient-il faire dans un magazine de rock ? Et Pink Floyd dans tout ça ?
Ayant finalement tenté l’expérience du visionnage synchronisé avec l’album « Dark side of the moon », je peux certifier que dès « Money », la 5ème piste (arrivée de la couleur… le « money » de Hollywood) , ils ne collent plus vraiment. Ecouter le profond « Us and them » sur fond de danse acidulée des munchkin était une expérience particulièrement éprouvante. J’ai préféré mettre un terme à cette synesthésie désastreuse. Dommage, car à l’ouverture et durant la scène de la tornade, « Great gig in the sky » se mariait raisonnablement bien avec la maison tournoyant dans les airs et Dorothy hurlant ! Un vrai « gig » ouais.
Ce lien avec le film de Victor Fleming est l’une des légendes urbaines les plus répandues à propos de Pink Floyd. Elle s’est amplifiée au milieu des années 1990, avec l’arrivée du Web et des premiers groupes de discussions.
La personne ayant véhiculé cette rumeur serait-elle le premier troll de l’histoire ? Sans doute. Roger Waters aurait-il initié ceci sans les trois autres ? Nick Mason, batteur de Pink Floyd, dit ne pas « vraiment se souvenir d’avoir composé l’album pour ce film » car « il était trop bourré à l’époque ». Ailleurs, il nie en bloc, sarcasme à l’anglaise, disant que ça correspond davantage à « Sound of Music » (tiens, un autre film de Noël).
Alors, film de Noël ou film laborieux ? Il peut se marier selon vos agréments et condiments de choix : à vous de voir, et joyeuses fêtes, même si vous préférez Die Hard avec pour réveillonner. [Krisztina Kovacs]
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