Le groupe Suisse Kruger vient de terminer une tournée au Québec et Daily-Rock par l’entremise d’Ève, a rencontré le groupe entre deux concerts.

« Juste-au-core »

C’est dans un appartement typiquement montréalais, habité par deux Français, autour de quelques gaufres belges et de sirop d’érable québécois, que j’ai rencontré le groupe suisse Kruger.

Le groupe est à Montréal à l’occasion de leur première tournée au Québec  -avec un arrêt à Ottawa- qui s’échelonne du 6 avril au 14 avril. Après des concerts à Trois-Rivières, Sherbrooke et Montréal, ils seront à Ottawa le 11, à St-Hyacinthe le 12, à Québec le 13 et ils reviennent à Montréal le 14.

L’entrevue s’est déroulée pendant que Reno (voix) massait avec vigueur le dos de Blaise (basse). Mais ça, ce n’est pas important. Et c’était Pâques. Mais ça non plus ce n’est pas d’une importance capitale.

Q : Pourquoi avoir accepté de venir faire une tournée au Québec?

R : Parce qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. C’était littéralement notre dépucelage de l’Atlantique. On nous a invités, alors nous quand on est invités on y va! C’est chouette de faire 12 heures de vol pour aller le plus loin possible pour notre passion. On voulait augmenter le ratio kilomètres/morceaux joués. (rires) Et comme on dit : les voyages forment la jeunesse!

Q : Pour les gens qui ne vous connaissent pas et qui vont lire ce papier, qu’est-ce que vous faites comme musique?

R : Du métal qui ne parle par de dragons, ni de princesses, ni de vikings, ni de drakkar, ni du fait d’avoir beaucoup de muscles.  C’est difficile de répondre à cette question parce qu’on a changé d’étiquette à chaque album. Au début c’était du hardcore, là c’est du postcore, on a eu du pas-d’ac-core et du juste-au-core et pour le cinquième album on va faire du en-core! (hilarité générale)  Mais si on dit moins de bêtises, on faisait du métal un peu plus rock n’ roll au début et à mesure que les albums sont sortis c’est devenu d’avantage technique,  un peu plus mélodique, et plus brutal. On aime l’alliage de la finesse et beaucoup de « bourrineries ».

Q : À quoi ressemble la scène métal en Europe?

R : C’est différent dans chaque pays, mais en Suisse par exemple, même si c’est un petit pays il y a beaucoup de groupes de métal. On peut citer Nostrono et Knut qui nous ont ouvert la route. Entre le Québec et de l’autre côté de l’Atlantique c’est deux mondes différents.

Q : Avez-vous des plans précis pour le futur?

R : Kruger c’est un projet en dilettante. On prend tout ce qui se passe comme des bonus sans s’en faire avec le futur. On est assez contents de notre sort.

Q : Comment se passe la création de vos albums? Ça a changé au cours du temps?

R : C’est chaque fois plus long et laborieux! C’est toujours aussi peu structuré en fait, y’a personne qui écrit un morceau entier. On est un groupe composé de quatre arrangeurs principaux, une personne amène la base et après on passe notre temps sur un riff à enculer des mouches pendant huit heures sans aucune structure, donc effectivement ça prend une éternité pour arriver à quelque chose. Et là, en plus, on a tous moins de temps, on peut moins répéter donc ça devient très, très, très long. Il n’y plus beaucoup de mouches qui sont pucelles dans notre local! (tout le monde rit y compris la journaliste)

Q : Est-ce qu’on peut s’attendre à un album bientôt?

R : On bosse sur des morceaux, mais pour l’instant y’a encore beaucoup de travail. On ne peut pas vraiment annoncer de quelconque date de sortie pour l’instant.

Q : Comment se déroulent les tournées?

R : Les tournées ne se passent pas souvent! (rires) Quand on tourne tout se passe habituellement très bien. Depuis quatre ans, on arrive à faire une ou deux tournées  d’une ou deux semaines par année. C’est énormément de boulot organiser une tournée, surtout quand on traverse l’Atlantique, mais c’est tellement gratifiant! Et étant donné que ce n’est pas très payant, on reçoit toujours des subventions pour faires des tournées. On est un groupe subventionné! Il faut dire aussi que les gens qui nous font venir sont toujours géniaux. Faire des tournées c’est à peu près le meilleur tourisme au monde.

Q : Comment sont vos fans? Quelle relation vous avez avec eux?

R : Nos fans sont beaux. Non. Ils sont magnifiques! Nous sommes toujours très touchés quand des gens viennent nous dire qu’ils aiment ce qu’on fait. Et on est toujours surpris de voir des fans venir au kiosque de marchandise et acheter deux ou trois albums en même temps. On a même des fans qui font beaucoup de kilomètres pour venir nous voir, certains ont même vu nos spectacles 12 ou 13 fois! Ce qui est intéressant aussi c’est que l’âge de nos fans varie de 18 à 45 ans. On est une sorte de pont entre les générations, nos fans viendront sûrement voir nos concerts avec leurs enfants bientôt. Et ce qui est important de dire c’est qu’on croit que les gens aiment Kruger parce qu’ils sentent qu’on est un groupe honnête.

Q : C’est quoi votre rapport à l’image?

R : On veut fucker les clichés habituels de la musique métal. On prend la musique très au sérieux, mais pas le métal. Mais, on est toujours très contents d’être bien peignés.

Q : Comment vous appréhendez votre tournée au Québec?

R : À date nos shows ont été peu fréquentés. Il n’y a avait pas beaucoup de gens à Trois-Rivières et à Sherbrooke c’était encore pire; seulement deux entrées payantes. Alors on a surtout joué pour les membres des autres groupes qui étaient programmés le même soir. Mais c’est pas très grave parce que même s’il n’y a pas beaucoup de gens on prend tous nos shows au sérieux. Il faut dire aussi que pour le premier show, on venait de débarquer de l’avion et on n’avait pas beaucoup dormi. On espère qu’il y aura plus de monde aux autres concerts.

Q : Avez-vous des scoops?

Raph : moi j’ai déjà eu des relations sexuelles… avec d’autres personnes!

Margo : Moi je suis enceinte et j’ai déjà dansé nu backstage!

Reno : Jak va devoir bientôt aller chez le coiffeur.

Propos recueillis par Ève Lemay

 

Merci à Show Montréal pour l’organisation de cette tournée.