JON GOMM & VINCENT SCHMIDT – En conversation

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Nous avons laissé le micro ouvert pour Jon Gomm et Vincent Schmidt pour une discussion ouverte sur leur vie, leurs peurs et ce qui les fait vibrer !

Jon : Je crois qu’il serait bon de se présenter avant de commencer ! Je suis un guitariste acoustique, et chanteur. On me connaît pour la façon presque extrême dont je joue de la guitare : j’utilise de multiples techniques pour sortir des sons de cet instrument. C’est de la folk traditionnelle, mais j’approche la guitare de manière différente.

Vincent : Je suis guitariste, j’ai commencé à 8 ans. J’ai fait de la guitare classique, puis électrique… Et j’ai découvert tes vidéos ! Ce fut une révélation qui a changé ma vie. J’ai pris ma guitare classique et j’ai cherché à recréer ton son, c’était horrible ! (rires). J’ai découvert Chris Roots et son morceau  »Rolling Hills », puis Tom Emmanuel, qui s’est retrouvé presque à être mon mentor, j’adore sa façon de jouer. Et quant à toi Jon, tu as influencé la façon dont j’utilise mes doigts.

Jon : Les gens utilisent leurs guitariste de manière unique. Ils arrivent à suivre les guitaristes, mais moi je n’ai jamais suivi qui que ce soit. Je ne sais pas jouer d’autre instrument en fait, je n’ai jamais cherché à faire de la guitare instrumentale, je voulais surtout faire de la musique et je trouve que cet instrument convient le mieux à ma personnalité. Je suis très geek et j’adore les petits trucs de la guitare et ce qu’elle fait.

Vincent : Tu as pourtant fait beaucoup de cours non?

Jon : Oui oui, mais j’étais surtout intéressé par le son, la production, pour moi c’est le même véhicule. Mais tout cela devient ésotérique !

Vincent : Retournons au MIGS ! Je me réjouis de voir tous ces luthiers!

Jon : Il y a beaucoup de luthiers en Suisse ? Ou une communauté de guitaristes ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir joué en Romandie !

Vincent : Dans la partie francophone, je ne crois pas qu’il y en ait beaucoup. Il y a le Guitare en Scène en France voisine, mais la partie Allemande absorbe la majorité de ces événements. Du coup ici, on a le Montreux Jazz Festival, mais le MIGS sera le premier festival de ce genre !
Jon : Je connais le Montreux Jazz, ma femme y a joué. Je suis super jaloux du coup je me réjouis de pouvoir jouer à Montreux aussi, et frimer un peu (rires). On va jouer dans un Casino non ?

Jon Gomm



Vincent : Oui, le Casino Barrière !

Vincent : Tu as sorti un album, complètement différent de ton travail précédent.

Jon : Je pense que la façon dont je compose est différente. Je crois que je suis plus en contrôle de ce que je fais. Les morceaux sont peut-être plus simples, mais la guitare ne l’est pas. Disons que tout semble moins difficile, certains titres sont plus pop, c’est ce que j’aime dans la composition. J’aime la musique sixties, eighties, des trucs très pop !
La production est assez différente aussi, je parlais de guitare avec mon producteur : si tu écoutes de la musique acoustique dans un bar, un restaurant, tu peux entendre une mélodie ou des mots, ce n’est pas vraiment fort. Mais dans un environnement tranquille, tu peux entendre les vibrations de la guitare, le treble. Tu n’as rien d’autre que ce bruit haut perché ! Je lui ai dit  »Je ne veux pas de cela ! » donc nous avons ajouté beaucoup d’EQ, nous avons rajouté des synthés. C’était important pour moi de ne pas briser ce sens que c’est bien moi qui joue, qu’il n’y a rien de caché. Un de mes amis utilise une loop station lorsqu’il jouait dans la rue. Beaucoup de personnes venaient vers lui, lui dire  »ce n’est pas toi qui joues ! ». Comme quoi il y a quand même des salauds ! (rires) Je veux dire, les gens n’aiment pas se sentir trompés. Si tu veux leur offrir quelque chose, il faut que tu sois authentique. Si je fais un concert avec que moi avec ma guitare mais que j’utilise de la percussion avec par exemple, je veux que les gens soient capables de voir que c’est bel et bien moi qui fait tout ! Dès que tu rajoutes quelque chose qui semble bizarre, alors les gens perdent ce côté instinctif. J’aime ce côté traditionnel de la guitare, même si je ne suis pas traditionnel dans ma façon de jouer !

Jon : Tu ne trouves pas que c’est important ?
Vincent : Oui, j’aime ce côté instinctif, et j’aime que les guitares fassent une partie presque complète de son corps. Je sais que ta guitare est très grande.

Jon : Oui, c’est pour avoir plus de low-mid range, et je suis assez grand donc c’est important d’avoir quelque chose à ma taille.

Vincent : Je dois t’avouer que j’avais une guitare trop grande pour moi et que je l’ai cassée, elle est tombée et impossible de la réparer ! Dommage, j’aimais bien son son.

Jon : J’ai remarqué qu’il y avait deux styles de guitariste : il y a ceux de l’école de Tommy Emmanuel, qui est incroyable dans son finger-picking, et quelque chose de plus différent, à la Don Ross, Thomas Lee. Mais je crois que notre équipe a gagné ! (rires) Le finger-style au tuning différent, avec du tapping et tout, c’est devenu super populaire. Les guitaristes plus jeunes sont intéressés par ce genre de choses, de varier les techniques, savoir faire un peu de tout.

Vincent : Je fais très peu de finger-picking lorsque je joue !

Jon : Je déteste ça ! (rires)

Vincent : Des guitaristes plus anciens et traditionnels sont aussi en train de mélanger les styles.

Vincent Schmidt

Jon : Je joue au plectre de temps en temps, mais c’est plus difficile pour moi. Si tu as appris à jouer au plectre, c’est plus difficile de contrôler ce que tu fais, je trouve. J’ai appris à jouer de la musique très jeune, j’éteignais toutes les lumières pour jouer, j’écoutais des albums en cachette je me cachais… J’avais sept ans, c’était bizarre ! (rires) J’adorais les Beatles, et des trucs un peu plus étrange ou mainstream comme Madonna – d’ailleurs ses albums des années 80 sont INCROYABLE ! Vangelis aussi, qui a fait la musique de Blade Runner. J’adorais The Shadows, un groupe des années 60, super atmosphérique, bref des groupes qui racontent des histoires. J’aime cette idée de créer des environnements, des paysages musicaux. Certes, la guitare était là, mais ce n’était pas l’instrument principal. Vers 13-14, je me suis mis à des trucs plus axés guitare. Ce sont tous des groupes que j’écoute encore, j’adore par exemple Satriani. Il fait des mélodies super intéressantes, uniques, je trouve dommage que l’on ne remarque pas assez son côté compositeur. Il est un guitariste incroyable donc je pense que les gens se focalisent plutôt là-dessus.

Vincent : Les morceaux de ton dernier album comme  »Universal Biology » sont vraiment différents, super hardcore.

Jon : Je ne sais pas d’où ça m’est venu ! Ça parle de physique, de cosmologie, comme quoi tout est connecté. Je ne suis pas croyant, mais certains de mes amis le sont. J’ai un enfant, elle me pose pleins de questions, et il faut que je lui explique tout ! Je veux aussi comprendre qui je suis, quelle est ma place dans l’univers, mais aussi même ses débuts, remonter à l’origine des choses. Cela me permet d’assimiler le monde autour de moi de manière plus saine. Les gens trouvent un sens à leur vie en pensant qu’ils sont issus de Dieu, que la religion leur donne un sens. Mais la réalité de la création est tout aussi fascinante. Tu existes parce que tes parents se sont démenés pour avoir un enfant, l’élever, faire de la place dans leur vie pour faire que tu sois heureux. Tes parents existent parce que leurs parents ont fait pareil… Cela revient à des milliers, des millions d’année. On se reproduit, on protège nos enfants pour qu’ils survivent. La vie n’est pas magique, elle a évolué depuis la formation de la matière dans l’univers. Le nombre de choses dans l’univers, tout ce qui a été créé toutes les choses qui sont arrivées ont mené… à toi… à moi… à ma fille. Tout ce que nous savons, c’est nous-mêmes. Cela me donne la chaire de poule. C’est bien plus important que ma vie. J’espère que c’est du bon matériel pour cet interview ! Désolé ! C’est ce que veut dire la chanson ! (rires)

Jon : Tu es déjà allé à ce genre de rendez-vous comme le MIGS ?

Vincent : Non jamais !

Jon : Tu vas adorer. J’adore l’opportunité d’essayer de nombreux instruments. Certains, tu les toucheras une fois dans ta vie. Il y a de moins en moins d’instruments, les gens achètent tout en ligne, tout est très clinique. Tu vas sur internet et tu peux acheter ce que tu veux. Quand tu vas dans un magasin, c’est presque démotivant, ils n’ont que 200 guitares, bien moins que sur internet ! (rires)  Quand tu vas à des conventions, tu vois des trucs dont tu n’aurais jamais rêvé ! C’est vraiment cool, et tu peux découvrir des choses que tu aimes ou d’autres choses que tu avais oublié que tu aimais. En tant que fan de guitare, c’est un expérience unique.

Vincent : C’est un rendez-vous de geeks ! Il y aura tellement de musiciens, de fans de musique, sans oublier des intervenants incroyables.

Jon : J’ai entendu parler de Ben Poole, un de mes amis m’en parlait l’autre jour. J’ai regardé certaines de ses vidéos, il est génial ! La façon dont il utilise sa guitare est aussi agressive que tendre, tout en gardant cette patte blues. Les sentiments sont si intenses ! Je me réjouis de le voir ! Martin Miller, c’est un de mes amis. C’est un guitariste électrique, il fait du rock prog hyper technique, il shred comme un fou… Mais joue de la guitare jazz à la perfection ! Il chante super bien aussi !

Vincent : Tu trouves que le finger-style à la guitare se popularise ?

Jon : Oui. C’est un vrai style qui marche avec les vidéos, et on est tous là-dessus : Youtube, TikTok, Instagram… J’ai découvert beaucoup de jeunes musiciens qui font des trucs incroyables. J’adore ce style. Quand j’étais jeune, et que je voyais quelqu’un faire quelque chose de différent à la guitare, j’étais toujours bluffé. Même maintenant, y a des gamins qui me font dire  »wahou ! » Je crois que je leur pique des trucs ! Aucun guitariste ne devrait jouer en face de moi, je vais lui voler ses idées ! (rires)

Jon: Cela ne t’es jamais arrivé ? D’être complètement bluffé par un artiste ?

Vincent : Oui, Tommy Emmanuel, quand j’avais 14 ans. Je l’ai vu à Zürich, avec le son de basse et le son de la guitare, tellement fort !

Jon : J’ai eu de la chance de jouer avec sa guitare un jour. Il a un setup unique, chaque frette résonne de manière incroyable. Il se détune aussi d’une manière que peu de gens font, parce que c’est très risqué. Ses guitares en studio ne sont pas pareilles que celles en live. On verra tout cela au MIGS je pense ! D’ailleurs, on pourra essayer d’autres pédales, d’autres effets, et discuter avec les artisans et artistes.  Je pense qu’on en apprendra beaucoup. Je vais y faire un masterclass le dimanche. Il y a des choses de base que les personnes veulent savoir, comme le tapping et la percussion sur la guitare. Certains pensent qu’il faut être un musicien aguerri pour faire ça, mais ce n’est pas si compliqué. Je vais aussi essayer de montrer aux gens des manières différentes d’approcher la guitare. Certaines personnes ont une manière particulière d’approcher leur instrument: les gammes, les cordes, le style, elles se construisent une idée ce qu’elles veulent selon leur sons préférés, ou leurs guitaristes fétiches. J’aimerais montrer que la guitare est un objet avec lequel on peut faire tout et n’importe quoi ! Si je donne un papier et de la peinture à un enfant, plus tard, peut-être que la peinture ne sera même pas sur le papier ! (rires) mais l’expérience que l’enfant aura, son travail et ses idées seront uniques. Le travail d’étude est incroyable. Si j’essaie de jouer comme Kurt Cobain jouait, ce serait un travail super dur pour moi. Il arrivait à voir la guitare de manière très créative, il faisait des choses que nous, ou d’autres musiciens de session, n’y penseraient même pas. Vincent : Parfois ce n’est pas qu’une question d’arpèges !

Jon : A qui le dis-tu ?! Je connais toute la théorie mais je n’y pense même pas lorsque je compose.

DIMANCHE 01.05.2022 – 20h00
Concert Jon Gomm, première partie Vincent Schmidt (salle de concert)

Sites : www.jongomm.com // www.vincentschmidt.ch










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N° 151 - Avril 2023

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