Le Corona a été envahi l’espace d’une soirée, par la Nouvelle-Écosse alors que l’auteur-compositeur Joel Plaskett débarquait avec sa troupe de musicos. Encore peu connu du public québécois, l’artiste, originaire de la région d’Halifax, a pourtant beaucoup de succès partout au Canada. Il est déjà une légende vivante, l’un des auteurs-compositeurs les plus importants de sa génération. Membre du groupe Thrush Hermit dans les années 90, sa carrière prend le tournant solo à l’aube des années 2000. Depuis, un album à chaque deux ans voit le jour soit sous son propre nom, soit accompagné, de son groupe Emergency. Son C.V. regorge de prix remportés au East Coast Music Awards, de nominations au prix Polaris, et même un Juno Award en 2010 pour l’album triple Three. Au Québec, on le connaît peu, mais son nom vous est peut-être familier; Joel Plaskett, c’est lui qui a assuré la première partie de Sir Paul McCartney sur les Plaines en 2013. Mais concrètement, le succès au Québec tarde, la moitié du public provient des Maritimes et la salle est loin d’être comble.
En première partie, Mo Kenny – aussi guitariste pour M. Plaskett, je l’apprendrai plus tard – artiste solo à la base, elle est ici accompagnée de deux musiciens. La proposition de départ semble intéressante, quelque part entre l’indie-pop-punk des Breeders et les chansonnettes folk de Sheryl Crow. La demoiselle a une jolie voix, surtout lorsqu’elle pousse la note un peu plus haut. Elle a aussi un jeu de guitare blues plutôt impressionnant sur certaines pièces. Mais, les arrangements sont excessivement pauvres et immatures. Un peu comme si les musiciens avaient été prévenus 48h à l’avance qu’ils partaient en tournée. J’aurais de loin préféré l’entendre en solo plutôt que de devoir endurer deux musiciens en manque d’imagination qui ne font que remplir la musicalité par de l’insignifiance. Certaines chansons sont quand même plutôt intéressantes…ah non attendez, ce sont des reprises !?!? On repassera.
Deuxième fois que je voyais Joel Plaskett en spectacle qui vient relativement régulièrement à Montréal depuis 1993 selon ses propres souvenirs, soit à l’Université Concordia ou au regretté Jailhouse Rock, ça ne nous rajeunit pas, en première partie de Sloan. Le mec est un vrai nerd, il a d’ailleurs une forte ressemblance avec le personnage d’Éric dans That 70’s Show, avec ses pantalons propres et ses souliers pointus. Mais il ne faut pas se leurrer, Plaskett sait très bien ce qu’il fait. Il joue de la guitare comme un dieu du rock et possède une voix puissante et versatile. C’est le rocker le moins prétentieux que j’ai pu voir sur scène. Le mec est tout simplement heureux d’être là, sa bonne humeur est contagieuse. On voit tout de suite qu’il réalise qu’il a le plus beau métier du monde. Il passera d’ailleurs de longs moments à nous raconter des histoires ultra-personnelles; sur sa blonde, son père, et une histoire déjantée sur la fois qu’il a fait de la tournée dans le motorisé que John Candy conduisait dans le film Stripes avec Bill Murray. Le pacing entre les pièces de son plus récent album The Parc Avenue Sobriety Test ou ses classiques comme Ashtray Heart, You Let me Down et Work Out Fine, dans laquelle il aurait, semble-t-il, incorporé le texte de la pièce Royals de Lorde !?! est parfait et résume de façon magistrale une longue et fructueuse carrière. Soirée réussie.
Texte: David Atman