Il est assez rare qu’un artiste, autre qu’un Québécois, vienne faire un show à Montréal sans qu’il soit en tournée ou ait du nouveau matériel à promouvoir. C’est toujours une belle surprise lorsque ça arrive. Et même si Jeff Martin est canadien, il vit maintenant en Australie, l’on peut donc dire qu’il a fait un bout de chemin pour venir nous voir. Mais avant toute chose, il y a bien sûr un groupe bien de chez nous qui est là pour réchauffer la salle et c’est à Chair Warriors qu’est revenu le grand honneur. Le trio qui s’est formé à Laval il y a 8 ans a sorti cette année un nouveau disque intitulé Dawn of Edo et fait tranquillement son bonhomme de chemin vers le succès. À voir les réactions enthousiastes dans la salle, je suis prêt à parier qu’ils ont gagné de nouveaux admirateurs ce soir. Il faut dire que le chanteur Brandon Mignacca possède une superbe voix et un charisme contagieux. Le trio dégage encore une aura de groupe amateur sur scène, mais ils sont si absorbés par le moment qu’il en résulte un charme certain. On leur réservera une ovation digne de ce nom à la fin de leur spectacle qui se conclut par leur nouveau single Lights Out. Seul fait inusité, même si le stage est vide, ils sont tous les trois assis complètement à la gauche de celui-ci, bien tassé les uns sur les autres. Vraiment bizarre.
Une prestation aussi intime que si l’on était entre amis
On s’attendait bien sûr à un show intime de la part du chanteur de The Tea Party, mais quand le seul «roadie» présent, que Jeff affirmera à la blague ne pas connaitre, n’apporte qu’un petit banc et un petit micro sur pied en guise de préparation de la scène, l’on en a la certitude absolue. C’est sans aucune présentation que le célèbre chanteur se présente devant nous. Comme s’il était entre amis, il commence directement en s’adressant à la salle et nous explique que ce sont ses collègues Stuart et Jeff qui lui ont demandé de revenir au pays pour pratiquer et quoi de mieux qu’une petite soirée à l’Astral pour se remettre dans le bain. Il nous rappelle avec quelques anecdotes qu’il a déjà habité au vieux Montréal et commence justement avec Coming Home. Une belle entrée en la matière qui donne le ton de la soirée.
Même s’il est professionnel à souhait, que son jeu de guitare acoustique six ou douze cordes est fluide et que sa voix est comme toujours grandiose, on a vraiment l’impression que l’on assiste au jam d’un de nos bons amis musiciens directement chez lui. Si la majorité des morceaux proposés sont tirés de la discographie de The Tea Party, il ne cessera jamais tout le long de sa performance d’introduire dans ceux-ci des bouts de chansons d’artistes classiques aussi connues que Jonh Lennon, The Doors, Jimi Hendrix et bien sûr Led Zeppelin. Chaque transition se fait tellement naturellement que l’on a presque l’impression qu’il a composé chaque pièce de cette façon et c’est là tout son génie en live.
Un émouvant hommage et un voyage à travers le monde
Un des moments le plus pognant et émotif du spectacle est un hommage au chanteur de The Tragically Hip Gord Downie, mort plus tôt cette année, avec un excellent medley mélangeant allégrement Requiem, Bobcaygeon et Hurt. Il est fou de voir comment cette dernière chanson, originalement de Nines Inch Nails, est utilisée à toutes les sauces depuis qu’elle a été reprise par Johnny Cash.
Si la prestation ne dure qu’un peu plus d’une heure et quart, l’on aura amplement le temps de passer une soirée magique où l’artiste canadien nous fera voyager partout dans le monde autant avec ses histoires qu’avec sa musique rock qui ne manque pas d’influences du blues, du jazz, du country et de la musique du Moyen-Orient qui lui est si cher depuis ses débuts. Tous ceux qui sont ici ce soir pourront vous dire à quel point le déplacement en valait la peine. Et les vrais fans ont même droit à une bonne nouvelle quand il annonce, en quittant la scène pour de bon, que The Tea Party sera en tournée l’an prochain. Ne manquez pas votre chance d’y être à leur passage dans la métropole.
Texte: Sébastien Léonard