Certaines légendes meurent alors que d’autres ressuscitent. Harmonium, le groupe québécois le plus important renaît de ses cendres après 40 ans de silence. 40 ans de silence plus une minute en honneur de Leonard Cohen.
Le silence n’est-il pas le huitième niveau de conscience, venant tout juste après la sagesse? Mais 40 ans, ce fut, disons un peu long. L’étincelle qui a redonné vie à l’Histoire avec un grand H, c’est un producteur de Sony qui a retrouvé les bandes maîtresses originales de l’album concept L’Heptade que tous croyaient à jamais disparues. Enfin le groupe pouvait retourner jouer sur la planche à dessin et retrouver leur sourire d’enfant, et ce malgré les cheveux grisonnants.
Le Métropolis est bondé en ce mardi 15 novembre 2016, plusieurs vedettes sont présentes, mais l’endroit est surtout bondé de journalistes qui se garrochent pour obtenir un petit morceau du Fou Fiori et du Sage Valois.
Le Daily Rock a eu l’immense privilège de pouvoir s’entretenir un bref instant avec les membres originaux du groupe qui nous ont stipulé deux choses avant même de commencer:
1— Le retour sur scène d’Harmonium est très très improbable.
2— La composition de nouvelles pièces d’Harmonium est pour sa part très probable.
Nous espérions un retour sur scène qui n’aura jamais lieu. Et nous n’espérions plus de nouvelles chansons, et pourtant c’est ce qui se produira. Fiori nous déclame sa joie d’être présent ce soir. Sa joie d’enfin avoir un vrai lancement pour l’Heptade. En 1976, lors de la sortie de l’album, le groupe était sur scène à Caraquet et regardait de loin l’élection de René Lévesque. L’impression de remettre l’Histoire en place.
Fiori est ému d’être en compagnie de tous les gens qu’il aime et précise sa passion pour le travail en studio, là où il se sent comme un poisson dans l’eau, en opposition à la performance sur scène, ou même donner des entrevues. Fiori ajoute qu’il est présentement à l’écriture de certaines chansons pour d’autres artistes. Évidemment nous avons tenté d’en savoir plus, mais sans succès, Fiori don’t kiss and tell.
D.R.: Même si aujourd’hui nous avons l’impression que la musique d’Harmonium dès sa sortie fut considérée comme totalement nouvelle, nous sommes tous influencés de quelqu’un ou de quelque chose. Qu’est ce que le groupe écoutait dans la van de tournée en 1970. Des mantras tibétains? Du blues d’esclave? Du Zappa? Du Velvet Underground? Hendrix?
Serge Fiori: Nous étions et nous sommes toujours de grands admirateurs de Jaco Pastorius et de son groupe Weather Report. La musique de Pastorius a été une grande influence pour nous tout au long de notre carrière et même si son style diffère du nôtre, sa façon d’être libre dans son travail créatif nous a toujours plu. J’encourage tous vos lecteurs à écrire ça dans Google; Weather Report. Un groupe qu’il vous faut connaître si ce n’est déjà fait.
Sur cette suggestion, le groupe se fait kidnapper par des journalistes plus importants, ceux de Radio-Can et d’Echo Vedette qui leurs posent toujours et encore les mêmes questions, celles entendues à Tout le monde en parle. Les questions dont nous savons déjà les réponses: «Non, Harmonium ne consommait pas de drogues pour composer sa musique». Disons juste que nous aurions eu de meilleures questions à poser. Notre entretien fut bref, mais rempli de magie. Croiser le regard de ces personnages et leur serrer la pince restera un moment bien gravé dans ma mémoire. Longue vie aux Fous et aux Sages.
Texte: David Atman