Un vrai bonheur de voir le KIFF à nouveau plein à ras bord pour la venue de deux pointures du metal progressif. Les Américians de Between The Buried And Me (BTBAM) ont lancé les premières salves en faisant honneur à leur dernier album studio paru il y a un plus d’un an, « Colours II » et à quelques classiques. Le plaisir de retrouver la scène et leur public était évident et les fans massés dans la salle argovienne le leur on bien rendu. Chanteur et claviers de BTBAM, Tommy Giles Rogers ne tient pas en place et titille l’assistance en permanence. Sa belle voix naturelle peut basculer en un clin d’œil vers le plus sourd growl. La musique de BTBAM, technique mais jamais ennuyeuse, flirte avec divers styles musicaux. D’une base de metal progressif, il emprunte parfois au jazz, au metal pur et dur ou aux musiques de films accompagnant les œuvres muettes du début du 20 ème siècle, tout en gardant une ligne rythmique puissante sans négiliger la mélodie. On pense parfois à Faith No More ou Diablo Swing Orchestra. BTBAM conclut son set avec l’immense «Voice of Trespass » dont le refrain est repris en chœur par les fans… une bien belle première partie de soirée !
Haken, dont le nouvel album « Fauna » est sorti le jour-même du concert au KIFF, comptait bien célébrer dignement cet événement. Pour les plus curieux, trois titres – prometteurs – avaient déjà été diffusés en ligne ces dernières semaines. Force est de constater que les Londoniens mettent le paquet dès les premiers titres « Prosthetic » et « Invasion » puis nous livrent une de leurs pièces maîtresses, « Falling Back To Earth », 12 minutes de pur bonheur pour les oreilles, perle d’un de leurs albums majeurs, « The Mountain ». La setlist est judicieusement composée, alternant titres du nouvel album et pièces maîtresses des albums précédents. Ross Jennings, au chant, est toujours aussi sympathique et charismatique, jetant à point nommé quelques gouttes d’huile sur le public en feu. Richard Henshall et Charles Griffiths aux guitares sont impressionnants de technique et d’efficacité sans tomber dans l’emphase. A les voir, on dirait que tout un chacun pourrait planter un de leurs soli. Avant de terminer le concert avec la suite « Messiah Complex », Haken joue l’un de nos titres préférés, « Carrousel » qui exprime l’essence du groupe, une voix assez haute perchée aux accents parfois presque poppy, une rythmique soutenue, une mélodie pure et des riffs affûtés subtilement dosés. On ne le redira jamais assez à ceux qui ont trouvé les deux albums précédents un peu trop techniques voire froids, Haken transcende ses titres en live, un vrai groupe de scène.