Un palais d’argile, cela fait penser à un palais fragile, un peu à l’image du colosse biblique aux pieds d’argile, synonyme de royaume d’apparence puissante, mais fragile à sa base. Ici le palais conté par les Parisiens, c’est notre monde d’aujourd’hui. Coincé entre ses ambitions perdues et ses espoirs déçus, entraîné par une société capable de tant de froideur, de distance, d’asservissement aux machines, il semble effectivement bien vulnérable. Pourtant, tel la glaise fraîche, si on veut bien prendre le temps de malaxer la matière, elle chauffe doucement, s’assouplit et peut prendre un nouvel aspect, avant de sécher. Il ne faut pas tarder donc. Pour Feu! Chatterton, cela passe par des pistes de réflexion autour du rapprochement tactile, d’une forme de retour à la simplicité, imaginant même un homme qui ne se nourrirait que de soleil. Un message pas forcément novateur, mais qui sous la plume d’Arthur Teboul prend une tournure naturellement aussi poétique qu’intrigante et touchante. Cet équilibre précaire entre certitudes et quête de renouveau, on le retrouve aussi dans l’aspect moins enlevé que le groupe a fait prendre à sa musique. Aimant laisser ses compositions évoluer sans règles, son univers a glissé doucement vers une forme très electro, plus introspectives, moins rocailleuse. Hélas, un des défauts de l’argile c’est qu’à force d’être malaxé, il devient lisse, et si on ne pense pas à l’humidifier, si on l’oublie dans son emballage même joliment bleu, il finit par se figer. Impossible alors de lui redonner une nouvelle forme. Et ce palais-là manque un peu de relief, de pourtours accidentés.
Note: 3.5/5