Bienvenue dans les Ardennes françaises, côté Charleville-Mézières, au festival Cabaret Vert. Un grand petit festival, dans la ville, situé plus précisément sur le site Bayard, une friche autour de l’ancienne usine : La Macérienne. Un beau lieu qui met en avant à la fois la culture, l’écologie et le vivre ensemble. Ce festival, ma foi très éclectique, existe depuis 2005 et fait de plus en plus d’émules chaque année de part sa programmation unique. Cette année, le public a eu droit à des artistes qui vont d’Orelsan en passant par Stromae, Gaetan Roussel, Veronique Sanson et Slipknot.
Daily Rock a été voir tout cela de plus près en ce jeudi 18 août bien sûr avant tout pour Slipknot, mais aussi pour tester ce festival dynamique qui commence à se faire un beau nom dans cet univers.
A peine arrivée, c’est un très bel endroit qui se dévoile à nous avec de beaux décors, des stands divers et de belles scènes prêtes à accueillir de grands noms de la musique.
La journée concert démarre pour nous avec le concert de Disconnected sur une petite scène à l’entrée du site : Razoback, la scène la plus rock – alternative de la journée. Et bien sûr comme à son habitude, Disconnected fais le show. Un public assez clairsemé au début mais ce ne sera pas pour longtemps car l’énergie du groupe est plus que communicative et attire une foule de plus en plus nombreuse. Disconnected c’est du bon gros rock entrainant, une patate d’enfer et des gros riffs. Pas étonnant que les pogos se forment rapidement. Ivan Pavlakovic, le chanteur, sait mettre l’ambiance et sollicite le public en descendant même de scène pour se rapprocher des fans du premier rang. Quelques checks, quelques sourires et le chant tantôt mélodieux tantôt plus guttural redouble d’intensité. Les musiciens que sont Adrian Martinot, Romain Laure, Florian Merindol et Jelly Cardarelli ne sont pas en reste et on sent une belle communion sur scène et une belle énergie. Le groupe mélange ses anciens titres avec des morceaux plus récents issus du nouvel album paru en avril 2022. Bref, Disconnected c’est le groupe français qui monte et qui ne laisse personne indifférent.
Mais quasi pendant ce set, ce sont les Pixies qui jouent sur la scène principale. Un groupe mythique qu’il ne faut plus présenter aux vues de la longévité et de ses tubes. Les américains au rock alternatif aussi bien sombre et heavy que rock plus FM, connaissent le succès dès les années 80 et auront une influence sur pas mal de groupe rock des années 90. C’est une tournée évènement qui passe aujourd’hui par le Cabaret Vert car les Pixies sont un phénomène. Pas le groupe le plus remuant sur scène ni le plus expressif, mais le son est là, les tubes et le style bien présents. Et le public est plus que ravi et bien sûr entonne en chœur un ‘Where is my mind’ d’anthologie. On notera aussi des succès comme ‘Planet of Sound’ ou ‘Monkey gone to Heaven’ qui figurent toujours parmi les titres les plus appréciés et les plus représentatifs des Pixies live.
Et sur cette scène Zanzibar ce sont les grands noms qui se succèdent, car la suite ici c’est Slipknot. Les américains semblent très attendus et ce sont certainement eux qui ont la vedette ce soir aux vues des nombreux fans arborant des tee shirts du groupe.
Tout le monde sait que Slipknot est un vrai groupe de scène, un spectacle à part entière et un show exceptionnel. Et les américains ne vont pas aller à l’encontre de leur réputation. Une intro sur ‘For those about to rock’ d’ACDC chauffe le public, fais monter la vague de chaleur et ce sont nos masqués préférés qui débarquent sur scène d’un air bien déterminé à mettre le feu aux poudres.
Toujours ce superbe décor, un peu indus : les bidons, la légère fumée, les flammes, et toujours de beaux (et nouveaux) masques bien effrayants. Les tubes s’enchainent pour le plus grand plaisir de toute une foule en délire : ‘Disasterpiece’, ‘Wait and Bleed’, ‘Before I forget’, des nouveautés très attendues aussi comme un des derniers singles : ‘The Dying song (Time to sing)’. Les fans scandent des refrains en chœur comme ‘Unsainted’ ou ‘The Heretic Anthem’, ‘Psychosocial ‘…
Corey Taylor est en forme, il semble proche de son public et lui offre toujours plus : plus d’énergie, plus de chansons, plus de spectacle. Même si on remarquera pas mal d’aller-retour en coulisse, on ne peut blâmer des musiciens affublés de tels artifices qui doivent donner le tournis autant que de grosses sueurs. Eau ou bière ou autre remontant que cache ce coin de scène, Corey Taylor ne laisse rien au hasard et garde une pêche d’enfer du début à la fin tout comme le reste du groupe. Un clown acrobate qui bondit et grimpe de partout, un DJ avec son ancienne tête qui chante, un bassiste au manche illuminé, bref un show !
Encore quelques titres dont ‘People=shit’ et c’est un superbe show d’une heure trente qui s’achève sur la plaine du Cabaret Vert laissant les fans en sueur mais avec un sourire béat.
Entre quelques concerts de rap pour suivre, mais c’est plutôt la programmation de la scène Razorback qui nous attire pour terminer cette terrible soirée. En effet, des riffs nous parviennent aux oreilles et ce sont ceux des américains de The Armed. Une belle découverte car c’est un groupe très efficace qui mélange les styles : heavy, punk, psyché, hardcore. C’est entrainant, c’est frais et lourd à la fois, bref un combo qui en a sous le coude. La formation est assez récente, à peine une dizaine d’années, mais semble vouloir créer un style, un mouvement bien à lui. Une furie live, une pêche d’enfer, un style unique. The Armed, un groupe à découvrir surtout en live pour se faire une idée plus réelle de l’énergie dégagée, décousue, free style mais très riche.
La nuit est plus qu’installée sur le Cabaret Vert. On profite encore un peu de belles illuminations sur les différents sites, comme à l’espace restauration où ce sont de belles fleurs rouges qui éclairent les arbres. Un beau spectacle visuel final pour se diriger vers la sortie. Le site est très bien décoré, bien aménagé et très respecté du public ici ce soir car il est très propre et très bien aménagé : on sent que la sensibilisation à l’écologie par exemple est très suivie.
Bravo aux organisateurs et aux bénévoles qui font de cet endroit un lieu empreint de respect et aussi de bonne vibrations.
[Texte : Marjorie Delaporte]
[Photos : David Boehm]