Qu’est-ce que Ringwood Records? D’où vient le nom? Et d’où venez-vous?
Ringwoods Records est un label indépendant basé à Rouen et à Paris. Nous avons pour but de soutenir la scène locale en faisant venir des groupes divers et variés, parfois renommés. Le label a été créé suite à la dissolution de l’Asso RockLove. J’ai découvert le groupe Flippin’hot lors d’une soirée un peu à l’arrache, je venais pour soutenir un pote et en même temps j’étais attendu à un autre concert … Mais j’ai écouté quelques chansons de ce groupe, il y avait énormément de travail à faire, mais je leur ai dit que je voulais les signer et c’est parti ainsi. Une belle aventure a commencé. Ils ont décidé par la suite de créer leur propre collectif que nous soutenons toujours d’ailleurs. Le nom du label vient du jumelage de la ville où je suis né à Pont-Audemer, la ville s’appelle Ringwood. Je me suis dit que ça sonnait bien et en plus, elle se situe sur la côte anglaise.

Quels styles privilégiez-vous?
Nous privilégions le rock en général, nous sommes cependant ouverts à d’autres styles si la qualité est là. Du punk, un peu d’Indie aussi.

Avec quels groupes avez-vous travaillé? Et quelles sont vos plus belles réussites?
En tant que label nous avons travaillé avec The Stalls (Hard Rock de Paris) Flippin’hot (Blues Rock Rouennais) et actuellement Bye Bye Blondie et Parlor Snakes tous deux du garage parisien.

Récemment nous avons organisé un concert sur Rouen pour le groupe Guerilla Poubelle que vous connaissez bien au Québec, je crois. (https://www.youtube.com/watch?v=RzZRunlEgzE ). Un groupe d’une grande qualité qui roule sa bosse depuis maintenant 12 années.

La plus belle réussite personnellement, est le lien que j’ai créé avec The Stalls et Flippin’hot. Ces deux groupes ne sont malheureusement plus sur la structure, mais cela étant nous sommes restés une vraie famille en osmose. On ne lâche pas les groupes qu’on signe. Voir l’évolution que tu apportes aux groupes c’est ça la plus belle réussite, la reconnaissance et l’amour. Dans un autre domaine ; l’organisation de concerts, durer dans le temps, créer des programmations et faire plaisir au public est le salaire de l’organisateur de spectacles.

Quels sont vos projets futurs?
Les projets futurs, du moins proche, c’est la tournée Parlor Snakes et le management de Bye Bye Blondie. C’est fastidieux, mais j’ai une équipe en or qui m’entoure. On travaille sur la sortie d’un 45 tours pour BBB. Quelques dates en collaboration avec le label de PS (Double Legs) pour leur tournée. Puis toujours les concerts, des programmations toujours plus folles! La plus grosse de l’année pour le moment c’est Sticky Boys. Groupe de Hard Rock parisien survitaminé à la Airbourne/Motorhead.

Quelles sont les nouvelles difficultés que rencontre un booker de nos jours en France? (Plainte? Fermeture de café-concert? Festival? Locaux de pratique?…)
La plus grosse difficulté pour moi c’est que le marché est cassé. Je m’explique. Les groupes sont eux-mêmes les coupables de ce qu’il se passe (pas tous bien entendu). Il y a en face le café-concert qui peut rémunérer un minimum le groupe, mais il est tellement submergé de demande, pour lui ce qui compte, c’est faire du chiffre et non d’avoir une programmation authentique (encore une fois ce n’est pas une généralité). De l’autre côté, on a les groupes qui veulent tourner un maximum et qui ont besoin de dates pour vivre, vendre les albums et renflouer les caisses. Seulement, le marché des tournées est en berne, car certains groupes jouent gratuitement pour ces cafés-concerts parce que ça leur rajoute une date. Cela casse le marché pour les groupes semi-pros qui ne veulent pas que s’amuser.

Je pourrais m’éterniser sur la théorie en allant plus loin en disant que beaucoup de groupes pensent qu’une asso a plus de budgets qu’un café-concert, ou bien que le café-concert qui nous accueille et nous paye pour leur offrir une animation. NON. Tout investissement provient de notre poche et des entrées au spectacle. Ensuite il est vrai que pas mal de cafés sont dans une problématique de voisinage, mais il y a moyen de s’adapter, parfois le groupe peut jouer en acoustique ou encore jouer plus tôt.

Pour répondre au dernier point sur les locaux. On pourrait totalement être indépendant en tant que groupe si les lieux DIY étaient mieux adaptés. Si les patrons de bars pouvaient investir dans une sono potable et quelques moniteurs. On voyagerait moins lourd donc ça limiterait les coûts de déplacement.

De Rouen, quelle est votre perception de la scène musicale du Québec?
Je ne peux pas te dire ce que Rouen pense du Québec, mais les Rouennais sont très hétéroclites et en général plutôt ouverts sur les nouvelles tendances musicales. En France on ne pense que du bien du Québec, il y a une bonne culture de la francophonie très variée avec pas mal de groupes de Ska, de chansons francophones et on apprécie les paroliers de chez vous, fun ou moins.

On pense qu’il coûte très cher à un groupe européens d’y venir, sinon crois-nous on viendrait souvent dans votre belle contrée blanche …

Quelle place joue la langue française dans la scène musicale française?
Quelques résistants utilisent encore la langue française dans le Rock, ou la chanson « rock’n’roll » je t’invite à aller écouter ce que fais ODYL ainsi que les For The Hackers ou plus connu et beaucoup désapprouvé Bbbrunes .. (alors que ce n’est pas mauvais parfois). Mon coup de cœur reste ODYL. Tu peux aussi écouter Audrey Jungle, Garance … Après hélas, c’est uniquement en chanson française dite « variété » où nous pouvons retrouver notre langue commune.

Quelles sont les artistes d’ici que vous connaissez du moins pour en avoir entendu parler?
Half Moon Run, j’aime beaucoup. Les Cowboy Fringuants aussi… Je connais bien le groupe La Tragédie aussi pour les avoir reçu à Rouen en octobre dernier. C’était la première fois que notre asso organisait un spectacle pour un groupe québécois. La soirée fut très réussie et nous en aurons d’autres assurément.
C’est peu, j’en suis, conscient. N’hésite pas à nous en conseiller quelques-uns! Les lecteurs français adoreront.

Le Daily Rock invite les lecteurs français à découvrir : Malajube, Godspeed you Black Emperor, Silver Mt. Zion, Pierre Lapointe, (le vieux) Daniel Bélanger, Patrick Watson, Karkwa, Klo Pelgag. Caravane, Les Soeurs Boulay. Arseniq33, Grim Skunk. Mononc’Serge, Pépé et sa guitare…

Entrevue réalisée par: David Atman

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