C’est un euphémisme de dire que ce nouveau duo fraîchement signé chez Invada Records (le label du gars de Portishead) est engagé. Les origines maori et cherokee des deux musiciennes sont affichées en étendard au même niveau que leurs instruments, et leur shop propose à la vente des soutifs étiquetés ‘Destroy White Supremacy’. À côté, les Dead Kennedys, c’est un produit bobo de l’establishment capitaliste. Face à une telle insistance militante, même en partageant avec les artistes une relative méfiance, pour ne pas dire une franche antipathie, à l’égard des suprémacistes blancs et de ceux qui s’escriment à perpétuer diverses formes directes et moins directes d’oppression, on doit confesser une certaine prudence. Le volume auquel est martelé ces convictions fédératrices sert-il de cache-misère ? L’album se repose-t-il sur cette idéologie agressivement progressive ? Comme dans le cas d’Ariel Pink, on fera le choix de ne pas séparer l’œuvre du créateur, reconnaissant avec enthousiasme dans ce doom instrumental ultra-lourd une radicalité qui enfonce certainement ses racines dans le combat des jeunes femmes. Le saxophone, plaintif, fantomatique, s’avère une plus-value extraordinaire et l’identité musicale du projet lui doit beaucoup : il aère, sans en réduire la tension, les fracassements de guitares qui virent jusqu’au drone lorsque Takiaya Reed laisse ses cordes vibrer assez longtemps. Que le nom de Ruban Nielson (du très hispter Unknown Mortal Orchestra) à la production ne vous induise pas en erreur : l’absence quasiment avant-gardiste de compromis de Divide and Dissolve le destine aux oreilles aguerries de notre lectorat, endurcies aux déclinaisons les plus extrêmes du doom et du drone.
Note : 4/5