Je vous l’accorde, la comparaison est facile, mais avec un premier titre d’un album qui se nomme « Night Train » il est trop tentant de jouer de l’allégorie ferroviaire. Surtout quand la machine est si puissante qu’elle nous happe dans sa course folle.
Rythmique à vous coller au siège, orgue fumant, guitare et chant à toute vapeur, le trio hollandais lance sa bête à l’assaut d’une phénoménale ligne droite, sur la voie toute tracée de ce rock psyché qu’ils maîtrisent à la perfection. On se sent déjà que l’on va agréablement voyager en terre connue. Jusqu’au passage de ces 2 minutes 28, où de derrière le siège sortent des cuivres rutilants. Et là en se retournant, un peu surpris, l’on découvre que dans les compartiments arrière du wagon ont pris place pléthore d’invités. Et ils ne sont pas là pour juste bourlinguer pépère.
A grands coups de chœurs soul, de cuivres jazzy, de guitare funk, de pianos honky-tonk, de slide southern rock, ils permettent à la musique de DeWolff de prendre avec une grande assurance la direction du rythm’n’blues. Et il faut bien plus qu’un simple trajet pour embrasser l’entier du paysage proposé. L’étape colossale « Rosita » et ses plus de seize minutes n’en finit pas de surprendre. « Message For My Baby », sa voix incantatoire et ses duos de solos guitare-orgue fait tourner la tête. Le blues poisseux de « Mr. Garbage Man » ose sortir intelligemment du traditionnel douze mesures, tandis qu’avec son accélération rythmique « Wontcha Wontcha » donne envie de baisser la fenêtre pour humer un air chaud venu du sud. Et ce qui rend ce périple encore plus passionnant c’est qu’enregistré de manière analogique au fin fond de la campagne bretonne, sans overdub, il propose des sonorités d’une richesse trop souvent oubliée. Aucun regret d’être monté dans ce train.
Note: 5/5