CREEPER – DANS LES PROFONDEURS

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Le groupe de horror-punk a sorti son deuxième album dans le chaos. Mais c’est optimiste que le chanteur Will Gould nous parle de son quotidien et des remous à surmonter en 2020.

Comment s’est passé ton confinement, toi qui habites en Angleterre?
C’était une période interessante, nous avions cet album qui sortait, et souhaitions le promouvoir au mieux, mais notre technique d’approche a dû totalement changer. C’est bizarre de sortir quelque chose alors que tu es cloîtré chez toi! (rires) On ne pouvait pas se voir, je vis à Manchester et il était impossible pour nous de se voir en vrai, mais on parlait beaucoup via Messenger et internet, Skype et tout. Ce n’est que très récemment que nous avons pu nous voir ! C’était génial, après tout ce temps, de pouvoir avoir des contacts humains. Je dois porter un masque maintenant, j’en ai acheté un qui illustre une citrouille, ça va avec mes fringues, c’est pas trop mal. (rires)

Et comment cela a affecté votre musique?
C’est une période incertaine, et assez effrayante d’une certaine manière. La musique live a été complètement interdite. Et malheureusement ces petites salles de concerts indépendantes en on souffert le plus. C’est pourtant celles où tu commences en tant qu’artiste, et celles où tu apprends à faire tes marques, et où tu peux faire des erreurs. Le gouvernement vient d’investir de l’argent dans les ‘arts’, mais j’ai l’impression que c’est trop tard. Tous les gens qui vivent dans le secteur de l’hospitalité se sont retrouvés le bec dans l’eau. Et le gouvernement ne nous a pas soutenu du tout. Par exemple, on ne pouvait pas vraiment annuler notre tournée car le gouvernement n’a pas formellement interdit de fermer les salles de concerts, mais il recommandait aux gens de ne pas aller dans les salles de concerts, tu vois?! Si nous l’annulions, nous devions payer les taxes d’annulation de notre poche, c’était assez surréaliste! Nous avons été bouleversés par la façon dont le gouvernement nous traitait, et traitait les artistes, les indépendants, les salles de concerts, les techniciens… Je ne sais pas si c’est ton cas, mais j’ai écouté énormément de musique, car je ne pouvais pas sortir, j’ai regardé beaucoup la télé, j’ai lu des livres, je me suis orienté vers les arts. Et c’est tellement triste de voir que ce qui nous a fait survivre cette pandémie, le monde artistique, se soit retrouvé si minimisé aux yeux du gouvernement. Nous en avons besoin plus que tout au monde!

‘Sex Death & The Infinite Void’ est drastiquement différent de votre album précédent!
Oui, le rythme est très différent – nous avons passé beaucoup de temps sur trois EP, qui sont devenus notre premier album. Pour celui-ci, j’ai vraiment senti que nous pouvions offrir quelque chose d’autre, peut-être plus compliqué. Les restrictions autour d’une sortie d’album sont assez stupides, beaucoup d’artistes ont peur d’isoler leur public dans une bulle avec un album. Ce n’est pas un comportement très punk! Ce n’est pas punk de ne pas tenter sa chance! Notre album est beaucoup plus punk au niveau éthique, il se risque à quelque chose de différent. Je le trouve plus punk que le punk (rires) Je perds mon attention très vite, j’ai besoin de quelque chose de nouveau constamment, et je veux le faire au mieux. Et cela représente bien cet album. Je sais que quand ‘Sex, Death & The Infinite Void’ sortira (l’interview a été menée en juillet, NDLR), les fans seront choqués, et certains l’adoreront et d’autres le détesteront. Il y aura peu d’albums qui auront des critiques si polarisées cette année, et je suis fier que mon groupe en fasse partie.

Et que dirais-tu aux gens qui te diront ‘c’était mieux avant’?

Il faut qu’ils se focalisent sur la partie créative de la chose, le côté novateur. Si tu suis cette ligne et que tu dissèques le tout, alors tu retrouveras l’essence du groupe, et tu te diras ‘ce groupe que j’aime a accompli quelque chose de nouveau, mais différent’. Regarde Madonna, David Bowie, ils ne respectaient pas les normes et proposaient des choses drastiquement différentes ! Et c’est cela qui les rend uniques ; on veut emmener les gens dans une aventure, autant sur album qu’en live! On espère que les gens vont nous suivre dans le terrier du lapin blanc et pourront explorer un nouveau monde, parfois terrifiant, parfois magique.


Vous avez fait une reprise de Neil Young ‘Hey Hey, My My’ – pourquoi l’avez-vous choisie ?

On fait ce projet, alors que nous sommes en isolation, pour proposer quelque chose à nos fans. Nous cherchions des titres qui soient assez chill. Sur ‘Hey Hey, My My’, il chante ‘Out of the Blue, and into the Black’, qui me parle beaucoup. J’écoutais beaucoup son album live en faisant notre EP, et j’ai même intitulé un de nos morceaux ‘Into The Black’. C’est une de mes chansons préférées de Neil Young, elle m’a beaucoup influencé quand j’étais jeune et fait partie intégrale de l’histoire de Creeper. C’était vraiment cool, on s’est éclatés pendant ce confinement! (rires).


www.creepercult.com

Fiche CD
Nom de l’album : Sex, Death & The Infinite Void
Label : Warner
Note : 5/5

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