Même s’il roule sa bosse depuis déjà plus de 25 ans, Cradle Of Filth continue à être pertinent à force de sortir des albums de qualité et surtout à faire des spectacles toujours dignes de mention. Il fait partie de ces groupes à la popularité stable qui peut vivre confortablement de son fans-base. Comme à l’habitude, c’est un Théâtre Corona relativement rempli qui est là pour les accueillir ce soir. Mais avant toute chose, c’était le groupe de death métal progressif new-yorkais Uncured qui ouvrait la soirée. Prestation que j’ai malheureusement dû manquer et qui n’a pas semblé faire l’unanimité selon les échos que j’ai eus dans la salle. Pas toujours facile d’être les premiers sur scène.
De la visite rare et de qualité
Pour continuer en beauté, c’est de la visite qui vient de loin qui s’en charge. Tout droit venu d’Ukraine, le groupe de metalcore Jinjer en est à sa première visite au Québec et entend ne pas se faire oublier. Si leur style musical, qui est loin du black métal symphonique, n’a surement pas plu à tous ici présent, il n’en reste pas moins que c’est à toute une prestation que nous avons droit. Premièrement, le son et l’éclairage sont à la hauteur et nous permettent de bien voir en entendre ce qui se passe devant nous. Deuxièmement, le quintet donne tout ce qu’il a pour faire sa marque, surtout la chanteuse Tatiana. Cette dernière possède une voix remarquable qui n’est pas sans rappeler une certaine Angela mais avec une approche plus métal hardcore américain. Elle est de plus juste assez sexy pour plaire à une bonne partie de la gent masculine sans pour autant avoir l’air dans mettre trop comme un sans classe. Son chandail de Céline Dion version death métal y est sûrement pour quelque chose! À voir la quantité de réactions positives sur le parterre, je peux affirmer que leur pari semble réussi et qu’il y aura plusieurs d’entre nous qui serons présents à leur prochain passage dans notre belle ville.
Une très belle démonstration d’expérience sur scène…
Quand l’on vient voir Cradle Of Filth on peut s’attendre à une certaine garantie de qualité. Même s’il n’y a que le chanteur qui a traversé toutes les époques et qu’à une période il changeait de partenaires à un rythme assez fou, ce dernier a toujours su s’entourer de musiciens talentueux et professionnels ce qui assure des shows et des disques de qualités. Encore plus surprenant, il a réussi à garder une signature musicale cohérente et de qualité remarquable pendant toutes ces années. Pas étonnant qu’une partie de la frange des admirateurs de métal extrême lui soit fidèle et garde la flamme en vie albums après album, tourné après tournée. Même si l’intro Ave Satani avait commencé à énerver les foules, c’est l’arrivée de Dani Filth qui met le feu aux poudres et dès les premiers cris de Gilded Cunt un petit «mosh pit» se crée.
S’ils sont là pour promouvoir leur dernière parution, – The Seductiveness of Decay, c’est plutôt à un beau survol exhaustif de leur carrière à laquelle nous avons droit car seulement les titres Heartbreak and Seance et You Will Know the Lion by His Claw en seront tirée. Si ça me déçoit un peu, car j’aime entendre du nouveau quand c’est très bon, les amateurs sont trop heureux de se mettre sous la dent Beneath the Howling Stars, Dusk and Her Embrace et la suite Bathory Aria pour se plaindre de ce détail. Rajoutons à cela que la claviériste Lindsay Schoolcraft est particulièrement enjoué et toute en voix, que le guitariste Richard Shaw tourne sans cesse sur lui-même tout en s’amusant sur le manche de sa guitare et que le batteur Martin Škaroupka joue derrière un plexiglas avec des écouteurs vissés sur les oreilles pour garantir le rythme constant et dans les temps pour qu’on soit sur les rails pour un bon spectacle. S’il est effectivement excellent, ce n’est malheureusement pas parfait et le son est un peu brouillon avec les deux guitares qui manquent de mordant et le synthétiseur qui est inaudible aussitôt que ça devient très « heavy ». À leur défense, il n’est pas aisé quand l’on a une musique aussi empreinte d’ambiance que la leur d’avoir un son parfait en salle.
…et des rappels toujours aussi longs, à notre grand bonheur.
Ceux qui ne les ont jamais vu en jouer par le passé doivent penser que la soirée va finir bien tôt quand après à peine plus d’une heure le groupe quitte la scène. Si c’est vrai que nous sommes déjà rendus au rappel, il est aussi vrai que Cradle en fait toujours un très long. Ils joueront pas moins de cinq pièces et dans ceux-là, son lot de classiques. Que dites-vous de Nymphetamine, Her Ghost in the Fog, Born in a Burial Gown et l’incontournable From the Cradle to Enslave? La foule est tout autant ravie et l’énergie dans la salle reste à son comble. Si les musiciens sont en grande partie responsables du succès de la soirée, ils doivent une fière chandelle à l’assistance qui fut très enjouée et réceptive. La recette pour un bon show quoi !
Texte: Sébastien Léonard
Photos: Martine Labonté
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Liste des chansons :
Ave Satani (Intro)
Gilded Cunt
Beneath the Howling Stars
Blackest Magick in Practice
Heartbreak and Seance
Bathory Aria: Benighted Like Usher / A Murder of Ravens in Fugue / Eyes That Witnessed Madness
Dusk and Her Embrace
The Death of Love
You Will Know the Lion by His Claw
Creatures That Kissed in Cold Mirrors (Interlude)
Encore:
A Bruise Upon the Silent Moon (Intro)
The Promise of Fever
Nymphetamine (Fix)
Her Ghost in the Fog
Born in a Burial Gown
From the Cradle to Enslave
Blooding the Hounds of Hell (Outro)