J’assistais mardi à un des spectacles les plus attendus du printemps en ce qui concerne la scène hardcore. Counterparts était de passage avec une brochette d’excellents groupes en première partie: Kennedy, Knocked Loose, Gideon et Expire. La Vitrola est pleine et les esprits commencent déjà à s’échauffer.
J’arrive malheureusement à la fin du set de Kennedy, attrapant au passage sa dernière chanson. Le groupe se donne corps et âme devant une foule dense, mais encore timide de laisser-aller leurs poings. L’énergie de la vient toutefois réchauffer la salle efficacement.
La formation Knocked Loose descendue des États-Unis est attendue impatiemment par une horde de fans assoiffés de rythmes carrés et enragés. Le groupe met le pied sur scène en ordonnant fermement à la foule de s’approche. Une vague de gens frappe alors l’avant-scène, prête à s’empiler bestialement dans l’espoir d’attraper le micro du chanteur. Le pit est redoutable, voire primal, gorgé de hardcore kids aux poings et aux pieds volatiles. Je passe tout près de me faire décapiter à quelques reprises, protégeant coûte que coûte mon matériel photographique. La tension et la rage se décuplent à La Vitrola sous les breakdowns crasseux et la hargne déferlante de Knocked Loose, ravi d’agrandir son bassin de fidèles dans la métropole. Le groupe émergent peut quitter Montréal la tête très haute.
L’énergie baisse néanmoins d’un cran lorsque Gideon arrive sur scène. La formation tarde à faire contact avec la foule, jouant ainsi ses quelques premières chansons devant des spectateurs plutôt attentifs que déchaînés. Les breakdowns syncopés, plus complexes et staccato que chez Knocked Loose (trahissant un son plus «moderne» de la moulure hardcore) tardent à soulever les moshers les plus avertis. Gideon réussit cependant à ramener l’action à l’avant de la scène lors de la seconde moitié de leur prestation, ajustant leur intensité. Bien qu’expérimenté, Gideon n’a pas réussi à placer la barre aussi haute que le groupe qui lui a précédé.
Expire prend ensuite le relais, dernier groupe à fouler les planches de La Vitrola avant l’arrivée anticipée de Counterparts. Cette formation sans pitié roule sa bosse dans la scène hardcore depuis 2009, conquérant les amateurs de musique lourde soir après soir. Tout le monde s’échauffe et fait virevolter son corps sous les frappes féroces d’Expire. La violence s’installe dans le pit alors que les crowdsurfers s’enchaînent. La musique chargée d’une rage fébrile qu’offre la formation enflamme Montréal et assure de nombreuses ecchymoses aux plus téméraires.
Counterparts arrive sur scène tout en douceur avant de renverser la foule avec une avalanche de ses meilleures chansons. Étant probablement ma formation préférée depuis quelque temps, je me sens comme un enfant dans une confiserie. Les fans du groupe perdent à leur tour la tête, choyés d’entendre les chansons mélancoliques que le groupe ontarien a su mettre au point. Le chanteur Brendan Murphy est au sommet de son art, offrant une performance d’une criante sincérité. Il soulève à lui seul chaque individu, fort de sa verve passionnée et de sa plume poétique des plus inspirantes. Les musiciens sont impeccables et rendent l’ambiance nostalgique (voire triste) de leurs compositions à merveille. Counterparts crée un moment intime et intense avec ses fans, projetant une panoplie d’émotions plus vraies que nature à travers un hardcore mélodique unique.
La scène montréalaise est encore de nos jours un terreau fertile pour les groupes du genre, ambassadeurs intemporels d’une jeunesse intrépide.
Texte et photos: Cédric Joly
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