Les Helvètes nous ont collé une sacrée baffe avec ‘Extinct’, un album qui remue les genres et déboîte les nuques. Loic Grobéty nous explique les ingrédients secrets qui rend le trio aussi unique et inouï.
‘Extinct’ est un album très fluide, à la fois très expérimental mais aussi assurément metal : ça vous est venu d’où cette idée de combiner plein de genres et sons différents ?
Pour les sons, c’est simplement le fait que nous devons résoudre des problèmes avec ce type de line-up. Ce projet est rock mais nous n’avons pas de guitares. Et donc pas de notes tenues dans le hauts médiums. Notre combinaison sonore nous oblige à chercher des moyens pour se rapprocher d’un résultat doom, sludge, grind ou noise-rock. Donc résoudre des problèmes nous oblige à trouver des moyens atypiques pour y parvenir.
Pour la combinaison des genres, nous jouons avec les codes afin de mieux les sublimer ou de les massacrer. Mais c’est aussi une vision de composition. Le but est d’utiliser pour exemple les grinds ou grooves (de 2 minutes) non pas comme des pièces, mais comme transitions/ruptures. Nous voyons notre musique comme un tout, un tableau. Nous choisissons le matériau comme un peintre ses couleurs. En gros on s’en fout des styles, mais on les utilise pour amener l’auditeur dans des paysage sonores. Nous cherchons aussi a créer des ruptures vertigineuses ou des soundscapes ambiants très profonds.
Quelle est votre processus de création typique ?
C’est un mix d’approches; nous travaillons beaucoup sur partitions et nous sommes deux compositeurs dans le groupe : Christian Müller et moi. Maxime a aussi contribué et à amené une partie rythmique grindcore notamment (Nostromo oblige). On travaille sur cette base et on cherche à la rendre fluide mais en évitant les écueils techniques. Il faut que ça sonne fluide avec une approche technique. Donc on tourne souvent la base en duo avec la section rythmique et la après on conceptualise ou essaie les ambiances au violon et clarinette. Christian propose le choix des pièces finales ainsi que la conceptualisation sonore du disque. Il choisit les pièces. C’est finalement un travail de composition individuel et pas très rock’n’roll. C’est aussi le fait que nous venons de régions très différentes et nous voyons rarement.
Certaines tracks on été lancées en soundcheck et en trois minutes on a trouvé des moyens de les tourner et de les finaliser. Il ne faut pas oublier le fait que le violon et la clarinette sont assez libres et en improvisation sur les tracks. Ces instruments restent libre dans leur approche. Les ambiances et la vision sonore sont choisies au préalable. Mais tout bouge et on cherche le danger permanent et donc toute notre musique évolue en permanence.
L’album est super addictif, envoûtant et organique. Comment est-ce que vous vivez la progression rythmique de vos compositions et la mise en place de l’aspect électronique ?
Ce point est très important, fin et compliqué à la fois. La section rythmique est à 80% composée et donc ce qu’on a comme job, c’est l’évolution. La progression dans le temps et un point central dans notre musique et cela varie en permanence. Nous sommes attentif aux progressions de la clarinette et du violon et nous devons monter ensemble dans les progressions afin de tous arriver dans un climax au même moment. Ce timing est tellement important que le début d’un concert donne la couleur à l’entier des performances sonores.
Plutôt studio ou live ? Et pourquoi ?
Le processus est le même en studio et en live. Nous devons être sur un point de rupture et capter l’instant. C’est le seul moyen que l’on a trouvé pour mettre du sentiment dans notre musique. C’est d’être à vif, sur le qui-vive et à tout moment cela peu basculer. On maintient la tension en permanence.
Quels sont vos projets pour l’année (on espère) post-pandémique qui vient ?
On tourne en Suisse pour l’instant avec la sortie du disque. Nous avons sept dates de confirmé et de nombreuses autres vont suivre d’ici la fin de l’année ainsi qu’en mars 2021. Sinon, nous avons dû reporter une tournée au Japon de 13 concerts de Osaka à Sapporo (prévue initialement en juin 2020) mais impossible pour l’heure de savoir quand cela sera planifié. Sinon, nous avons des plans pour tourner dans toute l’Europe, la Chine, la Russie voir le Canada, mais ce n’est pas pour tout de suite malheureusement. [Krisztina Kovacs]
12 novembre 2020 – Espace Noir, St-Imier – + Hyper la Chaise
14 novembre 2020 – Caves du Manoir, Martigny – + Cochon Double & Murmures Barbares
15 novembre 2020 – Cave12, Genève
3 décembre 2020 – Case à Chocs, Neuchâtel – + The Psychotic Monks
11 décembre 2020 – Bikini Test, La Chaux-de-Fonds – + Closet Disco Queen & Film 2
8 janvier 2021 – Bad Bonn, Düdingen
9 avril 2021 – Point11, Sion
CONVULSIF – Spasme de jazz
Date: