Depuis sa reformation en 2010 on avait clairement l’impression que Bush avait adopté les traits de l’oiseau-lyre. Pas pour la forme d’instrument de l’appendice caudal de l’oiseau, mais bien pour sa faculté à imiter les sons. Et dans le cas des Londoniens, à imiter celui du Bush des années nonante. Reproduisant ses riffs grands espaces, copiant ses accents alternatifs, singeant les mélodies en forme d’accroche-cœur. Problème, là où le volatile des terres australes se doit d’utiliser le plagiat pour plaire à sa belle, le rock s’est rarement bonifié par le pastiche, et l’on pensait découvrir en ‘The Kingdom’ une huitième œuvre parfaitement fastidieuse. Raté, voilà que c’est au tour du plumitif que je suis de jouer les oiseaux de mauvais augure. D’abord parce que Gavin Rossdale a oublié que son chant peut être pleurnichard et parce que Chris Taylor a aussi compris que ce n’est pas juste en faisant hurler la disto des guitares que l’on va sonner rock. Et surtout parce qu’avec Nik Hughes, le nouveau batteur, et Tyler Bates à la production (à ses heures guitariste de Marilyn Manson), un vent de folie souffle sur la musique de Bush. Riffs passionnés et basse vicieuse font souvent la paire pour tout emporter sur leur passage (‘Bullet Hole’), quand ils ne plongent pas dans un magma sombre et visqueux (‘Flower on a Grave’), voir osent être autant sur la retenue que sournois (‘Our Time Will Come’). Et hormis une accalmie en cours de route avec un ‘Undone’ qui parvient même à éviter le piège de la ritournelle douce, l’ensemble est grinçant et possédé. OK tout n’est pas parfait, avec un ‘Slave’ recopiant presque les attaques ébouriffantes du titre éponyme ‘The Kingdom’, ou ‘Send in the Clowns’ qui tente de revisiter les ambiances claires-obscures des belles heures du groupe mais n’en saisit pas la tension. Néanmoins Bush a retrouvé sa splendeur et prend un nouvel envol, avouons-le, aussi inattendu que bienvenu.
Note: 4/5