Il y a un peu plus de vingt ans sortait un album qui allait piquer ma curiosité, tout comme un paquet d’amateurs de métal à l’époque. Quatre violoncellistes venant de la lointaine Finlande avaient enregistré un album complet de reprises instrumentales de Metallica. Je me rappelle encore en 1996 aller acheter ce disque sobrement appelé Plays Metallica By Four Cellos au défunt Sam The Record Man de la rue St-Catherine. Aussi bonnes leurs interprétations étaient, jamais je n’aurais cru que ce quatuor nommé Apocalyptica puisse avoir un avenir dans la grande scène de la musique métal aussitôt le buzz passé. Je les croyais captifs de leur nom et destinés à jouer des reprises jusqu’à ce qu’ils tombent dans l’oubli. Je ne pouvais pas être plus dans le tort. Avec huit parutions studio à leur actif depuis leur début, dont six de musique originale, les voilà en 2017 au Théâtre St-Denis pour venir justement célébrer ce mythique CD qui les a mis au monde il y a plus de deux décennies déjà.
Même si l’énorme drum à l’arrière du stage nous donne la puce à l’oreille sur ce qui s’en viendra plus tard, ce sont quatre violoncellistes qui viennent s’assoir devant nous pour cette première partie du spectacle. De la même façon dont laquelle tout a commencée pour eux, ils nous interpréteront leur premier disque en carrière tout comme ils l’ont enregistré et en ont fait la promotion à l’époque, avec seulement quatre violoncelles. Pour ajouter à l’authenticité, ils nous présenteront les pièces dans le même ordre que celui-ci.
Première grosse surprise de la soirée, la présence d’Antero Manninen. L’homme est un des fondateurs qui a quitté le groupe il y a déjà plusieurs années et qui reprend encore ici du service en tant que quatrième violon. Je dis encore, car ce n’est pas la première fois qu’il rejoint ses anciens collègues pour une tournée, mais pour fêter les 20 ans de cet album marquant auquel il y a participé, sa présence est encore plus de mise. Pendant une heure nous aurons droit à une interprétation enthousiasme et sans faille des 8 reprises figurant sur celui-ci, agrémenté de la voix du public qui vient de temps en temps chanter les refrains comme le sympathique Eicca Toppinen nous l’a gentiment demandé. Si tout est bon, il y a mon avis deux relectures qui sortent particulièrement du lot, Creeping Death et Welcome Home (Sanitarium) tellement ils sont réussis et dynamiques. Comme fan inconditionnel Metallica je ne peux pas me plaindre de ce que j’ai vu, il n’en reste pas moins que Apocalyptica nous a habitué c’est dernières années à beaucoup plus vivant que quatre gars jouant assis. Voilà qu’intervient, après un entracte de 20 minutes, la deuxième partie de cette magnifique soirée.
Étant désireux de garder l’esprit de base de l’événement tout en le rendant plus actuel, ils ont la brillante idée de continuer à nous jouer toutes les autres reprises de Metallica qu’ils ont enregistré sur d’autres albums à travers les années. Mais cette fois-ci, leur batteur Mikko Sirén est de la partie et il n’y a pas à dire, sa présence ajoute le «punch» qu’il manquait. Sans compter que les deux grandes stars du band, Eicca et Perttu Kivilaakso en ont fini de jouer assis et vont se déplacer d’un bord à l’autre de la scène comme des artistes rock nous prouvant qu’un imposant instrument de musique n’est pas un obstacle aux mouvements. La foule leur rend bien en étant plus bruyante et plus participative que pendant la première moitié.
Pour ajouter à notre plaisir, c’est aussi dans cette partie que les prouesses techniques des interprètes sont les plus impressionnantes. Comme Perttu nous le dit, s’ils ont attendu aussi longtemps avant de jouer Battery (qui est sur la réédition de 2016 du premier disque) c’est qu’ils n’étaient pas assez bons à l’époque. Les voir joués aussi rapidement, en plus d’exécuter les magistraux solos de Kirk, est un pur bonheur autant sur cette dernière que sur Fight Fire With Fire. S’ils ne nous réservent rien de nouveau de la période post Load, il y a quand même deux inédits de leur part. Orion, le meilleur morceau sans parole de Metallica et Escape que je pense que le groupe lui-même n’a juste jamais joué.
Les quelques personnes qui quittent la salle quand ils nous annoncent la fin avec Seek & Destroy comme dernière chanson ne sont justes pas conscient que le band a gardé Nothing Else Matters et One pour la «grande finale». Un «slow» est peut-être mal choisi pour commencer un rappel, mais One avec son message anti-guerre, comme nous le remémore le leader du groupe, est encore totalement d’actualité en plus de posséder une fin qui est digne des meilleurs riffs de thrash métal. C’est sans contredit mon meilleur show d’Apocalyptica jusqu’ici et ils nous prouvent encore une fois que même avec seulement des reprises, il est possible de faire un spectacle digne de mention.
Texte: Sébastien Léonard
Photos: Michel Arseneault
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Liste des chansons:
Enter Sandman
Master of Puppets
Harvester of Sorrow
The Unforgiven
Sad but True
Creeping Death
Wherever I May Roam
Welcome Home (Sanitarium)
Pause
Fade to Black
For Whom the Bell Tolls
Fight Fire With Fire
Until It Sleeps
Orion
Escape
Battery
Seek & Destroy
Encore:
Nothing Else Matters
One