Après plus de 15 ans de carrière, le groupe de death métal mélodique, fort de son line-up resté presque inchangé depuis le début de leur formation, nous sort un nouvel album plus de 3 ans après un très bon « Queen of Time », qui surfait sur la tendance que porte le groupe à faire une musique moins sombre et teintée de petites touches empruntant d’autres styles ici et là allant du classique à la musique orientale. L’illustration de la pochette est toujours au rendez-vous et nous offre une somptueuse géométrie sur paysage nordique. »
Amorphis, j’écoutais ce groupe lors de mon adolescence, des rifts puissants, saccadés, une voix et une mélodie restant gravée dans mes oreilles pendant de long moment de lecture d’étudiant lycéen. Le combo guitare et clavier mélodique répétant en boucle leur partition démoniaque qui se colle dans tes oreilles. Les arrangements étaient simples mais efficaces. A partir de là, on est en droit de se poser une question, quelles ont été les évolutions depuis tant d’année ? Amorphis va-t-il prendre une assurance tout risque et sortir de sa zone de confort ?
Lors de l’écoute de cet album, faisant défiler les titres sans faire attention aux noms de ces derniers, une chose me vient assez rapidement à l’esprit. Je reconnais l’Amorphis que j’avais quitté il y a une bonne paire d’année. Le son est identique dans mes oreilles, mais leur musique a un chouilla changée…
Nous rentrons dans « Nothwards » haut en couleur, un duo couplet refrain, une belle mélodie et un solo d’orgue faisant penser un Deep Purple metalisé, puis un court passage symphonique timide et on retourne sur la mélodie de base du morceau à la guitare. A peu de chose près, Amorphis fait du Amorphis.
Dans le titre suivant, « On the Dark Waters« , nous avons à faire un titre précis, sérieux, intercalant chant clair entrecoupé de chant growlé, accompagné parfois de petits moments orientaux pas déplaisants. D’autre musique comme « War » nous montre un côté plus mélancolique et émotionnellement plus intense où le chant de Tom Joutsen fait le plein de tristesse.
« The Moon » est pour moi le titre qui se démarque le plus à par rapport au jeu Amorphisien que je connaissais, une mélodie simple mais entrainante, quelques moments de flottement avant une montée une intensité. Ce sera le morceau collant aux oreilles tel une cire chaude mais agréable. On a même droit à une montée style métal progressif vers la fin du morceau avant de retourner au refrain. Finalement, jusque-là, les titres suivent le même schéma à peu de chose près. J’ai dû mal à voir une identité forte à chacune des pistes. Le titre « Seven Roads Come Together » reprend également la même recette. La mélodie d’un « The Wolf » replace le groupe en tant que death métal mélodique et nous dessert une jolie compo phoniquement attractive et bien amenée.
Pour en revenir à un aspect plus global, le groupe a changé, il est devenu plus clair, moins lourd, et je salue les quelques touches prises au genre du progressif rendant le tout un peu plus complexe. Il s’est modernisé, adoucis et lissé. Après l’écoute de l’album, ça m’a fait du bien de réécouter ce groupe que je n’avais pas entendu depuis des lustres. Mais s’il est un peu plus riche que les albums d’il y a bientôt 10 ans, ce côté lisse me laisse un arrière-goût de lassitude, j’aurais aimé des morceaux plus percutants. L’album n’est pas mauvais, loin de là. Il se sert dans les différents styles orientaux, progressif, symphonique, lui conférent une richesse supplémentaire, comme le dernier album « Queen of Time », mais il reste très timide et ancré dans sa case sans en sortir véritablement.