Salut ! Quelle est la question à laquelle tu n’as plus envie de répondre ?
Pourquoi vous vous appelez L’Esprit du Clan?
A l’époque de votre création, on est en plein dans l’éclosion des groupes tel The Arrs, les Pleymo, Enhancer, AqME, enfin tout une tripotée de groupes, comment essayez-vous de tirer votre épingle du jeu :
On était vachement communautaires. Quand le groupe s’est créé, ça a été un but de vie tout de suite. On était une bande de potes de la même vie avec une volonté de créer quelque chose ensemble par nos propres moyens, sans avoir besoin de s’associer avec des collectifs ou à d’autres gens. Pas par élitisme, mais parce que naturellement, par notre culture, par ce qu’on écoutait, par nos fréquentations, on se sentait ni Métaleux ou Rap comme on a pu nous qualifier, de par notre attitude et nos tenues vestimentaires de l’époque, qui en définitive venaient juste de là où on était ! Mais à l’époque on avait 18 à 20 ans, on se met tous en collocation à Paris et, comme une communauté, on est complètement coupés du monde et on développe le groupe. Tout devient secondaire. On vit 24 heures sur 24 ensemble pour créer le groupe, que ce soit pour le développement, la promotion, la communication. On va coller nos propres affiches, on va faire des pochoirs, des graffs un peu partout dans Paris. On utilise des moyens de communication utilisés à l’époque par le Hip-Hop ,chose qui n’avait jamais été faite dans le Métal. Et on couvre Paris et sa banlieue, on affiche notre nom partout !! Ca commence à créer un buzz, ça suscite la curiosité car personne n’a vu un groupe de Métal, qui chante en plus en français, hors des réseaux communs, comme signés sur un label, major etc. Nous on est totalement indépendants à cette époque-là. A ce moment-là, on se dit qu’on veut tirer notre épingle du jeu, on veut juste faire ce qu’on aime, avec nos acquis de l’époque et ça prend, c’est tout.
En 2016 l’esprit du clan sort son album chapitre 6 après 5 ans de silence, sans doute comme la plupart dû à la lassitude, la routine. Qu’est-ce qui vous donne envie de remettre le pied à l’étrier, et pourquoi avec un line-up différent ?
En fait on s’est arrêté par lassitude, effectivement. Tout le monde n’était pas dans l’idée de s’arrêter, mais force est de constater qu’en effet, humainement, l’implication qu’on a mis dans ce truc a mis un tel foin dans les rapports. Musicalement tout allait très bien, on sortait nos albums, on avait des structures qui nous suivaient, mais humainement c’était plus ça. On n’avait pas de recul pour voir que ça se passait mal entre nous. On vieillissait, on avait été tellement tous ensemble, on commençait à s’émanciper et tout le monde avait envie d’avoir sa vie de son côté. Mais ce qui a été très fort au début a été très fort à la séparation. Pendant 5 ans on a développé nos passions, nos boulots, certains ont eu des enfants et bim, un verre et on a émis l’idée de refaire L’Esprit Du Clan, non pas avec du réchauffé, mais avec de la matière et un nouvel album. Pour ce qui est du line-up, notre ancien bassiste Clem n’était déjà plus d’accord avec l’orientation musicale que prenait le groupe au moment où on allait faire la pause. Il avait un groupe à côté dans lequel il s’épanouissait plus donc voilà. Et Shiro notre autre chanteur a toujours eu une passion pour le sport, il est professeur de boxe, il est coach aussi et ça lui prenait énormément de temps en parallèle de L’Esprit du Clan. Il y avait un gros déséquilibre et, à un moment donné il a été forcé de faire un choix. A l’époque, le groupe prenait tout notre temps, alors quand tu es passionné par autre chose que la musique, faut faire des choix.
A l’époque quand vous composez cet album très rapidement, comment vous le pensez, cet album ?
On le pense exactement de la même manière que notre premier album « Chapitre Zéro ». On ne se dit pas qu’on veut faire telle ou telle mouvance de style ou telle couleur de disque, on reste les pieds sur terre, la tête sur les épaules et on se retrouve avec le chanteur et l’autre guitariste, on prend une page blanche, et on envoie. On a fait aussi avec les lacunes accumulées pendant 4 ans car moi, perso, j’avais pas touché de guitare depuis la séparation, il a fallu reprendre les bonnes habitudes.
Par rapport aux précédents albums, on a là une pochette noire, quand on regarde certains titres de l’album doit-on y voir un signe de deuil en rapport avec le Bataclan ?
Non pas du tout car on a composé cet album en septembre 2015. On savait de base qu’on voudrait un artwork à la base très sobre. On nous demande parfois si on était en manque d’inspiration. Mais non, en fait on voulait du sobre. On repartait sur de nouvelles bases, on remet un pied dans l’inconnu, pas totalement car on avait encore des restes du passé, mais on voulait quelque chose très sobre, on ne voulait pas quelque chose d’imagé comme on a pu le faire par le passé. L’esprit du Clan en petit, doré, avec un espèce de petit cadre, comme un tableau, très simple.
Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes un groupe mature ou est-ce que vous avez encore un esprit Rock’n Roll ?
L’esprit Rock’n Roll c’est cool mais ça nous a pas mal desservi avant qu’on se sépare. C’est tellement un réflexe à la fin que l’esprit Rock’n Roll ça devient un peu ton échappatoire, c’est du réflexe. Non, aujourd’hui c’est totalement différent, la manière dont on veut faire les choses a totalement changé.
Pour votre retour vous avez choisi Belfort, pourquoi la Poudrière et non Paris?
Parce qu’on avait de très très bons souvenirs de Belfort, les gens de l’association Eye of the dead, qui organise des concerts à Belfort, sont des amis. Il aurait été trop facile pour un groupe de Paris de faire son retour à Paris, il était évident qu’on irait jouer à Paris plus tard, ce qui a été le cas. Mais non, à Belfort tout était réuni pour faire de ce concert un très bon concert.
Quels sont les liens qui existent entre l’esprit du clan et Es la Guerilla?
Ben c’est des potes en fait. On était deux groupes en île de France, dingues de Hardcore New Yorkais, à l’époque, pas du tout dans les clichés culturels, vestimentaires contrairement aux autres groupes, et c’est ce qui nous a rapproché. Il y a eu connexion, on s’est rapprochés. On était tous aussi fans de Hardcore que de Hip-Hop, jamais dans l’opportunisme ou dans le côté corporate pour gratter des plans pour jouer à droite à gauche. C’est ce qui nous a rapproché.
Certains d’entre-vous disaient en interview qu’ils ne s’y voyaient plus dans 20 ans, est-ce que l’Esprit du Clan se fissure et ne te donne plus envie d’avancer ?
Là, aujourd’hui, on a repris pour kiffer. On ne gagne pas notre vie avec ça, on ne l’a pas fait pour déjà. Les rêves de grandeur que tu as quand tu es ado et que tu commences ton groupe et que tu rêves de jouer au Zénith, le rêve Gojira, ce qui est arrivé pour ce groupe, ça n’arrive qu’une fois tous les 20 ans. Eux l’ont fait, mais nous on a plus l’esprit de se la faire à la Madball et de jouer dans des petits clubs pénards, et le tout sans se forcer. On se voit beaucoup moins, on ne se doit rien, on n’a pas envie, ben on n’a pas envie, on choisit nos périodes et nos dates, et quand on fait quelque chose on le fait avec un putain de bonheur.
Il manque un truc dans la discographie du groupe, c’est une production live ou un DVD , c’est un projet qui pourrait voir le jour ?
On a vite parlé de faire un DVD. Pas de disque live mais un DVD oui. Alors un DVD maintenant je ne sais pas si ce serait pertinent car je n’ai pas l’impression que les gens utilisent encore le support, mais j’ai l’impression que les gens n’écoutent plus d’albums entiers, mais fonctionnent plutôt avec des playlists, des choses plus courtes. On consomme la musique comme on consomme tout le reste. Le DVD, on a voulu le faire mais on ne l’a jamais fait, mais à l’époque on faisait même pas de clips ou alors un par album. On n’avait pas l’occase, on n’était pas à l’aise, on ne s’est jamais vraiment penché dessus, mais à côté quand on faisait quelque chose on le faisait bien
Je te laisse le dernier mot
Merci à vous et venez aux concerts !!
Merci à Ben, Elodie (L.O communication)
Photos: Nadèje Taront.