Go to school a prouvé que , même au 21e siècle , on pouvait produire un disque ambitieux sans être pompeux. Cet album était une oraison pop digne de pet sound ou big star. Les Lemon Twigs ont la grâce androgyne des grand dandy glam, la pureté mélodique d’un Brian Wilson rivalisant avec Paul McCartney. Leur musique est une musique de joie et d’insouciance, une beauté légère et raffinée digne de l’époque où les studios étaient des temples où se construisait l’avenir de la musique.
Avec les lemon twigs , la pop redevient une lumière guidant le peuple sur le chemin d’un art exigeant mais accessible. Ils sont dans la lignée des grands bâtisseurs de mélodies somptueuses , et des compositeurs du calibre de Bowie , qui semblaient avoir emporté leur génie dans la tombe. Difficile pour un critique d’être dur avec un duo qui représente ce qu’il a toujours rêvé de défendre.
Song for the general public n’est certes pas un album concept, mais il gagne en variété ce qu’il perd en cohérence. Dès hells on the wheels , on est absorbé par cette légèreté grandiloquente, cette douceur joyeuse qui ferait sauter de joie les morts. Cette mélodie chaleureuse est une cloche céleste qui ferait sourire les vieillards les plus taciturnes , une énergie bienfaisante que l’on a plus entendue depuis la fin des grandes heures de Spark et cheap tricks. Viennent ensuite ces chœurs grandioses, petites pépites sortie du grenier des sixties.
Song for the général public est une caverne magnifique bourrée de merveilles inattendues. Parmi elles, l’harmonica ouvre moon sur une introduction folk , avant que la mélodie ne revienne doucement danser avec les spiders from mars. Ce disque est une super production pop comme on aimerait en voir plus souvent, c’est le blockbuster musical de l’année, un peu comme si Scorsese avait tenté de réaliser un film marvel.
La guitare , mélodieuse et grandiloquente , déploie ses solos célestes , élève la mélodie sans la brusquer. Le synthé tient alors le rôle que tenait le mellotron dans quelques classiques de la pop des années 60. Sur les titres les plus mélodieux, il déploie un décor lumineux, sur lequel évolue des cœurs dramatiques dignes des grandes heures du glam rock.
Hog, pour ne citer que lui, est le parfait représentant de ce procédé majestueux. Sa mélodie ressemble aux vieux manèges des films en noir et blanc, sa beauté à la patine des grand tubes du passé. Cette nostalgie sophistiquée donne à why do lover own each other des airs de perles Kinksiennes. Avec son chant doucereux et ses cœurs légers, ce titre semble s’inscrire dans la lignée des grandes heures des frères Davies.
Puis le rock reprend ses droits, et la guitare se libère sur le boogie pailleté de letter together. Clavier festif sautillant sur un rythme de fête foraine, mélodie imbibée d’une chaleur accueillante comme le cocon maternelle, rock de dandy Bolannien , song for the general public est un petit bonheur pop.
Les lemon twigs sont à notre époque ce que les Beatles étaient aux années 60, sauf qu’ils sont désormais les seuls à jouer une pop aussi ambitieuse. Alors que notre musique continue de suivre le modèle imposé dans les année 80, alors qu’une pop abrutissante se bat avec un hard parfois lourd pour conquérir les oreilles des derniers auditeurs attentifs, ne comptez pas sur moi pour attaquer les lemmon twigs.
La seule chose qui reste à espérer, c’est que leur talent ne s’étiole pas au fil des années.