Le départ vers d’autres cieux le 14 avril 2010 du fantasque et charismatique Peter Steele aura laissé un nombre incalculable de fans sur le carreau, qui n’ont sans doute pas apprécié une nouvelle facétie de celui que l’on surnommait le ‘Géant vert’.
Lâchés sur le bord de la route, Kenny Hickey et John Kelly, respectivement guitariste et batteur de Type O Negative décident de rebondir malgré le départ prématuré de leur leader.
En gestation depuis 2005, Seventh Void nous offre suite à ce malheureux évènement, leur première carte de visite avec ce ‘Heaven is Gone’ sorti en Europe au mois de novembre 2010. Ce qui ne devait être qu’un side-project est devenu du coup une priorité. Hank Bell à la basse (ex Inhuman) et Matt Brown à la guitare (ex Uranium 235) complétant à merveille le line up, le quatuor new-yorkais se met au boulot et tape fort d’entrée avec cette production qui met superbement en valeur les intentions atypiques du groupe.
Autant vous le dire, les gars sont doués et dès les premières notes, ils nous font comprendre que l’ensemble du disque s’appuiera sur des bases solides. Le son est mastoque et pesant à souhait. La complémentarité entre eux est impressionnante et l’unité au sein du groupe est palpable. L’identité musicale du combo est à la hauteur de sa réputation et chaque chanson mérite une attention toute particulière.
A mille lieux des œuvres phonographiques formatées et aseptisées, les thématiques sombres et les riffs lourds vous feront penser parfois à Black Sabbath et le chant aux intonations évoquant le Alice In Chains de ‘Dirt’ vous feront dresser les poils comme jamais. Le timbre de voix de Kenny Hickey, qui n’est pas sans nous rappeler celui de Layne Staley (décédé d’une overdose en 2002) est assez troublant. La comparaison est assez flatteuse car cette similitude arrive à nous rendre nostalgiques des années durant lesquelles Alice In Chains connaissait encore sa formation initiale. Les guitares alternent mélodies rock, touches grunge, sonorités doom et qualitativement, plusieurs moments sont déterminants. Les références sont illustres, la distorsion bien grasse et la mise en place est irréprochable.
Dans la douleur, Seventh Void accouche de dix titres puissants et soignés, fruit de la réflexion musicale de nos dignes héritiers de Type O Negative, et que ce soit au niveau des émotions qu’il dégage, de ses rythmes alternatifs ou encore de l’ambiance générale qui émane de cette galette, ‘Heaven Is Gone’ a tout pour plaire. Ici, rien de dispensable et tout transpire la sincérité. Et comme une évidente conclusion, ‘Last Walk In The Light’ ferme la marche (funèbre ?) de cet album en rendant un hommage appuyé à Peter Steele, autre fantôme invité d’honneur.
Alors que les stéréotypes semblent dicter artistiquement certains groupes désormais, il me parait important de se pencher sur ce mélange hybride. L’occasion sans doute pour certains de retrouver spirituellement un défunt et de pouvoir à nouveau échanger avec lui en musique. Comme si la mort n’était qu’une étape dans notre parcours spatio-temporel. A découvrir d’urgence ! [AJ]