On avait quitté Headcharger en 2014 avec un très probant cinquième album Black Diamond Snake, dont tous les titres étaient façonnés d’une carrosserie inoxydable, avec une approche huilée à l’américaine, et qui faisaient place aux vrombissements des cordes et aux fûts surchauffés. Superbement mis en lumière par le chant de Sébastien Pierre, le quintet semblait aussi à l’aise dans ses racines que dans son époque, et mariait les deux avec bonheur.
Les voici de retour en ce mois de mars avec ce nouvel opus intitulé Hexagram (en référence au symbole du Yin et du Yang hexagramme utilisé en Asie), qui bien qu’il ne révolutionne pas leur musique, fait déjà preuve de suffisamment de personnalité pour remplir nos attentes. L’évolution en théorie, cela peut-être profitable, mais dans les faits, c’est souvent risqué. Y compris dans la musique.
Les caennais maitrisent leur sujet, mais surtout excellent dans un style, qui finalement n’est pas aisé à définir … Même si le terme de heavy rock peut paraître juste. La mise en route dépote du feu de Dieu sous le rouleau compresseur qu’est Coming Back To Life, suivie dans la foulée par le single Dirty Like Your Memories dévoilé il y a quelques semaines. Headcharger possède des arguments musicaux importants, et la science du refrain nous emprisonne directement les neurones.
La section rythmique est diabolique de groove, et les riffs qui l’accompagnent semblent agréablement familiers, sans toutefois tourner en rond. Le groupe sort légèrement de son carcan habituel en allant lorgner vers des sonorités plus actuelles et varie son jeu en diversifiant son approche du son. Ce disque qui comporte onze pistes est parfaitement dosé, puissant, rond, et chaque instrument se taille la part du lion dans une clarté étonnante.
Son contenu, alliant puissance et mélodie, fait d’Headcharger un orfèvre en la matière, et à aucun moment ils ne baissent la garde, et continuent leur démonstration de force au point de rallier totalement l’auditeur à sa cause. Sans plus nous étaler, Hexagram est tout simplement une belle réussite. Un album aussi intelligent qu’explosif, et gageons qu’il ait encore plus de succès que son digne prédécesseur, et que ce combo retrouve rapidement la place qu’il mérite.
Décidément, le rock français sait se montrer une fois de plus à la hauteur des espérances que l’on peut placer en lui. Alors, à quand une catégorie rock/metal aux victoires de la musique, qui viendrait récompenser le travail de nos groupes locaux ? Utopie, quand tu nous tiens !