Je crois n’avoir jamais lu autant de choses sur Slipknot depuis la sortie de leur album. Enfin, autant de choses sur le groupe que sur cet album en lui-même, que de nombreux chroniqueurs auront eu à cœur d’écouter afin de faire une review correcte et qui ne remette pas en cause le fait de faire des chroniques. Non pas que notre « travail » soit objectif, et heureusement lorsqu’on doit donner un avis, mais il y a des limites …
Ce constat mis à part, il paraît pertinant de mettre en abime le contexte de création de cet album « hommage » au bassiste Paul Gray, mort en 2010, et le « départ-eviction » de leur batteur Joey Jordison, dont aucune composition ne figure sur l’album, preuve de la séparation qui a très certainement dû se faire dans la douleur.
Et de douleur, nous en avons dès l’introduction de l’album, « XIX » nous propose une mélodie qui n’est pas sans rappeler une marche funèbre, comme pour enterrer les démons qui peuvent parcourir les membres restants du groupe. Et surtout enterrer l’immense erreur qu’était « All Hope is Gone ».
Et l’on part sur les chapeaux de roue ! « Sarcastrophe » nous met tout de suite dans le bain, on retrouve une partie de ce qu’on aimait dans Slipknot, brut et sans concessions. « AOV » tend à confirmer cette impression, on retrouve cette touche de hargne dans la voix de Corey, et vient ce refrain chanté. Dès lors on va se douter de ce qui va arriver dans la suite de l’album.
Tomber sur le premier Single de l’album (dans l’ordre des morceaux) « The Devil in I », titre que j’ai aimé, autant pour son clip que pour sa composition. Quoi que l’on ai pu en dire, il me fait penser à un mix entre « Purity » et « Gently ». Un excellent titre à ambiance, que j’ai ressentie déterminée à passer à autre chose, à aller de l’avant.
Mais tout ne pouvait pas être parfait, et « Killpop » vient ternir cette impression d’un bon début d’album. Trop typé comme peut l’être un titre de Stone Stour, il apporte une certaine touche à l’album, plus mélodique, posée même. « Skeptic » inverse la tendance, étant un titre tout en saccades, que l’on aurait pu retrouver dans « Iowa » ou dans leur album éponyme.
Tout le reste de l’album est du même acabit, on navigue entre titres plus ravageurs et rentre-dedans (« Custer », « The Negative One ») et d’autres où l’ambiance a été beaucoup plus travaillée, rappelant à la fois dans le bon sens les vieux morceaux d’Iowa ou de leur éponyme (« If Rain is What You Want »), mais aussi parfois Stone Sour (« The One That Kills the Least ») … malheureusement.
Avec de très nombreuses qualités, Slipknot revient en force. Avec le recul, il y a eu trois catégories de déçus : ceux qui espéraient un retour à un son plus brut, plus bourrin de leurs débuts, ceux qui ont trouvé que cet album péchait par un manque d’inspiration : selon leurs avis ils peuvent avoir raison, et il y a les trolls : on sait tous quoi faire d’eux. J’emploierai une expression consacrée pour qualifier « The Gray Chapter » : il y a à boire et à manger dans ce CD, bons comme mauvais titres, il représente un mix qui reste décevant au vu de la carrière du groupe. Album Hommage à leur bassiste décédé, mais dispensable sur certains points. Sur ce, je retourne écouter le live « Disasterpieces ».