Le groupe de brutal death français est de retour en France au Rockstore de Montpellier à l’occasion d’Ex Tenebris Lux, l’occasion pour nous d’échanger avec leur sympathique chanteur, Julien Truchan.
Salut Julien, bon, ce fut clairement plus d’une année enfermée comme un lion en cage, comment tu te portes ?
Nous, on n’est pas les plus malheureux dans le sens où on a déjà pu reprendre les dates au mois d’août. Après effectivement, une année sans rien du tout juste à composer de nouveaux morceaux, à profiter de la musique, du cours de Pilates depuis la maison, sans tout le côté live qui pourtant est la chose principale qui nous anime, qui est notre passion. Donc, une année difficile, c’est sûr, sur un plan émotionnel pour moi. Travaillant à l’hôpital (Julien est infirmier dans un hôpital psychiatrique), je suivais l’évolution du virus de près. Le fait que les choses maintenant commencent à s’améliorer, c’est quand même pour nous une grosse source d’espoir que les tournées qu’on a mise en place pour l’année prochaine, qui sont reportées depuis longtemps, arrivent enfin et qu’on puisse encore plus en profiter et promouvoir notre nouvel album qui est déjà sorti il y a un an et demi maintenant, mais qu’on n’a pas pu promouvoir sur scène.
Comment se sont passées les retrouvailles live avec la République tchèque ?
Oui il y a trois semaines, on a fait la République Tchèque et l’Allemagne, deux dates à la suite, c’était fantastique. Le festival en Allemagne, le Deathfeast Open Air, on le connaît très bien, on y a déjà joué. On connaît aussi bien les organisateurs que pas mal de personnes du public, on s’est bien amusé. Le lendemain, on a joué pour les tchèques dans un petit festival, dans un coin un peu paumé. Et c’était blindé ! Les gens étaient complètement fous dans le pit, donc on était aux anges.
Comment as-tu vécu du coup la sortie de ce dernier album?
Eh bien, grosse frustration. Parce que déjà, j’ai attrapé le covid à la première vague quand je suis allé travailler en service covid. Donc le 10 Avril où on aurait dû jouer pour la sortie de l’album en Norvège, à la place j’étais dans mon lit avec beaucoup de température, donc beaucoup, beaucoup de frustration, bien sûr. Mais bon coup, tant pis, on relativise, on est là quand même et on attend patiemment de pouvoir en profiter à nouveau de notre passion.
Premier album avec un line up qui n’a pas bougé (touche du bois) depuis 3-4 ans … quel a été l’apport de chacun ?
Alors le gros du travail, c’est Manu, le guitariste, parce que maintenant, il compose absolument tout. En plus il l’a composé très vite avec des super morceaux. Bien sûr on a tous notre mot à dire sur l’art et la composition. Moi, par exemple, en tant que chanteur pour les structures des morceaux, j’interviens beaucoup. Et aussi vu que je suis pas musicien du tout, j’ai beaucoup d’idées qui sont anti musicales et que Manu, du coup, n’aurait pas. Donc ça se complète vachement bien et c’est pour ça qu’on arrive à pas mal de trucs. Très surprenant des fois. Après tout le monde donne leur avis sur les structures et ainsi de suite. Et Kevin se réapproprie ce que Manu fait. En préproduction et le remet à sa sauce avec son jeu à lui.
Du coup, c’est fini le temps où les musiciens se trouvaient dans les locaux, et répétaient pendant quatre heures ?
Eh bien malheureusement ça je le regrette parce que vraiment c’était la base. Benighted, c’est un groupe de copains, de fête et de répètes. Mais on va dire que le niveau technique demandé maintenant par le groupe fait que c’est très difficile de trouver des musiciens de ce niveau là autour de chez toi, et donc par conséquent, il faut s’organiser avec l’éloignement de chacun car on vit tous loin les uns des autres. Dès qu’on se regroupe c’est énormément de frais, mais on est bien d’accord, moi je suis très nostalgique de cet esprit répète qui jusqu’à carnivore sublime on a toujours composé comme ça.
Comment tu vois l’évolution musicale de Benighted entre « Benighted » et « obscene repressive » ?
Là en l’occurrence, on va essayer de renforcer encore un peu plus notre côté hardcore sur les prochains morceaux. Notre but, c’est d’écrire des chansons en fait, c’est à dire des choses. On ne veut pas que les gens écoutent notre album en se disant à la fin, moi, j’ai pris un gros bloc dans la gueule, mais je n’en ai rien retenu. Nous, notre objectif, c’est vraiment d’écrire des morceaux que les gens retiennent, avec des refrains qui sont accrocheurs, avec des parties qu’on identifie facilement, pour que les gens se disent « ah ben moi, ma préférée, c’était tel moment ! » Et ça, pour nous, c’est vraiment très important. Et justement, le public, dans l’idéal pour moi c’est qu’ils participent aussi, pendant les concerts, à gueuler les refrains avec moi et ainsi de suite.
On parle clip maintenant: Kick your eyes, votre boîte de prod, ça va? Vous les choquez plus depuis « Reptilian »? Quel est leur apport pendant les tournages ?
Oui, c’est l’équipe de Marseille qui est avec nous depuis 2000. Ils font surtout des clips avec des rappeurs, je crois qu’on est un des seuls groupes de metalleux qui bossent avec eux. Mais à chaque fois je leur dit « Oui, les gars, il faut qu’on fasse un clip un peu tard… »
Ils sont là « Allez Juju, envoyez nous les trucs dégueulasses que t’as écrit et on va essayer de trouver ce qu’on va en faire ! » Du coup je leur envoie l’histoire avec un peu de scénario et ils me disent ça on peut, ça on peut pas faire et ils rajoutent leurs idées et ça marche bien. On se marre à faire des trucs dégueulasses ensemble.
Point de vue du casting … Comment s’est fait le contact et c’est passé la collaboration avec Abdé Maziane et Cyril Van Zandijcke ?
Alors, en l’occurrence, moi, j’interviens pas du tout, c’est eux qui s’occupent du casting. Il se trouve que je le connais depuis des années (Cyril) et que j’avais même fait un guest sur un album de Eradikal Insane. Et quand il m’a contacté, « Juju, c’est moi qui vais jouer dans ton clip ! » « Ah bon? » J’ai trouvé ça génial. Abdé c’est pareil, c’est l’équipe qui l’ont contacté parce qu’on avait besoin d’un papa autoritaire, avec un physique particulier si tu veux, qui met mal à l’aise avec un physique très à part qui lui donne un charisme monstrueux. Et il a fait un boulot fantastique, il est juste parfait dans le rôle du papa violent dans le clip.
Tu nous disais dans une précédente interview que chaque concept album venait d’un mixe des pathologies que tu pouvais rencontrer dans ta carrière à l’hôpital … tu en as beaucoup encore des comme ça en stock pour des prochains albums ?
J’essaye à chaque fois d’écrire des histoires très différentes pour ne pas retomber dans les mêmes trucs. Et notamment les pathologies comme la schizophrénie ouvrent un éventail de délires absolument gigantesque. Donc, j’aurai toujours matière à trouver des histoires dégueulasses à raconter, même si on ne comprend pas tout ce que je dis dans mes chansons (rires).
Tu nous avais également parlé d’atelier de musique que tu montais avec tes patients, est ce toujours d’actualité?
Alors là, pendant le covid on n’a pas pu parce que la promiscuité dans la salle de répétition avec les patients qui chantaient tout n’était pas possible. Mais dès que les restrictions vont se lever et que la situation reviendra progressivement à la normale, je vais remettre tout ça en place. J’ai enregistré trois albums avec les patients depuis 2009. On écrit les paroles, on répète la musique ensemble et on enregistre. C’est pas un truc qu’on commercialise ils repartent chez eux avec un quelque chose qu’ils ont fait et je trouve que c’est important pour la confiance en soi, ça les rend fier et c’est une bonne chose, ils ont moins l’impression d’être le « malade » de la famille…
Une bière , une collaboration avec Hate Couture comment vous est venue cette idée ?
Alors au début je voulais pas du tout, je trouvais que ça ne collait pas du tout avec l’image de Benighted, prendre une bière lambda et y coller une étiquette du groupe pour moi ça n’avait pas de sens. Là on nous a proposé de la brasser nous même et ça correspondait mieux c’était un produit que l’on avait fait avec nos petites mains pas juste un produit commercial. Les 450L de la Guttur’ale ont été sold out en un mois. D’ailleurs on doit y retourner en Octobre pour faire un nouveau brassin. Hate Couture on avait déjà fait une collaboration dans le passé, là ils m’ont recontacté et on est reparti avec « Brutus », je me disais qu’il y avait peut être quelque chose à faire avec le Brutus et Jules César et le gamin difforme de l’album, ça lui a pris 48h, c’était absolument dégueulasse, donc parfait.
Tu as remonté un groupe avec ton ancien guitariste Gabriel Olivier « Néfates »…comment cela est venu et qu’est ce que ça t’apporte ?
Néfastes à la base c’est une idée de Liem le premier guitariste de Benighted. On s’est tous retrouvés aux funérailles de Fred le premier batteur de benighted l’année dernière et on a décidé de lui rendre hommage. Liem compose tout le temps et il avait écrit du Black Metal exutoire en rapport avec la mort de Fred. En octobre il m’a écrit pour me demander de faire le chant sur la musique qu’il avait faite et ça m’a fait plaisir je lui ai écrit les paroles et ça a commencé comme ça. Après il m’a dit « Et si on contactait Gab pour faire la basse avec nous ? ». Et du coup c’est parti de là. A la base c’était un truc entre copains mais on nous a démarché pour produire notre album donc on a fini par signer chez Source Atone Records.
Néfaste est né en Octobre 2020, l’album est sorti en Juin 2021.
Ok on fini avec des questions un peu plus légères
Est ce qu’il y a une question à laquelle tu en as marre de répondre ?
Ah oui ! « Pouvez vous expliquer ce qu’est Benighted pour les gens qui ne vous connaissent pas ? » Après plus 20 ans d’existence, qu’on te pose encore la question c’est insupportable. D’ailleurs moi je répond « non » maintenant, c’est ton job tu le feras avant ton interview.(rires)
A contrario est ce qu’il y a une question que l’on ne t’a jamais posé et que tu aimerais un jour répondre ?
Qu’on me demande de quoi ça parle mes textes, parce qu’à part Pierre qui bosse en psychiatrie, personne ne comprend. Alors quand je veux punir des gens et qu’on a plusieurs heures de route, je leur explique les textes. En général ils sont là « ah non putain c’est dégueulasse j’en peux plus.. » Et moi ça me fait marrer.
On sait que tu es un grand fan d’Alien … hormis ce film là quel sont tes 5 films incontournables, ceux que tu regarderas jusqu’à la fin de ta vie ?
-L’Exorciste
-Halloween
-Predator
-Hurlement
-Massacre à la tronçonneuse
Fini moi cette phrase : je ne l’ai jamais dit à personne mais …
Je ne l’ai jamais dit à personne mais je suis allé déjà allé à un concert d’Hélène Ségara.(rires)
Merci à Julien pour l’interview et sa bonne humeur.