A l’occasion du concert de LES 3 FROMAGES, le 30 mars dernier à Istres, Fred et Etienne ont allié leurs forces pour préparer cette interview, DRF vous livre donc le résultat de cet entretien.
DRF : Comment se passe la sortie de « Maman, j’ai raté l’album !» et ce début de tournée ?
Willy : Alors « Maman, j’ai raté l’album !», je n’ai pas encore les chiffres mais ça part très bien, il y a eu quelques ruptures déjà en France. La tournée, ce soir c’est la septième date, on en a quarante à arriver donc on se rôde tranquillement, sinon le nouveau spectacle marche très bien, on est content, il n’y a pas trop de truc à changer, mais voilà, on est pas fatigué déjà donc c’est cool, en plus on joue loin et on fait beaucoup de date en Bretagne.
Comment avez vous perçu l’engouement autour de votre campagne Ulule pour financer cet album, et pourquoi cette formule ?
Willy: On l’avait déjà sur l’ancien album : « Mature & Découverte », ça avait bien fonctionné .
Tibo : On avait demandé 8000 et on avait eu 9000.
Willy : Pour celui-là, on a demandé 10000, ce qui est vraiment le minimum pour un album, on a eu 15000 soit 150% en plus donc on est très content. Les gens étaient eux aussi contents, de notre côté, on avait réussi à mettre de l’argent de côté pour ne pas forcément demander trop aux gens, car si tu demandes trop après c’est beaucoup … pas comme certains…
Tibo : Ohhh .
Willy : Chut, on ne dira rien. Et oui le crowfunding, je trouve que c’est important pour des groupes comme nous sachant qu’on est indépendant depuis 12 ans, qu’on a un distributeur, un tourneur, un chargé de com’ et que l’on fait tout nous même. J’encourage tous les groupes à le faire.
Tibo : Ce que trouve génial, c’est que ça favorise le rapport avec son public, il y a un lien plus direct avec un temps propice à l’échange et les gens se sentent impliqués. Je suis même le premier à participer à des crowfundings de projet que j’aime, car je trouve ça, génial de pouvoir y participer d’une façon ou d’une autre.
Willy: En plus, pour un groupe humoristique comme nous, on trouve ça marrant de pouvoir faire des contreparties funs, on a réussi à faire une soirée à Rennes en contrepartie avec un karaoké, des blindtests, des dédicaces, des jeux et etc, et à l’image du groupe.
Dans chaque nouvel album, vous parlez de plus en plus de sujets d’actualité, est-ce un choix de votre part ou ça s’est fait naturellement ?
Tibo : Plutôt naturellement, en fait c’est un peu des deux, c’est venu naturellement mais on a eu l’envie de le faire, sans vouloir parler de quelque chose de sérieux car ce n’est vraiment pas le but des 3 FROMAGES. Certains voit derrière nos textes de grandes choses alors que pas du tout, le principe des 3 FROMAGES, c’est de passer un bon moment, du second degré, faire rire les gens et se vider la tête. Mais on n’a pas envie d’être trop à côté de la plaque donc ça reste quand même important de taper juste.
On sent que d’album en album, vos paroles gagnent en maturité, aura-t-on un jour le droit à de nouvelles chansons comme « Le chat de la voisine », « Le Caribou », « Que j’aime tes fesses » et tant d’autre.
Tibo : Déjà, je trouve ça cool de parler du « caribou ».
Willy : Carrément, c’est énorme, c’est des p*tain de vieux tubes. Mais le « Mature et Découverte » de 2015 était vraiment l’album de la maturité, ou on a vraiment évolué dans nos textes et musiques, « Maman, j’ai raté l’album » c’est un tome 2. Ce que j’aimerais par la suite, c’est encore un tome 3 avec des morceaux encore plus intéressants mais pourquoi pas glisser un petit clin d’œil album avec une chanson complètement débile, pourquoi pas en bonus, ça me plairait bien.
Tibo : Effectivement, pourquoi pas, comme Willy le présente mais ça va pas redevenir quelque chose de primordial.
C’est la première fois que vous êtes distribués par une entité comme WAGRAM, qu’est-ce que ça représente pour vous ? Et comment s’est passée la collaboration avec eux ?
Tibo : Tout à fait.
Willy : Il faut savoir que Wagram, nous sert qu’en distribution, ils nous servent juste à pouvoir être distribué dans toute la France.
Tibo : Ils nous aident, énormemént, merci Wagram.
Willy : (Rire)
Tibo : En fait, on a eu la chance d’avoir un contact avec un petit label qui travaille avec Wagram et c’est par lui qu’on passe, on n’est pas en contact direct avec eux. Avant, on avait un distributeur plus local et plus petit sur la scène en française. J’invite les lecteurs à imaginer mes guillemets avec les doigts, « la scène française »
Willy : C’était Coopbreizh, un distributeur breton, et on se retrouvait surtout dans les rayons celtiques, donc on s’est dit : « Bon merde. ».
Tibo : C’est surtout le nom du distributeur, qui devait faire que les magasins pensaient qu’on faisait du celtique, et là on eu la chance d’avoir une visibilité très intéressante.
Point de vue des supports, vous optez que pour le cd alors que la mode revient aux vinyles.
Willy : On est entrain de voir.
Tibo : C’est effectivement une question en cours.
Willy : En fait, on s’est dit que le visuel cartonnerait vraiment en vinyle , il est beau, l’objet l’est aussi, c’est quelque chose qu’on va faire, je pense.
Tibo : Autant c’est vrai que c’est la mode, par contre on a assez peu de demandes, ça arrive rarement qu’on nous dise : » c’est dommage, vous ne l’avez pas en vinyle. ». Ce qu’il faut penser aussi avec le vinyle, c’est son coût de fabrication très élevé, et c’est un vrai budget en plus, pendant la période de sortie de l’album.
Willy : Financièrement, pour l’instant, on ne peut pas se le permettre.
Tibo : Malgré toutes les aides qu’on a eu.
Comment définiriez-vous le Rock’n’drôle ?
Tibo : Marrant !
Willy : Pour nous, le rock’n’drôle, c’est du rock avec de l’humour chanté en français.
Tibo : On a des influences qui sont très pop, punk and rock californien.
Willy : Comme Tibo disait du punk/rock californien à la Green Day, Sum 41, The Offspring et tout ce qui est côté humour, on adore vraiment les duos et groupes humoristes comme Kad et Olivier, les Nuls et les Inconnus, donc tout ça se reflète dans nos textes.
Tibo : On est aussi déjà très influencé par la scène rock/comique qui est déjà en place, les Fatals Picards, les Wampas, Elmer Food Beat et même Ultra Vomit, qui sont des copains.
Cet album est bien plus parodique que ses prédécesseurs avec des parodies de Depeche Mode, Maitre Gims, Fauve, je dirais même Mass Hysteria sur « Escuala Mi Amor » et je suis persuadé qu’il y en a d’autres que je n’ai pas trouvé… donc pourquoi ces parodies ? Certaines sont des hommages ?
Tibo : Ceux sont toutes des hommages en fait, ça a l’air complètement absurde dit comme ça parce qu’on brasse effectivement très large car on passe de Depeche Mode à Maitre Gims par exemple ou encore à Green Day que tu n’as pas trouvé. Et c’est vrai que dans un groupe comme le nôtre, qui est très humoristique et très parodique, on va sur des choses relativement faciles, Maitre Gims ou Fauve, je mets facile entre guillemets, ça a été beaucoup de boulot de le faire. Mais ça reste quelque chose de propice à la parodie. Fauve, je suis fan avec Eric, on a été les voir en concert il y a deux-trois ans à Rennes, c’était génial, j’ai vraiment adoré, j’aime vraiment ce groupe.
Willy : Et nous ce qu’on aime, c’est que le fait de faire des parodies nous sort de notre zone de confort.
Tibo : Surtout que là, c’est Maitre Gims : « Cameleon » !
Willy : Merde, ça tu le mettras pas ?!
(Rire)
Comment êtes-vous venus à travailler avec Wizo et Tagada Jones ?
Willy : En fait, Wizo, c’est venu comme ça, je ne connaissais pas avant, et donc Axel (le chanteur) a vu notre chaîne YouTube, et le groupe cherchait des premières parties françaises pour la tournée de leur dernier album. Ils sont tombés sur nous et ont aimé, et donc nous ont proposé une tournée de douze dates.
Tibo : Alors Wizo est un groupe très engagé politiquement avec une légèreté dans leurs textes et beaucoup d’humour, ils ont compris que nous aussi on était dans le comique vu qu’il parle un peu le français, musicalement ça leur a plu, et ils nous ont proposé de venir tournée avec eux. On s’est dit Wizo, très bien, on ne sait pas qui ils sont, puis on a regardé sur le net et là, on était sur le cul , en Allemagne c’est des légendes.
Willy : On pourrait les comparer au Téléphone en France mais en Allemagne. En France c’est pas très connus, mais en Allemagne ce sont des salles de 800 à 2000 personnes tous les soirs et complets tous les soirs. Puis on est renté en France, pour « Maman, j’ai raté l’album! », on a mis une reprise de « Ça plane pour moi » et on a invité Alex en studio, on a fait un clip et il venu ; et de fil en aiguille, vu que Nico (Tagada Jones/Rage Tour), il a un studio d’enregistrement, on a fait ça là-bas, il était là et il a décidé de faire les chœurs avec nous et en plus c’est un pote donc ça s’est fait naturellement.
Tibo : Comment tu te la joues!
On sait tous que vous avez raté la sortie de votre album comme vous l’avez déjà expliqué, mais pourquoi avez-vous raté votre album ? Car faut avouer ce qui est, il est excellent !
Tibo : On n’a pas raté l’album, c’est encore dans un aspect de parodie. On avait plusieurs idées, des choses plus ou moins avancées pour l’univers visuel de l’album, et ce qui nous plaisait le plus, c’était de partir sur un film en tout cas une parodie de celui-ci. C’est vrai qu’on aime bien apparaître sur les visuels, alors on a cherché des affiches de films, ou il y a trois personnes, on en a trouvé plusieurs comme « Le Bon, La Brute, et Le Truand », « Les Affranchis », « Django », en tout cas il y en avait pas mal. Et je me rappelle, je suis arrivé chez Willy, je lui ai dit que j’avais trouvé plusieurs trucs comme « Maman, j’ai raté l’avion! », et là il me dit : « Maman, j’ai raté l’album! ».
Willy : Bingo ! On garde, après ça n’a pas plu à notre chargé de com’ qui nous a dit, » Bon les gars, okay, c’est marrant, mais ça va être dur de vendre ça. ».
Tibo : On a déjà un nom pourrave, Les 3 Fromages qui est dur à vendre parfois donc « Maman, j’ai raté l’album! », ça n’aide pas.
(Rire)
Willy : Mais je suis vraiment content, en plus on a fait de supers photos pour l’album.
Tibo : J’adore, vraiment très très content.
Que représente, aujourd’hui pour vous, Les 3 Fromages ?
Willy : Notre travail, au bout de douze ans de groupe, on arrive enfin à en vivre.
Tibo : Pas encore exactement, mais dans quelques mois, on sera littéralement intermittent du spectacle et c’est à 90% avec Les 3 Fromages que ça le sera. Et au-delà de ça, après plusieurs années à gérer un groupe on se rend compte de tout ce que cela implique et c’est un vrai boulot, tu peux te faire de grosses journées. Mais ce n’est pas juste que ça, c’est une très belle bande de potes.
Willy : Une très belle aventure.
Tibo : Franchement, on s’engeule quasiment jamais.
Albatross, Sons of O’flaherty, le Willstock, comment se passe l’organisation de votre temps avec vos autres projets ?
Willy : Avec Les 3 Fromages, on est en tournée en ce moment donc les autres projets sont un peu en stand-by, on va laisser la priorité aux 3 Fromages.
Tibo : Moi, je chante dans les Sons of O’flaherty, l’année dernière, on n’a pas tourné avec Les 3 Fromages, j’ai eu un an pour m’occuper du groupe donc on y est allé à fond ; Eric avec Albatross, c’est pareil. Et les copains du groupe savent comment ça se passe, on ne peut pas vraiment faire de concerts donc on prends le temps de répéter, d’écrire, on pense à un nouvel album, le premier est sorti l’été dernier avec les Sons of O’flaherty. Ne pas faire de concerts avec le groupe, ça ne veut pas dire qu’on est off, il y a encore pleins de choses qu’on peut faire à côté.
Willy : Et le Willstock, c’est un festival tout les ans pour mon anniversaire, et c’est une grosse fiesta à Rennes. C’est les dix ans donc je suis content.
Tibo : C’est n’importe quoi, j’adore cette soirée.
Quelle est la question dont vous en avez marre qu’on vous pose tout le temps ?
Willy : Il y en a deux.
Tibo : Il y a « Pourquoi Les 3 Fromages ? » , moi j’ai envie de répondre « Et toi, pourquoi tu t’appelles François ? ».
Willy : Et la deuxième c’est « Quel est votre fromage préféré ? ».
Tibo : C’est plutôt « Alors, Les 3 Fromages, c’est qui la mimolette ? ».
(Rire)
Willy : C’est la meilleure celle là. Tout ce qui est par rapport aux fromages c’est fini.
Quelle est la question que vous aurez aimé que je vous pose ?
Willy : Moi, j’en ai une » est ce que tu voudrais un billet de 50 ? »
(Rire)
Si on repartais dans le passé, et que vous me disiez quel est votre premier souvenir sonore ?
Willy : Les prouts de mon père quand j’étais gosse, je crois que c’est ça qui m’a le plus choqué.
Tibo : Mon père il pète jamais.
Willy : Ah oui ? le mien c’était des grosses caisses.
Tibo : Jamais. J’ai un souvenir qui est musical qui est vraiment très vieux, mais impossible de refaire la mélodie. Quand j’avais quelques années, j’avais énormément de peluche, j’adorais en avoir dans mon lit. Et j’en avais une qui faisait de la musique, et je m’endormais vers onze heures/minuit car je passais mon temps à appuyer sur la patte de la peluche pour qu’elle lance la musique et j’écoutais ça en boucle. Musicalement, c’est un de mes souvenirs les plus marquants.
Je vous remercie beaucoup pour le temps accordé, et je vous laisse le dernier mot de la fin.
Tibo & Willy : Merci à toi !
Willy : Tibo, tu veux dire le dernier mot de la fin ?
Tibo : Merde.
Je remercie mon collègue Frederic pour cette interview en collaboration, et Les 3 Fromages pour le temps qu’ils ont accordé au DRF et pour leur « Amour de la musique », et Merci à Pierre Fosco ( l’Usine).
site web : http://les3fromages.com/