Le retour de Nostromo est parti d’une simple photo diffusée sur Facebook. J’ai cru comprendre que le diffuseur était votre ancien manager. N’avait il pas une petite idée dernière la tête?
Javier : Alors, ce n’est pas lui qui la publiée, c’est moi. Je ne pensais pas que ça allait prendre cette ampleur là. J‘avais juste remis du contenu sur le Facebook, quelques semaines avant, parce que j’avais récupéré le nom. Et puis j’avais déjà mis différentes sorties. Deux ou trois infos parce qu’il était vide. Puis j’ai posté ça, genre cool.
Jérôme : Et j’étais là, avec ma gueule de beau gosse, forcément ça a pesé sur l’impact. En gros, c’est grâce à moi (Mdr).
Pour vous avoir suivi les uns et les autres, dans vos différents projets (Javier : Elizabeth, Jérôme : Mumakil, Maik : Ostap Bender et Lad : DJ/producteur), à aucun moment il n’avait été question de remettre le couvert avec Nostromo?
Javier : On s’était juste revus pour un projet acoustique. On n’avait pas encore branché les grattes. Aucun essai en électrique. Et quand on a posté ça, ça a eu l’effet de la bombe qu’on a vu. A partir de là, on a re-branché pour voir si on arrivait à se remettre à niveau et comment on arrivait à jouer.
Et puis se faire contacter et par le Hellfest et par le Download Festival, qui sont les deux plus gros festivals metal en France…
Jérôme : Et par Gojira…
Ca doit motiver?
Javier : ça a été une claque monumentale.
Jérôme : Je pense qu’à ce moment-là, on s’est rendu compte que l’on a eu un impact auquel on ne s’attendait pas du tout. On n’y pensait pas à l’époque. On pensait être un petit groupe, dans une cave, qui répète et qui fait des concerts. Mais là, tous les gens qui viennent nous voir maintenant, avec la deuxième génération, les gosses qui portent nos t-shirts… Là tu te rends compte qu’il y a un truc assez barge qui s’est passé à l’époque.
Javier : Ouais, ça s’est transmis. Ça a poursuivi. J’avais eu des échos sur les dates que je faisais avec Elizabeth mais pas à ce niveau d’impact là. Comme dit Jérôme, maintenant que ces gars là reviennent et amènent une nouvelle génération, c’est juste hallucinant.
Le retour en vieux schnocks… (rires). Que ressentez vous en constatant que vos morceaux plaisent toujours?
Jérôme : Les gens s’éclatent sur des trucs de vieux schnocks, à fond ! On n’a jamais été des précurseurs de quoi que ce soit. Nous avons suivi nos influences. Et puis, on les a transformé à notre manière. On a juste eu la chance de faire quelque chose qui plaisait aux gens. Surtout grâce à moi. Les autres, c’est des merdes. (rires). Ils ont juste eu la chance d’avoir un génie qui joue avec eux…
Comment avez-vous réussi à gérer autant de dates en si peu de temps ? La photo a été publiée en septembre 2016 et déjà des dates en janvier 2017.
Javier : Oui, c’était parti en janvier 2017. On avait des dates avec Gojira. Donc ça a été : répètes, répètes, répètes. Maik s’est remis derrière les fûts, a re-bossé les morceaux de son côté, d’autant qu’il n’avait pas joué comme ça depuis l’époque. Il a bossé comme un malade. Nous, on a bossé aussi. On a retrouvé les riffs, retrouvé tous les textes et puis fait tourner, tourner, tourner les morceaux. Comme on a fait à l’époque. Il n’y a pas de secret.
Jérôme : Quand tu as la bande à Gojira qui t’appelle, le Hellfest, le Download… T’as un peu ton égo qui travaille. T’as pas tellement envie de passer à côté. Donc, tu te sors les pouces (expression typiquement genevoise) et puis tu y vas. C’est juste du boulot et des heures et des heures que tu passes dessus. Mais, c’est comme le vélo. A l’époque, on les a tellement tournés ces morceaux, des centaines de fois, qu’ils sont forcément restés collés quelque part dans le cortex. C’est pas comme si on devait les ré-apprendre.
Comment êtes-vous perçus par la nouvelle génération avec qui vous partagez l’affiche aujourd’hui ?
Javier : La plupart des groupes se souviennent de nous ou connaissent notre nom ou écoutaient, plus ou moins attentivement, ce que l’on fait. Ça aussi c’est hallucinant.
D’aucuns, dans votre situation, auraient chopé un melon d’enfer. Comment faites-vous pour garder une telle humilité?
Javier : Il y a un truc tout simple, tu connais la situation musicale en Suisse. Tu fais ça pour le plaisir. A partir du moment où tu reviens toujours à tes bases, à tes sources, avec les potes avec qui tu traînes, si tu chopes le melon et que tu deviens un gros con : tu ne joues plus et tu te fais jeter. Je trouve ça ridicule chez les autres. J’essaie d’avoir le recul nécessaire, et j’ose espérer l’avoir, pour ne pas être ridicule. On touche un public très ciblé. On ne se retourne pas dans la rue quand on nous voit. Il y a bien quelques personnes, de notre milieu, qui pourraient nous reconnaître. Mais il n’ y a pas de quoi avoir la grosse tête.
Jérôme : On a vraiment beaucoup de chance.
L’impact du votre retour va forcément avoir un impact sur vos nouvelles compos, j’imagine ? Vous allez sûrement être davantage attendus ?
Jérôme : On n’a même pas besoin de l’influence de qui que ce soit pour se le dire. A chaque fois que tu fais un nouveau truc, tu aimerais qu’il soit mieux que celui d’avant. C’est pour tout le monde pareil. Il se trouve que les nouveaux morceaux ont un côté moins intello. Je ressens, aussi, moins le besoin de mettre des blast-beats de partout. J’ai eu ma dose avec Mumakil. Faire des choses un peu plus groovy.
Javier : Moins complexes techniquement. On est en train de sortir de ça même si ça reste des patterns de tordu… Parce que Jérôme !!! (rires) On essaye quand même d’être, pas plus direct, mais plus moustache.
Pourquoi avoir arrêté Nostromo à l’époque et comment se sont passées vos retrouvailles ?
Javier : Je pense que c’étaient simplement des objectifs et des points de vue différents sur ce qu’on voulait faire de ce groupe, artistiquement et humainement. Sur les dernières années, on a beaucoup tourné, les uns sur les autres, dans notre truc, à avancer. Certains avaient d’autres idées qui ne collaient pas forcément et puis voilà… Au bout de dix ans, les non-dits, les frustrations, ça monte, ça monte et finalement, tu as meilleur temps de stopper plutôt que de te prendre vraiment la tête.
Jérôme : c’est comme un vieux couple mais à quatre dans un petit van. Au bout d’un moment, ça fouette un peu…
Javier : Sinon, on a toujours été plus ou moins en contact indirect. On ne s’était pas forcément revus tous les quatre, ensemble, avant la proposition de Maik pour l’acoustique. Je croisais Maik et Jéjé de temps en temps. Je travaille avec Lad. On avait des infos sur les uns et les autres.
Jérôme : Le temps passant, ça nous a évité d’avoir à se dire des trucs chiants. C’était acquis. On n’a plus vingt piges. Ça passe plus facilement.
Peut-on espérer un nouvel album, ou est-ce encore trop tôt pour en parler?
Javier : C’est encore trop tôt pour en parler, mais on aimerait bien. On va essayer d’amener d’autres formats, dans un premier temps, plutôt qu’un album. Parce qu’un album, pour nous, c’est un gros morceau. D’ailleurs, il y a un boitier double cassette qui va sortir avec nos amis de Ashes Cult, label de Genève, qui ne produit que de la cassette et dont les bénéfices sont reversés pour le Népal. Le coffret est prêt. Il va bientôt être annoncé. Il reprend nos trois albums et l’EP « Eyesore ».
Jérôme : Il faut juste qu’on se pose. On n’a pas vraiment eu le temps de s’y mettre. On a un ou deux morceaux dans la boîte. Un troisième et un quatrième qui commencent à être dedans.
Javier : Tout s’est enchaîné super vite. Après les dates avec Gojira, on a bossé sur quelques dates en France. Ensuite, on a enchaîné sur les festivals. Maintenant on part sur les routes pour une vingtaine de dates jusqu’en janvier. A partir de là, on va pouvoir se poser vraiment. Il a fallu aussi re-bosser sur le back-catalogue parce qu’on n’avait plus rien. Lad a tout remasterisé.
Jérôme : Et comme on prend vraiment le temps pour faire les choses, ça va sûrement prendre quelques mois.
Et concernant vos projets parallèles?
Jérôme : Pour Mumakil, on a une vingtaine de morceaux maquettés, mais pour l’instant stand by.
Javier : Elizabeth, aussi. Ces projets là, qui étaient les projets principaux à l’époque, sont passés en stand by. On verra comment ça évolue.