DRF : Avez-vous enregistré « Dissociation » en sachant que vous alliez vous séparer ? C’était un chant du cygne ?
Ben Weinman : Oui, à peu près arrivé au milieu de l’enregistrement de l’album, j’ai réalisé que ce serait le dernier pour nous. C’est peut-être le chant du cygne pour Dillinger, mais pas pour nos carrières de musiciens. Je continuerai à faire de la musique et à tourner avec d’autres groupes dans le futur.
DRF : Cet album est plus « prog » et moins explosif que vos albums précédents.
Ben Weinman : On a très certainement fait plaisir à nos fans de prog seventies sur « Low Feels Blvd », mais d’une certaine manière, je trouve que cet album est plus explosif que les autres. On a réussi à capturer une certaine rage, une frustration grondante, sans oublier que la batterie sonne beaucoup plus claire.
DRF : Avec toutes ces années de carrière, comment vois-tu « Dissociation » ?
Ben Weinman : Ma technique de jeu est plus rapide, ma main a gagné en dextérité ! Il y a aussi beaucoup plus d’improvisations et de constructions sur cet album.
DRF : Vous n’avez fait qu’une petite poignée d’albums en vingt ans de carrière, et êtes pourtant considérés comme l’un des groupes les plus iconiques de la scène metal. Comment vois-tu cela?
Ben Weinman : C’est le genre de truc que je n’arrive pas à réaliser, car je suis beaucoup trop occupé à faire mille trucs pour y penser. Je veux juste jouer le mieux que je peux pour les concerts qu’il me reste, et ensuite j’y réfléchirai !
DRF : Vos concerts sont un véritable tour de force, d’où vous vient cette énergie inébranlable?
Ben Weinman : C’est une excellente question, je me la pose souvent aussi. Je pense que ça a un rapport avec la mémoire musculaire, où tes muscles se souviennent de tes efforts passés très rapidement et se remettent vite d’aplomb, même après une longue pause. Une fois on a fait trois concerts consécutifs dans trois pays différents sans dormir.
DRF : Et du coup cette ultime tournée sera la plus fatigante ?
Ben Weinman: En fait, le groupe a toujours joué chaque concert comme si c’était son dernier. Et de cette manière-là, absolument rien ne va changer en ce qui concerne notre implication ou même notre fatigue !
DRF : Vous avez eu des invités de choix sur votre tournée américaine : qui amèneriez-vous en Europe pour tourner avec vous?
Ben Weinman: Les mêmes que la tournée américaine ! Cult Leader et O’brother sont mes découvertes préférées, mais je ne crois pas que cela jouera pour tout le monde, à cause des conflits d’agenda…
DRF : Avec du recul, tu es fier de ce que tu as réalisé?
Ben Weinman : Bien sûr! Au delà de tout ce que j’ai fait, je suis incroyablement fier de cet album. Il coche toutes les cases que je voulais cocher : composition des morceaux, production, qualité des titres en live, je suis très fier de tirer ma révérence après « Dissociation ». Beaucoup de groupes se séparent après des conflits, mais pour nous, nous avons juste décidé de mettre une fin à ce projet car nous avons réalisé tout ce que nous voulions. C’est juste un clap de fin.
DRF : Beaucoup de groupes disent se séparer, puis se reforment juste pour une date et finissent par se remettre ensemble… Ce sera votre cas?
Ben Weinman : Non ! C’est fini-fini ! Par contre je ne pense pas que l’on dirait non à des concerts exceptionnels en festival par exemple. Mais cette tournée est pour sûr notre dernière.
DRF : Un jour, tu auras peut-être des enfants, ou petits-enfants… Comment leur raconteras-tu l’aventure Dillinger ?
Ben Weinman: En fait je crois plutôt que j’aurai un perroquet qui me répondra « junt junt' » à chaque fois que je lui dirai « radadada » !